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À l’approche de l’hiver, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté rappelle l’extrême dangerosité du monoxyde de carbone (CO), un gaz toxique indétectable qui provoque chaque année de nombreuses intoxications en France. Dans la région, 173 personnes ont été intoxiquées entre juillet 2024 et juin 2025, dont 87 admises aux urgences. Deux décès accidentels sont également recensés sur cette période.
Un chiffre préoccupant qui incite les autorités sanitaires à réaffirmer les gestes essentiels pour limiter les risques.
Un ennemi silencieux omniprésent dans les foyers
Le monoxyde de carbone résulte d’une combustion incomplète. Tous les appareils fonctionnant au gaz naturel, bois, charbon, fuel ou pétrole peuvent en émettre si leur fonctionnement est défectueux ou si la ventilation du logement est insuffisante.
Le danger vient de son absence totale d’odeur, de couleur ou de saveur, ce qui le rend indétectable par l’homme sans dispositif spécialisé. « Il s’agit d’un gaz qui ne prévient pas », alertent les autorités. À faible concentration, il provoque des maux de tête, nausées, vertiges ; à forte concentration, il prive progressivement l’organisme d’oxygène et peut conduire en quelques minutes à une perte de connaissance, puis au décès.
Une recrudescence des intoxications pendant l’hiver
L’ARS observe chaque année un pic d’intoxications entre novembre et mars. La raison est simple : les habitants remettent en marche leurs appareils de chauffage, parfois mal entretenus, vétustes ou inadaptés au logement. À cela s’ajoute l’erreur fréquente consistant à boucher les aérations pour conserver la chaleur.
« Les intoxications domestiques au monoxyde de carbone sont presque toujours évitables », insiste l’ARS, rappelant que l’entretien et la ventilation sont les deux piliers de la prévention.
Reconnaître une intoxication : des signaux d’alerte parfois trompeurs
Les symptômes d’une exposition au CO ressemblent à ceux d’une simple grippe ou d’une gastro :
– maux de tête,
– nausées,
– vomissements,
– fatigue intense.
Le risque est d’autant plus élevé que plusieurs personnes dans la même pièce peuvent ressentir simultanément ces effets, puis voir les symptômes disparaître une fois sorties du logement.
Dans ce cas, il faut agir immédiatement.
Que faire en cas de suspicion d’intoxication ?
L’ARS rappelle les gestes à adopter sans délai :
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Aérer les pièces, portes et fenêtres grandes ouvertes.
-
Couper les appareils à combustion si possible.
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Contacter les secours :
– SAMU (15),
– Pompiers (18),
– ou 112,
– SMS 114 pour les personnes malentendantes. -
Évacuer les lieux et rester à l’extérieur.
-
Ne pas réintégrer le bâtiment avant l’avis d’un professionnel du chauffage ou des pompiers.
Chaque minute compte, car le CO agit très rapidement sur l’organisme.
Les bons réflexes pour éviter les accidents
Pour réduire significativement les risques, l’ARS rappelle une série de mesures simples, mais indispensables.
1. Entretenir systématiquement les appareils avant l’hiver
– Vérifier et faire entretenir chaudières, chauffe-bains, poêles, inserts…
– L’entretien annuel des chaudières est obligatoire.
– Faire contrôler les conduits de fumée, dont le ramonage doit être effectué au moins une fois par an.
2. Ventiler quotidiennement le logement
– Aérer au moins 10 minutes par jour, même en période de froid.
– Ne jamais obstruer les grilles d’aération, souvent présentes dans la cuisine, la salle de bain ou la chaufferie.
3. Utiliser correctement les appareils à combustion
– Ne jamais faire fonctionner un chauffage d’appoint en continu.
– Se conformer strictement aux notices d’utilisation.
– Bannir les appareils non destinés au chauffage : brasero, barbecue, cuisinière…
4. Installer les nouveaux appareils dans de bonnes conditions
– Les groupes électrogènes doivent toujours être installés à l’extérieur.
– En cas de nouvel appareil à gaz, exiger un certificat de conformité.
L’ARS ajoute que l’achat d’un détecteur de monoxyde de carbone peut compléter ces mesures, à condition de choisir un modèle certifié NF EN 50291 ou NF 292, seuls garants d’une fiabilité suffisante.
Un appel à la responsabilité collective
Pour les autorités sanitaires, la prévention reste la meilleure arme. Chaque année, des accidents graves surviennent malgré leur caractère évitable, souvent en raison d’un manque d’entretien ou d’une mauvaise utilisation des appareils. « La prévention des intoxications passe par la mise en œuvre de bonnes pratiques simples, accessibles et pourtant encore trop méconnues », rappelle l’ARS.
Avec l’hiver qui s’installe, l’agence appelle les habitants de Bourgogne-Franche-Comté à redoubler de vigilance et à faire vérifier leurs installations avant de rallumer le chauffage.
