Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2025, la maison d’arrêt de Dijon a été le théâtre d’une double évasion spectaculaire, provoquant une onde de choc au sein de l’administration pénitentiaire et relançant les critiques syndicales sur les conditions de sécurité au sein de l’établissement. Selon un communiqué diffusé ce matin par l’UISP FO Justice Dijon, deux détenus incarcérés au Quartier Disciplinaire – tous deux « au profil criminel » – ont réussi à scié les barreaux de leurs cellules avant de franchir le mur d’enceinte puis de sortir « par la grande porte » du domaine pénitentiaire.
À l’heure de publication du communiqué, les deux hommes étaient toujours activement recherchés, mobilisant les forces de l’ordre sur l’ensemble du département.
Une fuite minutieusement préparée
D’après les éléments dévoilés par FO Justice, les détenus seraient parvenus à se procurer une ou plusieurs lames de scie. Le syndicat rappelle qu’une lame avait déjà été retrouvée le 21 novembre dans la cellule de l’un des deux évadés, un avertissement qui, selon lui, n’a pas déclenché de mesures suffisantes pour empêcher un passage à l’acte.
Les barreaux des cellules du Quartier Disciplinaire, dont certains venaient tout juste d’être remplacés, avaient déjà été signalés comme fragilisés par des dégradations volontaires. Un premier communiqué du 18 novembre évoquait en effet des « dégradations opérées par les personnes détenues » sur ces installations, laissant entendre que le risque d’évasion était bien identifié.
FO Justice accuse la direction d’inaction
Le syndicat FO Justice Dijon se montre particulièrement virulent envers la direction de l’établissement. Il affirme avoir alerté dès le 3 novembre sur la nécessité d’un « changement de méthode », puis à nouveau le 18 et le 21 novembre, sans obtenir la réaction attendue de la part du commandement pénitentiaire.
Le communiqué dénonce notamment :
- l’absence de mesures correctives : fouilles approfondies, enquêtes internes, ou renforcement du contrôle des cellules ;
- un refus de dialogue avec les représentants syndicaux ;
- un excès de confiance de la hiérarchie, jugée « gavée de certitudes » et « prompte à nourrir son ego ».
FO Justice affirme que les responsabilités doivent être recherchées « ailleurs que dans les coursives », ciblant explicitement la DISP de Dijon, où seraient concentrés les chefs d’établissement accusés de minimiser ou d’ignorer les alertes.
Un climat de tension au sein de la maison d’arrêt
La double évasion intervient dans un contexte de dégradation progressive des conditions de sécurité signalée par les organisations syndicales. Les surveillants, déjà confrontés à des tensions croissantes avec certains détenus, craignent désormais d’être tenus responsables d’un incident qu’ils estiment avoir été annoncé.
Le communiqué, dans un ton inhabituellement ironique, souligne que « malgré un grand soleil, la demande de parapluies sera extrêmement forte à Dijon ce matin », une allusion transparente à la pluie de critiques ou de sanctions que pourraient craindre les agents de terrain après l’évasion.
Une enquête ouverte et un établissement sous pression
La direction pénitentiaire devrait rapidement faire l’objet d’une enquête administrative pour déterminer :
- comment les détenus ont pu se procurer les outils nécessaires ;
- pourquoi les alertes successives n’ont pas été suivies d’actions renforcées ;
- comment les évadés ont pu franchir successivement les sécurités internes, le mur d’enceinte et enfin la sortie principale du centre.
Pour FO Justice, cette évasion représente un symptôme alarmant d’un système fragilisé, où les signaux faibles seraient trop fréquemment ignorés. « Aujourd’hui, la MA Dijon souffre deux évadés, demain quels seront les établissements concernés ? », conclut le syndicat dans sa communication du 27 novembre 2025.
