Ce samedi, la Maison Phare à Fontaine d’Ouche a été le théâtre d’un hommage poignant rendu à Sullyman, un jeune homme de 19 ans tragiquement décédé il y a plus d’un mois à Talant, des suites d’une altercation entre jeunes. Plus de 200 personnes se sont rassemblées pour honorer sa mémoire, la plupart étant des habitants du quartier qui le connaissaient personnellement.
Au début de la cérémonie, la mère de Sullyman, Sifia, a pris la parole pour transmettre un message de paix : « Aujourd’hui, mon cœur est lourd de chagrin alors que je prends la parole pour rendre hommage à mon fils, à mon premier né, à celui qui m’a fait découvrir la force de l’amour maternel, Sullyman, dont la vie a été cruellement interrompue à l’âge tendre de 19 ans. La douleur de sa perte est indescriptible et insupportable, mais je choisis de transformer cette douleur en un message d’amour, de paix et d’espoir pour un avenir meilleur ».Les larmes aux yeux, elle ajoute : « Sullyman était un jeune homme exceptionnel, plein de vie, d’amour et de rêves. Sa disparition soudaine laisse un vide immense dans nos vies et dans nos cœurs. La violence qui a mis fin à sa vie est une tragédie inacceptable qui ne doit pas rester impunie. En tant que mère, je refuse de laisser la haine et la colère consumer mon âme. Au contraire, je choisis de me tourner vers la lumière de l’amour, de la compassion et du pardon.
Sullyman aurait voulu que nous nous rassemblions dans l’unité et la solidarité, pour combattre la violence et promouvoir la paix. En son honneur, je vous appelle à ouvrir vos cœurs à la tolérance, à la compréhension et au respect de chaque être humain. Chaque vie perdue est une tragédie qui nous rappelle la fragilité de notre existence et l’urgence de bâtir un monde plus juste et plus pacifique. Engageons-nous, en mémoire de Sullyman et de tant d’autres victimes de la violence, à être des artisans de paix, à semer des graines d’amour et d’harmonie dans notre société.
Ensemble, nous pouvons transformer la douleur en espoir, le désespoir en action, et faire de ce monde un endroit où la violence n’a pas sa place. Sullyman, mon bébé aux grands yeux marron, mes derniers mots seront pour toi mon fils. Ton regard doux, bienveillant et protecteur me manque à chaque instant. Tu as été le meilleur des fils. Le meilleur des grand-frères. Je donnerais ma vie pour t’entendre une dernière fois me dire : « maman je t’aime ». De là où tu es je t’espère en paix et ferai tout pour que tu sois fier de ta maman comme je suis fière de toi mon ange ».
Un message de paix qui a été repris par plusieurs autres mères présentes, parmi lesquelles Karima. Cette dernière, mère de trois enfants, a quitté Fontaine d’Ouche en septembre dernier, souhaitant éloigner ses enfants de la violence qui sévit dans le quartier. « Avant, les jeunes se confrontaient verbalement ou avec leurs poings, mais jamais avec des armes. Aujourd’hui, ils portent des couteaux, voire des armes à feu, et cela ne devrait tout simplement pas exister !« , s’est-elle émue. Elle lance un appel vibrant pour que cette tragédie ne se reproduise plus : « Stop à la violence, stop à l’agressivité ! Ces jeunes ont un avenir. Faites des études, apprenez, trouvez un travail. Et surtout, parlez-vous, ne laissez pas la situation dégénérer jusqu’à un drame comme celui-ci.«
Dans le même élan, Massar N’Diaye, conseiller municipal délégué au quartier de Fontaine d’Ouche, bien qu’il soit présent non pas en tant qu’élu, mais en tant que voisin, a exhorté les jeunes à « faire pleurer les mamans de joie et non de tristesse« . Pour lui, la mort de Sullyman doit être plus qu’un symbole, elle doit être une leçon de vie. « Oui, la vie peut être difficile, mais nous avons tous en nous les ressources pour nous en sortir. Les jeunes des quartiers sont souvent stigmatisés, mais nous avons également de nombreuses réussites : des médecins, des professeurs, des employés qui ont grandi ici. Levons la tête et combattons les discriminations qui se dressent devant nous, aidons-les à obtenir les formations nécessaires pour réussir.«
L’un des meilleurs amis de Sullyman, très ému lui aussi, sera le dernier à prendre la parole : « C’est dommage qu’aujourd’hui dans ce quartier, on s’entraide énormément dans le mal, ça ne sert à rien. Si on s’entraidait dans le bien, aucune mère ne pleurerait et nous serions tous heureux. J’invite tous les jeunes à être guidés, à prier, à s’éloigner des mauvaises fréquentations… Car cette vie-là n’est pas la nôtre« .
Non, Sullyman n’était pas impliqué dans le trafic de drogue !
Certains médias ont pris l’initiative de laisser entendre que le jeune homme était mort dans un contexte lié au trafic de drogue ! Un exemple frappant est celui de 20 Minutes, qui titrait : « Dijon : « Un jeune de 19 ans meurt poignardé sur fond de trafic de drogues« .
Cependant, selon sa maman, rien n’est plus éloigné de la vérité. Elle a d’ailleurs, avec justesse, pris l’initiative d’interpeller Gérald Darmanin lors de sa visite à Dijon le jeudi mars 2024 : « Il y avait une rumeur qui circulait dans les réseaux selon laquelle Fontaine d’Ouche était vulnérable et qu’ils devaient se rendre à Talant pour montrer qu’ils étaient forts. C’était simplement une balade en voiture… Malheureusement, mon fils se trouvait à l’intérieur…« , lance-t-elle avant de poursuivre de manière déterminée : « Mon fils n’avait aucun lien avec la drogue. Je n’ai jamais vu de drogue entrer chez moi. Nous n’avions pas de problème de trafic de drogue, c’était plutôt un problème entre les jeunes du quartier, une question d’entente entre eux.«