Le dispositif existait déjà dans plusieurs villes françaises ; il arrive désormais à grande échelle en Côte-d’Or. Pour renforcer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et plus particulièrement contre la soumission chimique, la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté et l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH 21) lancent une nouvelle initiative : la distribution de protections pour verres dans une sélection de bars dijonnais.
Un outil simple contre un phénomène complexe
L’objet, appelé « Capote2Verre », se présente sous la forme d’une protection souple à placer sur un verre pour limiter les risques d’ajout de substances à l’insu des clients. Une centaine de ces dispositifs seront distribués dans douze établissements festifs de Dijon : Byron Bay, La Jamaïque, Casa del Mojito, Le Beverly, 100 % Latino, L’Entourloupe, Melkior-Bal’tazar, La Belle Époque, Salsa Pelpa, Delirium Café, Le Smart et Le Come-Back.
Chaque lieu recevra également un kit de prévention comprenant des exemplaires de la protection, des dépliants informatifs rappelant le numéro d’urgence 3919, ainsi que des affiches dotées de QR codes menant vers des ressources utiles en cas de violences. Certains établissements étaient déjà engagés dans des actions de sensibilisation, tandis que d’autres rejoignent l’effort pour la première fois. D’autres bars du département devraient être équipés dans les prochains mois.
L’annonce a été faite lundi en préfecture, où Aurélie Contrecivile, directrice de cabinet du préfet, a accueilli Christophe Le Mesnil et Isabelle Grandi pour officialiser le lancement du dispositif.
Une réponse locale à un problème national
La soumission chimique reste un phénomène largement sous-estimé. Elle consiste à administrer à une personne, à son insu ou sous contrainte, une substance — drogue ou médicament sédatif — en vue de commettre une agression. Contrairement aux idées reçues, elle ne concerne pas uniquement les boîtes de nuit et ne se limite pas au GHB.
En France, 327 faits de soumission chimique à des fins de viol ou d’agression sexuelle ont été recensés en 2024, selon les chiffres officiels. Pourtant, seule une victime sur dix porterait plainte, d’après l’Observatoire national des violences faites aux femmes. L’amnésie fréquente, la nature des substances et leur disparition rapide dans l’organisme rendent ces agressions particulièrement difficiles à détecter et à prouver.
Une campagne nationale relayée dans les pharmacies
Depuis le 2 décembre, une campagne d’affichage nationale est également visible dans les pharmacies, laboratoires et établissements de santé. Pilotée par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, elle vise à mieux informer le public et encourager le signalement. Cette campagne s’appuie sur le réseau des pharmaciens, en lien avec le CRAFS, l’association #MendorsPas et plusieurs ordres professionnels.
Des ressources d’aide pour les victimes
Plusieurs dispositifs d’écoute, d’information et d’urgence sont disponibles pour les victimes ou les témoins :
- 3919 : numéro national gratuit, anonyme et accessible 7j/7 pour les femmes victimes de violences.
- Drogues Info Service – 0 800 23 13 13 : pour toute question liée aux substances.
- Plateforme de signalement des violences sexistes et sexuelles : accessible 24h/24 pour dialoguer en ligne avec des policiers ou gendarmes formés.
- 0 800 05 95 95 (CFCV) : soutien aux victimes de viol.
- Numéros d’urgence : 17 (police secours), 112, ou 114 (par SMS) en cas de danger immédiat.
Avec cette initiative, Dijon espère renforcer la sécurité dans les lieux festifs et contribuer à une prise de conscience nationale face à un phénomène encore largement invisible.
