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Malgré des débats particulièrement animés au Parlement, la réforme récemment adoptée sur l’investissement locatif apparaît, selon les acteurs du secteur, largement insuffisante pour répondre à la crise profonde que traverse le logement en France. Réunis au sein de l’Alliance pour le logement, les principaux représentants de la construction, de l’immobilier, de la promotion, de l’architecture, du notariat et de l’économie de la construction tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
Une alliance inédite et représentative de toute la chaîne du logement
L’Alliance pour le logement regroupe les organisations majeures du secteur :
- FFB (Fédération Française du Bâtiment)
- Pôle Habitat FFB
- FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier)
- FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers)
- PROCIVIS
- UNIS (Union des Syndicats de l’Immobilier)
- UNNE (Union Nationale des Notaires de l’Essonne, représentant les notaires engagés sur le logement)
- UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes)
- UNTEC (Union Nationale des Économistes de la Construction)
Ensemble, ces organisations couvrent l’intégralité de la chaîne de production du logement : construction, promotion, immobilier, gestion, financement, architecture, expertise technique et transactions. Une représentativité qui renforce la portée de leur message.
Une réforme vidée de sa substance
Le projet initial porté par le gouvernement ambitionnait de relancer massivement l’investissement locatif privé. Mais les restrictions ajoutées lors des discussions parlementaires ont, selon les professionnels, « dénaturé » le dispositif au point de n’en faire qu’une mesure marginale, aux effets limités.
Pour l’Alliance, la réforme manque d’ambition et adopte une logique de niche qui ne concernera « au mieux que quelques ménages », faute d’un périmètre suffisamment large. Une approche bien loin de ce que les professionnels attendaient pour stimuler l’offre locative dans un contexte de pénurie.
Des mesures réellement incitatives réclamées
Les organisations rappellent que la crise actuelle impose de mobiliser tous les leviers, et non de détricoter les propositions initiales. Elles demandent le maintien de conditions jugées véritablement attractives pour encourager les particuliers à redevenir investisseurs :
- Un amortissement d’environ 5 % par an ;
- Une application aux biens neufs comme anciens ;
- Une intégration des logements individuels et collectifs ;
- Un plafond d’avantage fiscal fixé à 10 000 € ;
- La possibilité d’imputer le déficit foncier issu de l’amortissement sur le revenu global ;
- Une durée minimale de 9 ans de location.
Ces paramètres, selon eux, sont indispensables pour créer un choc d’investissement susceptible de remettre en mouvement l’ensemble du marché.
Ne pas opposer les modèles mais agir rapidement
Les signataires rappellent une évidence trop souvent oubliée : « sans propriétaires bailleurs, il n’y a pas de locataires ». Compter uniquement sur les investisseurs institutionnels ou sur les ménages intermédiaires n’est pas réaliste, d’autant que les règles du HCSF encadrant le crédit immobilier restent particulièrement restrictives pour l’investissement locatif.
Ils dénoncent la tendance récurrente à opposer les solutions : privé contre social, rénovation contre construction neuve. Une approche « dangereuse » et « contre-productive », alors que chaque segment joue un rôle essentiel dans le parcours résidentiel des Français.
Face à une crise qualifiée d’historique, les professionnels appellent à un sursaut politique et à une stratégie cohérente : « Tous les leviers doivent être activés, et le plus vite sera le mieux ».
