Les Jeunes Agriculteurs (JA) de Bourgogne–Franche-Comté haussent le ton. Dans une lettre ouverte adressée au président du Conseil régional, Jérôme Durain, et au vice-président chargé de l’Agriculture, Stéphane Morel, le syndicat régional affirme « ne plus attendre » et dénonce une situation devenue « intenable » pour de nombreux jeunes exploitants.
Depuis plusieurs mois, les JA disent multiplier les échanges avec la Région, sans obtenir de réponses concrètes. Ils évoquent des « promesses vagues », des « délais qui s’allongent » et des engagements « qui n’aboutissent jamais ». Face à ce qu’ils décrivent comme une inertie administrative, ils exigent des décisions « claires et immédiates » avant le 5 décembre 2025, faute de quoi une mobilisation massive sera déclenchée lors de la session plénière du 11 décembre.
Paiements bloqués : une “situation explosive” selon les JA
Premier point de tension : les retards dans le versement des aides à l’investissement. Les JA rappellent que l’ancienne présidente de Région, Marie-Guite Dufay, s’était engagée publiquement à ce que les paiements soient effectués début janvier 2026. Or, selon eux, la nouvelle majorité invoque désormais des difficultés techniques et des lenteurs d’instruction.
Le syndicat exige que les premiers versements soient effectués au plus tard le 12 janvier 2026. « Plus aucun retard ne sera toléré », préviennent-ils, en soulignant que certains exploitants attendent depuis deux ou trois ans. Ils alertent sur l’impact moral et économique de ces délais sur les jeunes agriculteurs.
Des dossiers “suffocants” : 20 installations en suspens dans le Doubs
Les JA pointent également le cas d’une vingtaine de jeunes agriculteurs, principalement dans le Doubs, dont les dossiers d’aide sont en attente, sans réponse claire. Ils demandent une sécurisation immédiate, la garantie d’un paiement et l’assurance que cette situation ne se reproduira pas ailleurs.
Déchéances de DJA : un manque d’accompagnement dénoncé
Autre sujet de préoccupation : les déchéances de la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA). Les JA estiment que certains jeunes ne sont pas correctement informés sur les risques de perte de cette aide cruciale.
Le syndicat réclame :
- un dispositif d’alerte obligatoire pour tout dossier à risque,
- une information systématique des structures d’accompagnement avant examen,
- des décisions « humaines et proportionnées ».
Selon eux, il est « moralement insupportable » qu’un jeune découvre sa déchéance seul dans sa boîte aux lettres, dans un contexte de mal-être agricole grandissant.
Des procédures trop rigides ? Les JA dénoncent un changement de doctrine
La lettre déplore également une rigidification des pratiques administratives. « Avant, il existait une souplesse », écrivent les JA. Aujourd’hui, selon eux, « le moindre doute » suffit à bloquer un dossier pendant des mois.
Ils réclament un retour à une politique « raisonnable », un traitement homogène entre les agents et la fin de ce qu’ils considèrent comme un excès de prudence systématiquement défavorable aux jeunes exploitants.
Pré-installations : des projets bloqués faute de clarification
Le syndicat évoque aussi le cas de jeunes ayant exploité une parcelle avant leur installation, devenus de ce fait inéligibles à certaines aides. Ils affirment que la Région avait promis de travailler sur ce dossier, mais qu’aucun avancement concret n’a été communiqué.
Ils demandent :
- la réouverture du dossier pré-installation,
- une solution durable pour les jeunes concernés.
“La situation est toxique” : un appel ferme avant une possible mobilisation
Dans leur lettre, les JA estiment que des projets sont abandonnés, que les équipes locales sont « usées » et que des conseillers ne savent plus quoi dire face à des procédures jugées incompréhensibles. Certains jeunes refuseraient même de redéposer des demandes.
Le syndicat appelle à une « méthode simple, homogène, transparente » pour sortir de ce qu’il qualifie de « chaos administratif ».
Les représentants départementaux des huit départements de la région cosignent cette lettre ouverte et préviennent : « Le temps des excuses est terminé. Le temps des actes commence maintenant. »
