🎧 Version audio :
La Région Bourgogne-Franche-Comté a inauguré ce mardi ses Premières Assises Régionales de l’International, un événement inédit destiné à démontrer que l’ouverture au monde n’est plus une option mais une nécessité. À l’heure où les crises s’enchaînent — guerre en Ukraine, tensions économiques mondiales, dérèglement climatique, pressions migratoires — la Région veut affirmer haut et fort son rôle international, tel que l’y autorise et l’y encourage la loi ATR depuis plus de trente ans.
Pour son exécutif, il s’agit à la fois de valoriser des actions déjà considérables, menées avec des centaines d’acteurs du territoire, et de donner à la population des preuves concrètes que ces engagements extérieurs améliorent directement le quotidien : emploi, attractivité, solidarité, innovation, rayonnement culturel et scientifique.
Une ambition internationale assumée face à un contexte mondial dégradé
Les Assises ont débuté par un constat clair : les crises actuelles rappellent que les collectivités doivent agir au-delà de leur périmètre administratif.
La guerre en Ukraine a bouleversé les équilibres européens ; les nouvelles orientations économiques américaines obligent les territoires à se positionner rapidement ; le changement climatique impose des alliances internationales ; les mouvements migratoires nécessitent compréhension et coopération.
Dans ce contexte, la Région Bourgogne-Franche-Comté se présente comme un acteur volontaire, déjà entouré d’un écosystème composé d’entreprises exportatrices, d’universités très tournées vers l’Europe, d’associations engagées dans la solidarité internationale et de collectivités expérimentées en coopération décentralisée.
L’objectif des Assises : donner une cohérence et une visibilité à ces forces, en les réunissant pour la première fois autour de six tables rondes thématiques.

EXPORT • Un pilier de la compétitivité régionale
La première table ronde a rappelé un fait majeur : la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des rares régions françaises dont la balance commerciale est excédentaire, dépassant le milliard d’euros en 2024.
Avec 21,7 milliards d’euros d’exportations, elle se classe dans le trio de tête national, portée notamment par ses filières industrielles, agroalimentaires, technologiques et énergétiques.
Pour maintenir cette dynamique, la Région investit plus d’un million d’euros par an dans sa politique export. Chaque année, cela permet d’accompagner environ 430 entreprises, à la fois :
- par des aides individuelles (recrutement de cadres export, soutien à la prospection de nouveaux marchés),
- et par un programme collectif piloté par la CCI, permettant une présence commune sur des salons majeurs (Global Industrie, Hyvolution, CES Las Vegas, SIAL…).
En 2024, 17 opérations collectives ont été menées, permettant à certaines PME de réduire de moitié leur coût de participation.
Les dirigeants de CLYHNN, SPOTNEVENTS ou encore FALLOT ont témoigné de l’effet accélérateur de ces dispositifs : montée en compétences, accès à de nouveaux marchés, croissance du chiffre d’affaires.
Selon les données régionales, en 2023, les entreprises exportatrices ont connu une croissance 1,6 % plus forte que celles uniquement tournées vers le marché national.
SOLIDARITÉ INTERNATIONALE • Quand la région agit au nom de la fraternité
La seconde table ronde a mis en lumière un autre pilier de l’action extérieure : la solidarité internationale.
La Bourgogne-Franche-Comté s’appuie sur un réseau associatif dense, coordonné par Bourgogne-Franche-Comté International, pour mener des projets dans des zones vulnérables.
Un exemple marquant : l’association Amadéa Franche-Comté, engagée à Madagascar pour une agriculture durable, a développé un partenariat triangulaire entre une coopérative malgache, une chocolaterie locale et une fabrique dijonnaise. Résultat : des chocolats de Noël au physalis malgache, symbole d’une coopération équitable et créatrice de valeur de part et d’autre.
La Région soutient également fortement l’éducation à la citoyenneté mondiale.
En 2025, 4 000 collégiens et lycéens participent au dispositif Tandems Solidaires, qui encourage l’engagement citoyen et la compréhension des enjeux internationaux.
La présence de Grace Kovi Afande, jeune volontaire togolaise en service civique, au lycée Hilaire de Chardonnet (Chalon-sur-Saône), illustre la réciprocité des échanges, au cœur du programme Territoires Volontaires.
Le Festival Exode, centré sur les migrations et impliquant plus de 500 lycéens, témoigne aussi de la vitalité régionale dans ce domaine.
INVESTISSEURS ÉTRANGERS • Une région qui séduit et attire
Troisième temps fort : l’attractivité économique.
