Nous apprenons ce matin qu’une plainte a été déposée contre Dijon Métropole pour harcèlement moral, mise en danger délibéré de la personne d’autrui et homicide involontaire suite au suicide survenu le dimanche 10 décembre 2023 de Yvan Pretet, agent au service exploitation de Dijon Métropole, comme le rapportent nos confrères du Bien Public dans leurs colonnes aujourd’hui (article que nous vous invitons à lire absolument). Nous ne sommes pas étonnés, puisque en date du 13 mai 2024, nous vous informions que les choses bougeraient dans les prochains jours avec notre article intitulé : Mystère et questions autour du décès de Philippe Metrot, ancien directeur de l’exploitation de la ville puis de la métropole.
Dans cet article de nos confrères, nous apprenons que François Rebsamen, contrairement à ce qu’il annonçait en conférence de presse d’avant-conseil municipal en date du 18 décembre 2023, n’aurait jamais pris soin d’appeler la famille du défunt comme il l’affirmait devant les journalistes. Vivien Pretet l’affirme dans les colonnes du Bien Public : « De la même façon, François Rebsamen a dit dans les colonnes du Bien public (à lire par ailleurs) qu’il nous avait joints après le décès de mon père », poursuit Vivien Pretet. « C’est faux. Ni notre mère ni nous, ses trois enfants, n’avons eu de nouvelles de François Rebsamen après le décès de mon père. »
François Rebsamen aurait donc menti, selon le fils de l’agent qui s’est donné la mort le 10 décembre 2023. Lors du conseil municipal qui s’est tenu le 18 décembre 2023, François Rebsamen a reproché à madame Laurence Gerbet, qui souhaitait, au nom du groupe Agir pour Dijon, rendre hommage à cet agent décédé, de parler de cela au conseil municipal. François Rebsamen lui a coupé le micro et lui a dit : « Madame, il y a des limites à tout, notamment de parler de la mort de quelqu’un ici au conseil municipal ! Vous devriez penser aux familles, à la famille d’abord, et avoir un minimum de respect pour cette famille ».
Bien des salariés de la Ville de Dijon et de Dijon Métropole se demanderont désormais, sachant que François Rebsamen n’a jamais appelé la famille, selon le fils de Yvan Pretet, contrairement à ce qu’il a affirmé, si sa parole peut encore être considérée comme crédible. La question est légitimement posée.
Plainte déposée : François Rebsamen, Rémi Détang et Nathalie Koenders devront rendre des comptes !
Ce matin, les réactions à l’article du Bien Public sont nombreuses : « Il était temps que les choses sortent, ils doivent, et devront, rendre des comptes », nous confie un salarié qui souhaite rester anonyme vu le contexte. L’attente est forte, que ce soit du côté de la famille de Yvan Pretet ou parmi les salariés. Il faut dire que le suicide de Yvan Pretet est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour plusieurs salariés. En effet, le mal-être des salariés au sein de la mairie de Dijon et de la Métropole ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 2017, le problème du mal-être au travail faisait l’objet d’une réunion du CHSCT. Dijon Actualités a pu se procurer ce compte rendu.
Des mesures avaient été mises en place suite au suicide de Monsieur Philippe Sidbon. Ce salarié s’est donné la mort le 8 janvier 2017 à l’âge de 44 ans. On peut y lire dans ce compte rendu :
« Monsieur DETANG souligne que le suicide est un drame pour tous. Il suscite de nombreuses réactions émotionnelles où se mêlent évidemment colère, indignation, culpabilité, peine, incompréhension, et sentiment d’impuissance. […] Concernant le suicide de la personne concernée, la mobilité subie des agents des parkings suite à la délégation de service public de l’activité de stationnement n’a pas manqué d’interroger la famille, l’employeur, les collègues, les représentants du personnel. Une délégation d’enquête a donc été constituée conformément aux accords internes à la collectivité pour tenter d’établir les relations éventuelles à cet événement. Il ne s’agit pas évidemment de rechercher les responsables mais de repérer les faits, l’enchaînement, les processus et les facteurs qui ont pu participer à la détresse de l’intéressé, mais aussi et surtout, je dirais, afin d’en prévenir la répétition. Avec la même attention, une phase complémentaire d’enquête suivante. Une méthodologie appropriée a été mise en œuvre avec l’accord du CHSCT. Elle se distance de la seule situation de l’agent dont le suicide est considéré comme une réponse unique à la détresse liée à sa personnalité, à sa situation et à son histoire, bien sûr, symptôme potentiel de souffrance en rapport avec l’organisation du travail. Il s’agit d’instruire ce rapport potentiel dans le même esprit de prévention, afin de, le cas échéant, entreprendre une transformation nécessaire à la préservation de la santé des salariés, comme l’a voulu le législateur ».
