Une nouvelle fois, la préfecture de Côte-d’Or a mobilisé en nombre policiers, gendarmes, policiers municipaux et agents de Divia pour mener une vaste opération de contrôle dans les transports en commun dijonnais ce lundi 17 novembre 2025. Une mise en scène sécuritaire impressionnante… mais qui ressemble de plus en plus à une opération de communication plutôt qu’à une véritable réponse aux problèmes du quotidien.
Car lorsque l’on convoque la presse en masse, lorsque l’on déploie plusieurs dizaines d’agents sur quelques heures, ce n’est plus seulement du maintien de l’ordre : c’est un message que l’on veut faire passer.
303 opérations, mais des problèmes qui explosent
Selon la préfecture, 303 opérations de contrôle ont déjà été menées en 2025, dont 93 avec Keolis Dijon Mobilité. Sur le papier, le rythme est soutenu : « plus d’une opération par jour », assure la directrice de cabinet du préfet, Aurélie Contrecivile.
Pourtant, dans le vécu quotidien des habitants, les incivilités persistent, le sentiment d’insécurité demeure et le trafic de drogue continue d’exploser dans plusieurs quartiers. Le contraste entre les chiffres annoncés et la réalité vécue est frappant.
Un déploiement massif… pour des résultats limités
Ce lundi 17 novembre, pendant trois heures, ce sont :
- 20 policiers,
- une dizaine de gendarmes,
- 28 agents de Divia,
- deux équipes cynophiles,
qui ont été mobilisés sur trois arrêts de tram.
Bilan officiel :
- 75 amendes pour absence de titre de transport,
- 4 amendes pour détention de stupéfiants,
- quelques procédures pour possession d’héroïne ou de cannabis,
- 3 armes de catégorie D,
- 1 personne recherchée interpellée.
Une action certes utile sur l’instant, mais loin de bouleverser les trafics structurés ou les problèmes d’insécurité quotidienne. En réalité, ce type d’opération frappe les fraudeurs occasionnels, le consommateur isolé, l’usager distrait… mais n’a aucun impact durable sur les réseaux criminels qui gangrènent le territoire.
Un « continuum de sécurité » plus théorique que réel
La préfecture insiste sur la visibilité : « C’est très important qu’on voit la police en uniforme dans les trams », affirme le commissaire Antoine Rémond. L’objectif affiché est de rassurer.
Mais beaucoup d’usagers constatent qu’en dehors de ces opérations médiatisées, les transports restent livrés à eux-mêmes : tensions fréquentes dans les rames, agressions, nuisances sonores, incivilités, consommation de stupéfiants, harcèlement, présence de dealers autour de nombreux arrêts…
L’absence d’une police métropolitaine des transports
Alors que l’idée d’une police dédiée circule depuis des années, rien n’avance. On lui préfère ces opérations ponctuelles, spectaculaires… et éminemment photogéniques. Pendant ce temps, les contrôleurs et conducteurs restent souvent seuls face à des situations difficiles.
Une communication qui ne résout rien
La multiplication de ce type de dispositifs montre surtout une volonté de montrer que « quelque chose est fait ». Mais en matière de sécurité du quotidien, l’illusion d’action ne suffit pas.
Les opérations coup-de-poing, aussi médiatisées soient-elles, ne remplacent ni la présence continue sur le terrain, ni la lutte structurelle contre les trafics, ni les réponses aux incivilités qui pourrissent la vie des usagers. En somme, cette opération restera surtout… un bon moment pour les caméras.