La Région a tenu à rappeler que plusieurs entreprises internationales ont choisi la Bourgogne-Franche-Comté ces dernières années.
Parmi elles :
- Vicky Foods (agroalimentaire, Espagne), installée en 2024, qui vient d’inaugurer une unité de production créatrice d’emplois.
- Antolin (industrie, Espagne), qui a ouvert une extension en 2020 grâce à l’accompagnement régional et à l’Agence Économique Régionale.
- Le C3E, Centre d’excellence québécois en efficience énergétique, qui a signé un accord de coopération pour dynamiser les partenariats entreprises–universités.
Ces implantations confirment que la Bourgogne-Franche-Comté dispose d’atouts recherchés : stabilité, position géographique stratégique, réseau universitaire performant, écosystème industriel structuré.
ÉDUCATION & RECHERCHE • L’international au service des parcours et de l’innovation
La quatrième table ronde a souligné l’importance de la mobilité des jeunes, qu’ils soient lycéens, étudiants, apprentis ou demandeurs d’emploi.
Ces expériences sont décrites comme « décisives » pour construire des parcours professionnels solides, développer l’ouverture culturelle et renforcer l’employabilité.
Les interventions ont rappelé que :
- l’enseignement agricole intègre la coopération internationale parmi ses six piliers officiels,
- les universités de Bourgogne et Franche-Comté misent sur leurs alliances européennes,
- les « graduate schools » EIPHI, TRANSBIO et INTHERAPI attirent de nombreux étudiants internationaux en master et doctorat.
Le campus de Sciences Po Dijon, où près de la moitié des étudiants viennent d’Europe centrale et orientale, joue un rôle structurant dans le rayonnement européen du territoire en organisant événements et débats ouverts au public régional.
COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE • L’Arc jurassien, modèle d’intégration franco-suisse
Avec 48 000 travailleurs frontaliers traversant chaque jour les 230 km de frontière franco-suisse, l’Arc jurassien est un bassin de vie intégré, marqué par des enjeux communs : mobilité, emploi, aménagement du territoire, environnement, économie.
Depuis 40 ans, la Région et ses partenaires suisses développent une coopération structurée, notamment via :
- la plateforme Arcjurassien.org (80 projets financés en huit ans),
- et le programme Interreg France–Suisse, doté de près de 70 millions d’euros et 50 millions de francs suisses.
L’objectif partagé : bâtir un développement harmonieux et durable de cet espace transfrontalier stratégique.
TOURISME • Un secteur clé, moteur d’emplois et de rayonnement
Avec 4,9 milliards d’euros de retombées économiques et plus de 49 000 emplois, le tourisme représente 5,6 % du PIB régional.
La Bourgogne-Franche-Comté enregistre 31,5 millions de nuitées, dont une part importante de visiteurs étrangers, notamment allemands, belges, néerlandais, britanniques et américains.
Le Comité Régional du Tourisme mise sur trois marques phares — Bourgogne, Montagnes du Jura, Vosges du Sud — et cinq piliers : œnotourisme, gastronomie, patrimoine, itinérance, tourisme d’affaires.
Les témoignages de la Cité des Climats et vins de Bourgogne, d’une agence de presse allemande et du Club hôtelier Dijon Bourgogne ont confirmé que les clientèles internationales sont indispensables à la vitalité du secteur.
LE QUÉBEC INVITÉ D’HONNEUR • Vers un partenariat renforcé
Moment marquant de la journée : l’intervention d’Henri-Paul Rousseau, délégué général du Québec à Paris, représentant le Premier ministre pour la Francophonie.
Il a rappelé la densité historique des liens France–Québec et le potentiel de développement entre territoires.
Avec 250 filiales québécoises en France et 400 entreprises françaises présentes au Québec, la coopération économique est solide.
Dans un monde traversé par des turbulences géopolitiques, le Québec et la Bourgogne-Franche-Comté souhaitent aller plus loin dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de la science, de la santé et de l’éthique.
Une région qui revendique un destin international
En refermant ces premières Assises, la Région Bourgogne-Franche-Comté a adressé un message clair : l’ouverture internationale n’est pas un supplément d’âme, mais une condition de prospérité, d’innovation et de solidarité.
Qu’il s’agisse de commerce extérieur, d’investissements, de coopération scientifique, d’éducation, de solidarité ou de tourisme, le territoire assume pleinement sa place dans un monde interdépendant — convaincu que l’international est plus que jamais un enjeu local.


