Une action choc a été menée à l’aube par des militants de la Confédération paysanne devant l’antenne de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, à Créancey, près de Pouilly-en-Auxois. La grande statue de vache charolaise qui domine le rond-point des Halles agricoles a été recouverte de sang factice, dans une mise en scène destinée à dénoncer la politique sanitaire actuellement menée contre la DNC (dermatite nodulaire contagieuse).
Selon le syndicat agricole, cette action symbolique intervient dans un contexte de forte tension entre les éleveurs et le ministère de l’Agriculture. L’organisation reproche au gouvernement de maintenir une stratégie « autoritaire et cruelle » qui, selon elle, a déjà conduit à l’abattage « arbitraire » de plus de 3 000 vaches depuis l’été, sans parvenir pour autant à enrayer efficacement la propagation de la maladie.
Un climat de mobilisation nationale
Cette opération s’inscrit dans une semaine de protestations coordonnées. Lundi, la Confédération paysanne avait déjà organisé une manifestation devant la préfecture de Dijon. Mercredi, une grande mobilisation à Besançon, ainsi que plusieurs rassemblements en France, ont dénoncé ce que le syndicat qualifie de « dramatique tuerie de vaches vaccinées », en référence à l’épisode survenu la semaine précédente à la ferme de Lhomme.
La tension s’est accentuée après l’annonce de deux nouveaux cas de DNC, détectés cette semaine en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées. Dans certaines zones, des barrages d’éleveurs ont été installés pour empêcher les convois d’animaux destinés à l’abattage, laissant craindre une montée des affrontements entre les forces de l’ordre et les agriculteurs mobilisés.
Une stratégie jugée inadaptée
Pour la Confédération paysanne, la stratégie actuelle, centrée sur des abattages massifs, se révèle non seulement inefficace, mais potentiellement contre-productive. Le syndicat alerte sur le risque que certains éleveurs, par crainte des sanctions, soient tentés de dissimuler les premiers signes de la maladie.
Face à un réchauffement climatique propice à la prolifération de maladies vectorielles et un commerce international difficile à contrôler, l’organisation défend une voie alternative basée sur une vaccination préventive élargie, des abattages ciblés, ainsi que sur la reconnaissance de l’immunité naturelle et l’adoption de restrictions de mouvement acceptées par la profession.
Un appel à la Chambre d’agriculture
En recouvrant la statue emblématique de sang, les militants disent vouloir rappeler « les milliers de vaches tuées par l’État » et interpeller la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, jugée « bien discrète depuis le début de la crise ». Le syndicat lui demande de « prendre position fermement » en faveur d’une politique sanitaire « forte, durable et humaine ».
« Et si nous favorisions le vivant aux intérêts commerciaux ? », conclut la Confédération paysanne, qui affirme maintenir sa mobilisation « en Côte-d’Or et ailleurs ». « On ne lâche rien », martèlent ses représentants.

