Au lendemain de l’évasion de deux détenus de la Maison d’Arrêt de Dijon, un événement qui a suscité une vive émotion dans la ville comme à l’échelle nationale, la liste Dijon change d’ère a publié un communiqué particulièrement critique à l’égard de la politique pénitentiaire actuelle et des choix budgétaires du gouvernement.
Citant Albert Camus — « Une société se juge à l’état de ses prisons » — le mouvement conduit par Michel Haberstrau estime que cet incident, jugé « malheureusement si prévisible », illustre un « appauvrissement » et même une « mise en danger » des services publics. La liste dit déplorer une situation « subie autant par les victimes que par le personnel pénitentiaire », déjà mis à rude épreuve.
Une critique de la majorité municipale et du gouvernement
Selon Dijon change d’ère, la réponse des autorités se limite trop souvent à une « communication de fermeté » sans véritable stratégie ni moyens adaptés. Le communiqué vise directement les dirigeants du « socle commun » — Horizons, Les Républicains, Modem et Renaissance — accusés, avec « la complicité de l’extrême-droite », de privilégier l’affichage au détriment d’une action structurelle.
Les coupes budgétaires répétées dans la justice sont mises en cause. La liste décrit un système pénitentiaire « exsangue », où le manque de médecins, de psychologues, d’éducateurs et d’agents aggrave autant la sécurité que la santé et la réinsertion des personnes détenues. La surpopulation carcérale est également pointée : avec un taux d’occupation de 173 %, la Maison d’Arrêt ne pourrait garantir « ni des conditions de détention dignes, ni des conditions de travail acceptables ».
Une réaction tardive du ministère selon la liste
Si la liste se félicite que le ministère de la Justice ait annoncé, ce même jour, des travaux urgents dans l’établissement, elle regrette une réaction qui n’intervient qu’« après l’évasion de deux détenus », alors que syndicats, Défenseure des droits et organisations du Nouveau Front Populaire alertent depuis des années sur les conditions de détention.
La maire sortante de Dijon est également visée : Dijon change d’ère lui reproche de « s’entêter à s’allier » aux politiques de la droite et de ne pas s’opposer à une dégradation qu’elle considère comme systémique.
Pour un projet “humaniste” et une justice mieux dotée
Michel Haberstrau et les membres de la liste affirment vouloir « rompre avec cette indignité générale » et défendre un projet « réellement humaniste », fondé sur des moyens renforcés pour les établissements pénitentiaires, les personnels et les personnes incarcérées.
Selon eux, une prison mieux dotée serait bénéfique à toute la chaîne judiciaire comme à l’ensemble de la société. Ils appellent à « cesser de laisser se délabrer la justice » et à agir en amont pour prévenir les crises plutôt que d’y répondre dans l’urgence.
Communiqué de la liste Dijon change d’ère du 27 novembre 2025 :
“Une société se juge à l’état de ses prisons”, disait A. Camus. La Ville de Dijon devrait s’en inspirer. L’évasion des deux détenus de la Maison d’Arrêt de Dijon, malheureusement si prévisible, est en effet tristement symptomatique d’un appauvrissement et d’une mise en danger des services publics. Nous déplorons qu’un événement qui fait déjà trop l’actualité soit autant subi par les victimes que par le personnel pénitentiaire, déjà fortement éprouvé.
Pour que la tranquillité publique soit assurée, il ne s’agit plus de soigner une image de fermeté à coups de communication et de mépris, comme le font les dirigeants actuels du socle commun (Horizons, Les Républicains, Modem et Renaissance) avec la complicité de l’extrême-droite. Il faut une volonté politique claire, des moyens et notamment des moyens humains, réellement à la hauteur des enjeux.
Les coupes budgétaires répétées, dogmatiques, mettent à mal un système judiciaire déjà exsangue. On en ressent les effets délétères non seulement sur la sécurité et la santé des détenu-es mais aussi sur leur réinsertion, faute de moyens d’accompagnement. Un taux d’occupation de 173% ne peut en aucun cas assurer des conditions de détention dignes ni des conditions de travail acceptables pour des agents pénitentiaires en sous-effectif, dont les missions deviennent chaque jour plus difficiles.
Depuis des années, les organisations syndicales, la Défenseure des droits et les partis du Nouveau Front Populaire dénoncent les conditions lamentables des prisons françaises, tant pour les personnels que pour les personnes incarcérées. Si l’on peut se réjouir de l’annonce, ce jour, de travaux urgents que compte engager le ministère de la Justice, il est très regrettable d’attendre l’évasion de deux détenus pour enfin passer des paroles aux actes, une réaction tardive qui aurait pu être évitée.
Il est d’autant plus préoccupant que la maire sortante de Dijon s’entête à s’allier à ces politiques de dégradation que la droite opère systématiquement. Michel Haberstrau et l’ensemble des membres de la liste Dijon change d’ère souhaitent rompre avec cette indignité générale et porter le projet politique d’une société réellement humaniste, qui saura prendre soin de celles et ceux qui la font vivre : ses établissements pénitentiaires, les détenu-es qui y vivent et les agents qui y travaillent aujourd’hui dans des conditions déplorables.
Pourtant, les partenaires de l’union de la gauche le savent bien : un système carcéral mieux doté bénéficierait à la fois aux personnes détenues, aux personnels, au système judiciaire et, in fine, à l’ensemble de la société. Il est temps de cesser de laisser se délabrer la justice comme la droite le fait, et de lui donner enfin les moyens nécessaires pour prévenir les crises plutôt que d’y répondre dans l’urgence.