Dans ce même compte rendu de CHSCT, on y apprend que des point de vigilance et des axes d’amélioration se sont décliner, et devait être mise en place :
- organiser le dialogue continue avec l’intégralité des agents concernés en s’assurant réellement que toutes les informations données ont bien été comprises,
- éviter de sentiments d’abandon, en s’assurant ensuite que la hiérarchie aille régulièrement à la rencontre des agents pour évoquer l’avancée du processus et pour les diriger en cas de nécessité vers le service de la RH habilités,
- prendre en compte l’état d’esprit des agents, qui peut évoluer tout au long de la procédure, surtout en cas d’incertitude, voire d’angoisses engendrées par tout type de rumeur, (fondé ou non),
- prêter une attention toute particulière aux agents discrets, qui ne font pas parler d’eux et pas seulement à ceux qui s’expriment aisément, ou qui sont dans la revendication,
- réaliser, avec les services de la RH et la hiérarchie, une étude d’impacts sur la base d’un diagnostic de l’organisation existante (horaire, organisation, locaux, etc…) afin de détecter et d’anticiper les conséquences sur les agents d’un changement, quitte à envisager la possibilité de repenser le planning de réalisation, dans un souci de prévention,
- assurer une bonne articulation entre la hiérarchie et services de la DRH pour le suivi régulier et dans la durée des agents concernés, accompagner au besoin, par une tierce personne,
- organiser des découvertes de métier au sein des services de la collectivité afin de permettre à l’agent de mieux appréhender la réalité de son nouvel environnement de travail,
- mieux communiquer sur les interlocuteurs et les dispositifs d’alerte, de prévention et de prise en charge, intégrant la hiérarchie, la DRH et les représentants du personnel,
- mettre en place, à l’intention des collègues accueillants (responsables et agents), un processus d’intégration (réunion de service etc…) en soulignant l’importance de souligner tous les signes de mal-être, des nouveaux arrivants.
Monsieur Rémy Détang a conclu cette séance en espérant qu’un tel drame ne se reproduise plus. Il souhaitait, à ce moment-là, que les pistes d’action qui se sont dégagées de ce travail soient bien exploitées. Ont-elles réellement été exploitées par la suite de cette réunion ? La question reste posée. Une chose est certaine : d’autres suicides ont suivi cette réunion du 20 décembre 2017.
Michel LEBAULT s’est tué le 21 janvier 2018 (Agent de la voirie), Philippe ROUMILHAC, directeur du pôle environnement de Dijon Métropole, s’est lui aussi donné la mort le 14 juillet 2020, à 59 ans. Ses obsèques ont eu lieu le mardi 21 juillet 2020 à dix heures en la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon. Yvan PRETET s’est quant à lui donné la mort le 10 décembre 2023.
Au mois de février 2021, un rapport d’expertise du CHSCT, réalisé par le cabinet indépendant CATEIS, pointait une atmosphère de travail toxique, caractérisée par des pratiques managériales jugées humiliantes et harcelantes par de nombreux agents. La souffrance au travail était palpable, avec des conséquences parfois graves sur la santé mentale des employés. Ce rapport recommandait une « Mise en retrait de la direction actuelle de l’Exploitation qui a contribué à la dégradation des conditions de travail des agents, ce qui a eu pour conséquence, dans certains cas, une atteinte grave de la santé mentale » (page 57 du rapport). Il est important et nécessaire de rappeler que ni François Rebsamen, ni Nathalie Koenders, ni Rémi Détang n’ont pris l’initiative de suivre les recommandations de ce rapport, à savoir en premier lieu écarter la direction d’exploitation, qui a contribué à la dégradation des conditions de travail des agents, ce qui a eu pour conséquence, dans certains cas, une atteinte grave de la santé mentale.
François Rebsamen, Rémi Détang et Nathalie Koenders n’ont pas suivi les conseils du cabinet indépendant CATEIS. Pourquoi ? La question est posée. Beaucoup aujourd’hui attendent des réponses de la part des trois élus, qui pour le moment restent bien silencieux face aux attentes des salariés et de nombreux Dijonnais. Un silence qui ajoute de la colère à la colère. Cinq plaintes sont aujourd’hui déposées, et selon nos sources, d’autres plaintes devraient suivre dans les prochains jours.
Nos élus, François Rebsamen en premier lieu, doivent rendre des comptes. À défaut, cela semble inéluctable : ils devraient peut-être, nous disons bien peut-être, rendre des comptes à la justice. À ce stade, Dijon Métropole et son président, Rémi Détang, ainsi que Nathalie Koenders, restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés.