Hier, à l’Hôtel de la Métropole, tous les regards étaient tournés vers la table où trois signatures sont venues sceller un partenariat promis à une ampleur décisive. Dijon métropole, le NARO – pilier japonais de la recherche en agriculture et en alimentation – et Vitagora, l’un des pôles agroalimentaires les plus influents d’Europe, ont officialisé un protocole d’entente venant renforcer une coopération déjà solidement ancrée dans le temps.
Derrière cette signature se dessine un objectif clair : unir les forces scientifiques, technologiques et industrielles de deux pays qui, depuis plus d’une décennie, partagent une ambition commune autour de l’alimentation durable, de la fermentation et de la nutrition-santé.
Une alliance stratégique dans un contexte mondial en mutation
Les enjeux alimentaires globaux ne cessent de croître : hausse démographique, vieillissement de la population, évolution des pratiques alimentaires, impacts climatiques sur l’agriculture, attentes renforcées autour de la qualité nutritionnelle… Face à ces défis, le rapprochement franco-japonais prend tout son sens.
Le NARO (National Agriculture and Food Research Organization) s’impose comme la référence japonaise en matière de recherche agricole et alimentaire, couvrant des domaines aussi variés que l’intelligence artificielle appliquée aux cultures, les nouveaux procédés de fermentation ou encore la sécurité alimentaire. De son côté, Dijon métropole se positionne comme un territoire pionnier français en matière de transition alimentaire, avec des programmes structurants tels que ProDij. et le projet TIGA « Alimentation durable ».
Entre les deux, Vitagora joue depuis plus de vingt ans le rôle de catalyseur, fédérant plus de 680 entreprises, laboratoires académiques et startups, en France et à l’international. Le pôle, très implanté au Japon, a créé au fil des années une passerelle solide entre les écosystèmes d’innovation des deux pays.
Des axes de travail ambitieux, au croisement innovation–santé–écologie
Le protocole signé ce 20 novembre 2025 dessine une feuille de route qui s’articule autour de priorités clairement identifiées :
L’alimentation au service du bien-être
Les partenaires entendent mobiliser entreprises, chercheurs et institutions autour d’un objectif majeur : améliorer la santé des populations par une alimentation plus adaptée aux besoins spécifiques des différentes tranches d’âge — notamment les enfants et les seniors.
La fermentation, moteur de l’innovation durable
La fermentation constitue un thème central de ce partenariat. À la croisée de la gastronomie, de la santé et de la biotechnologie, elle ouvre la voie à des aliments plus riches en nutriments, moins polluants à produire et offrant une plus grande diversité sensorielle. Le Japon, riche d’une tradition millénaire autour du miso, du koji ou du natto, rencontre ici l’expertise française en microbiologie, en R&D agroalimentaire et en fermentation industrielle.
Des échanges économiques et technologiques renforcés
Les deux territoires entendent favoriser les collaborations entre entreprises, notamment dans l’agroalimentaire, les biotechnologies, la robotique agricole ou encore les produits fermentés. L’objectif : créer de nouvelles opportunités de marché, stimuler l’innovation et accroître l’attractivité internationale de chacun.
La coopération académique en toile de fond
L’accord prévoit l’intensification des échanges entre universités et instituts de recherche. Stages, programmes conjoints, laboratoires partagés et projets collaboratifs devraient se multiplier. Une dynamique déjà amorcée notamment avec les symposiums co-organisés par les trois institutions.
Un bilan déjà riche : dix ans de rapprochement scientifique et industriel
La signature de ce protocole est loin d’être un point de départ : elle vient consolider une relation initiée il y a plus d’une décennie.
Depuis 2013, Dijon métropole, Vitagora et le NARO bâtissent un partenariat structuré, fondé sur des rencontres régulières, des projets de recherches partagés et des échanges économiques. En 2020, l’intégration du NARO comme membre académique de Vitagora a marqué un tournant, ouvrant la voie à des collaborations plus étroites avec les entreprises françaises du réseau.
Les symposiums franco-japonais organisés à Dijon et à Kumamoto ont permis de structurer des communautés d’experts autour de la fermentation, des microorganismes du sol et de la nutrition. Le dernier symposium, consacré à l’alimentation des enfants et des seniors, a bénéficié d’une forte participation et d’une reconnaissance scientifique internationale.
Une ambition portée au plus haut niveau
Les trois signataires ont partagé leur vision d’un partenariat qui s’inscrit dans le temps long.
Pour François Rebsamen, président de Dijon métropole, cet accord « Avec ce nouvel accord, nous franchissons une étape supplémentaire dans la construction d’un pont durable entre Dijon et le Japon. Depuis plus de dix ans, nous partageons une ambition commune : faire de nos territoires des références internationales en matière d’alimentation saine, durable et innovante. Ce partenariat permettra d’accélérer la mise en œuvre d’actions concrètes, fondées sur l’excellence scientifique, la richesse de nos filières agroalimentaires et la force de nos coopérations. Dijon métropole est fière d’être au cœur de cette dynamique internationale, au service des habitants, de nos entreprises et de la transition alimentaire ». Il y voit un levier d’excellence fondé sur des filières agroalimentaires fortes et une coopération internationale structurante.
Le Dr Kazuo Kyuma, président du NARO, insiste sur la complémentarité des expertises entre les deux pays « Fort de ses capacités scientifiques et technologiques dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation, le NARO est heureux de renforcer sa coopération avec Dijon métropole et Vitagora. Ce partenariat permettra de mobiliser nos expertises complémentaires pour faire progresser la recherche et l’innovation au service d’une alimentation durable et de qualité, en France comme au Japon. ».
Quant à Oisin Morrin, président de Vitagora, il rappelle que la fermentation constitue aujourd’hui « une arme incontournable pour relever les défis de la transition alimentaire », et que cette collaboration renforce la place du pôle dans la diplomatie agroalimentaire internationale.
Dijon–Kumamoto : une coopération qui s’affirme
Le partenariat s’inscrit également dans une relation institutionnelle plus large. Depuis 2023, Dijon métropole et le département de Kumamoto ont noué une coopération officielle centrée sur la gastronomie, la durabilité et la fermentation. Trois séminaires de travail ont déjà été organisés, et de nouvelles actions sont prévues pour 2026.
Cette dimension territoriale confère au partenariat une assise politique forte, en plus de ses enjeux scientifiques et économiques.
Perspectives : vers un écosystème franco-japonais de référence mondiale
À l’heure où les modèles alimentaires connaissent de profondes mutations, le partenariat entre Dijon métropole, le NARO et Vitagora ouvre la voie à un véritable écosystème franco-japonais de référence mondiale. Ensemble, les trois partenaires entendent stimuler l’innovation à travers le développement de nouveaux aliments fermentés, l’optimisation des procédés industriels et la création de solutions nutritionnelles adaptées aux publics les plus vulnérables.
Ils ambitionnent également de diffuser largement les technologies d’agriculture intelligente, tout en accompagnant la montée en compétence des entreprises des deux pays. À terme, cette coopération vise à devenir un modèle international de transition alimentaire, alliant excellence scientifique, traditions gastronomiques, innovation technologique et durabilité.
