À la suite de l’incendie criminel qui a gravement endommagé le collège Jean-François Champollion, situé dans le quartier des Grésilles à Dijon, l’État a tenu à afficher un soutien sans équivoque à la communauté éducative. Ce lundi, Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, et Édouard Geffray, ministre de l’Éducation nationale, se sont rendus en Côte-d’Or pour un déplacement conjoint mêlant recueil, fermeté et messages politiques forts.
Ce déplacement ministériel, organisé quelques jours seulement après les faits, avait un double objectif : témoigner du soutien de l’État à l’ensemble des personnels, élèves et familles touchés par cet acte criminel, et faire un point précis sur la situation éducative et sécuritaire, dans un contexte local marqué par une lutte intense contre le trafic de stupéfiants.
Une visite institutionnelle débutée au rectorat
La journée a débuté au rectorat de l’académie de Dijon. Le ministre de l’Éducation nationale y a rencontré les personnels du rectorat, de la préfecture, ainsi que les représentants des personnels du collège Jean-François Champollion. Ces échanges ont permis d’aborder les conséquences immédiates de l’incendie, l’état psychologique des équipes éducatives et les premières mesures envisagées pour assurer la continuité de la scolarité.
Un point sécuritaire à l’hôtel de police
Dans un second temps, Laurent Nuñez s’est rendu à l’hôtel de police, place Suquet, où il a participé à un point restreint consacré à l’enquête en cours. Autour de la table se trouvaient le procureur de la République, le préfet, le directeur interdépartemental de la police nationale ainsi que les services mobilisés. L’objectif : faire le point sur l’avancée des investigations et replacer cet incendie dans un contexte plus large de lutte contre la criminalité organisée dans le quartier des Grésilles.
Une étape hautement symbolique au collège Champollion
Le déplacement s’est achevé peu avant 11h30 au collège Jean-François Champollion. Les ministres ont visité le bâtiment fortement endommagé par l’incendie et rencontré les équipes éducatives. De nombreux élus avaient fait le déplacement, parmi lesquels François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte-d’Or, la maire de Dijon Nathalie Koenders, ainsi que les députés Pierre Pribetich, Océane Godard et René Loiret, entre autres.
Cette dernière étape se voulait avant tout un moment de soutien à l’ensemble de la communauté scolaire, profondément affectée par cet acte criminel, mais aussi un signal politique fort : l’État est pleinement mobilisé pour accompagner la reconstruction et garantir le retour à une situation normale.
Laurent Nuñez : « un acte évidemment extrêmement grave »
Prenant la parole au cœur de l’établissement, Laurent Nuñez a d’emblée rappelé la gravité des faits survenus dans la nuit de vendredi à samedi : « Je viens avec le ministre de l’Éducation nationale au sein du collège Champollion, où vous savez que, dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie criminel a été commis ici, visant à détruire cet établissement purement et simplement. C’est donc un acte évidemment extrêmement grave. »
Le ministre de l’Intérieur a expliqué sa présence aux côtés de son homologue de l’Éducation nationale : « Je tenais moi comme ministre de l’Intérieur à accompagner le ministre de l’Éducation nationale dans sa visite pour témoigner moi aussi évidemment mon soutien à la communauté éducative qui est évidemment durement éprouvée, à l’ensemble des parents d’élèves également, évidemment à l’ensemble des élèves face à cet acte qui est un acte ignoble. »
Un hommage appuyé aux forces de l’ordre et aux secours
Laurent Nuñez a ensuite tenu à remercier et féliciter les forces de sécurité et de secours mobilisées : « Je suis aussi venu féliciter et remercier les policiers de Dijon qui, sous l’autorité du préfet et du procureur de la République, font un travail formidable, notamment pour lutter contre le trafic de stupéfiants. Et ce travail porte ses fruits ici, à Dijon. »
Il a rappelé l’engagement quotidien des forces de l’ordre dans le quartier des Grésilles : « Les policiers sont présents sur la voie publique, d’une part en nombre, et mènent par ailleurs des investigations judiciaires qui portent leurs fruits. »
Le ministre a également salué l’intervention rapide des sapeurs-pompiers : « Je veux dire qu’ils sont intervenus de manière extrêmement rapide dans la nuit de vendredi à samedi et ils ont évité que sans doute il y ait des dégâts plus importants. »

Un lien évoqué entre trafic de stupéfiants et incendie criminel
Dans son discours, Laurent Nuñez a longuement évoqué les résultats récents de la lutte contre le trafic de stupéfiants à Dijon, et particulièrement dans le quartier des Grésilles : « En septembre dernier, 7 têtes de réseau du secteur, du territoire ont été interpellées grâce à une action qui a été menée par les policiers de Dijon sous l’autorité du procureur de la République et qui a permis de tuer quasiment l’ensemble des points de deal qui existaient sur ce territoire. »
Il a ensuite évoqué explicitement un possible lien entre ces succès policiers et l’incendie : « On a aussi de bonnes raisons de penser qu’il y a un lien entre les deux. Et que quand on fait mal aux trafiquants de drogue, quand on leur porte des coups, il y a souvent des actions de représailles. »
« On ne lâchera rien »
En conclusion, le ministre de l’Intérieur a tenu un discours de fermeté : « On ne lâchera rien, on ne lâchera rien, nous sommes déterminés à lutter contre le trafic de stupéfiants, c’est un combat long, il est difficile mais nous allons le poursuivre et le continuer de manière déterminée ici à Dijon comme partout sur le territoire national. »
Et de conclure : « Rien n’intimide le gouvernement de la France et l’ensemble des fonctionnaires qui le servent. »
Édouard Geffray : « l’éducation nationale, c’est comme un corps »
Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Éducation nationale a insisté sur l’unité de la communauté éducative : « L’Éducation nationale, c’est comme un corps : quand une partie du corps est blessée, c’est tout le corps qui réagit, des pieds jusqu’à la tête. »
Il a souligné la mobilisation collective autour du collège Champollion : « Aujourd’hui ce qu’on dit aussi avec les collectivités locales (…) c’est que c’est toute la communauté éducative (…) tous nous sommes unis autour de l’école. »
L’école comme rempart
Édouard Geffray a rappelé le rôle fondamental de l’école dans la République : « L’école, c’est le lieu du savoir et c’est le lieu où l’on instruit et où l’on protège nos enfants, et quand on s’en prend à une école, en réalité, on s’en prend à ce qui permet aux autres de s’en sortir, et ce n’est pas anodin que ce soit sur le fond criminel […] on s’en prend à ce qui permet aux autres de s’en sortir. »
Il a évoqué l’attachement profond au collège Champollion : « Il y a une âme Champollion ici, les plus vieux professeurs sont là depuis plus de 25 ans, et c’est aussi une âme pour le quartier. »
Une phrase marquante d’une enseignante
Le ministre a rapporté une parole entendue lors de sa rencontre avec les enseignants : « Vous savez monsieur le ministre, nous on les essaye sur des chaises de classe pour pas qu’ils terminent sur les chaises des guetteurs. »
Avant de conclure : « Aucune destruction matérielle n’en mettra jamais en cause, ne fera jamais faiblir cette unité collective ; j’en ai encore fait l’expérience ce matin. »
Vers une reprise de la scolarité
Enfin, Édouard Geffray a indiqué que les services travaillaient activement à la suite : « L’objectif c’est de re-scolariser le maximum d’élèves ici. »
Ce déplacement ministériel aura ainsi permis de réaffirmer un message clair : face à un acte criminel visant un établissement scolaire, l’État, les collectivités et la communauté éducative font bloc, avec la volonté affichée de ne rien céder et de reconstruire.
