La municipalité de Dijon a inauguré le 24 mai 2024 les pavés de mémoire en hommage aux victimes de la rafle perpétrée par les nazis le 26 février 1942. Cette initiative vise à honorer la mémoire des onze Juifs enlevés ce jour-là et déportés vers les camps de concentration. François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon métropole, a conduit cette cérémonie en présence de Jean-Philippe Morel, adjoint au maire en charge des anciens combattants et de la défense nationale, Amelle Ghayou, secrétaire générale adjointe de la préfecture de la Côte-d’Or, et Moché Lewin, Grand rabbin et vice-président de la Confédération des rabbins européens.
Ces pavés de mémoire s’inscrivent dans la continuité d’un projet éducatif mené par les lycéens de l’établissement Charles de Gaulle, dirigé par leur enseignant en histoire contemporaine, Dimitri Vouzel. Grâce à des recherches approfondies basées sur des archives et des témoignages des familles des déportés, les élèves ont réussi à retracer le parcours de vie des victimes de cette rafle.
Lors de l’inauguration, François Rebsamen a déclaré : « Tous ont été raflés le 26 février 1942 à Dijon, tous ont subi le triste sort réservé à tant d’innocents par les troupes d’occupation nazies. Arrachés à leurs foyers, séparés de leurs familles, ils ont été déportés vers les camps de concentration, où la cruauté et l’inhumanité les attendaient. […] Avec ces 11 pavés de mémoire nous scellons notre promesse collective de ne jamais oublier. Tous ceux qui, demain, marcheront dans les rues de Dijon sauront que notre Ville se souvient de ceux qui ont souffert et perdu la vie parce qu’ils étaient juifs. […] Commémorer les événements tragiques du passé n’est pas seulement un acte de souvenir, c’est aussi un acte de vigilance. Nous devons rester fermes et intransigeants face à toute tentative de minimisation ou de négation des horreurs perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale. »
Les pavés de mémoire, ou « stolpersteine » (pierre d’achoppement), ont été initiés par l’artiste berlinois Gunter Demnig dans les années 1990. Destinés à faire « trébucher les passants avec leur conscience et leur cœur », ces pavés commémoratifs ont commencé à être posés légalement en 1997. Aujourd’hui, plus de 85 000 pavés de mémoire sont installés en Allemagne et dans 25 autres pays européens.
François Rebsamen a ajouté : « Ce projet, qui transcende les frontières, démontre que le combat pour la mémoire et contre l’oubli est un engagement partagé par les différents pays européens. […] L’Europe incarne le symbole de la paix et de l’union entre les nations après les ravages de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe, c’est l’ouverture, la solidarité, et non le repli sur soi. »
À Dijon, les pavés de mémoire ont été installés aux adresses des domiciles des victimes de la rafle, rappelant leur mémoire et leur tragique destin :
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9 rue du Bourg : Raphaël Amon, né à Istanbul en 1893, commerçant à Dijon, marié et père de quatre enfants.
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28 rue Amiral Roussin : Pierre Baruch, né à Dijon en 1905, charcutier à Dijon, marié et père de deux enfants.
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1 place Barbe : Maurice Bigio, né à Dijon en 1923, étudiant en classe préparatoire de mathématiques au lycée Carnot.
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9 rue du Chaignot : Joseph Blankenberg, né à Varsovie en 1889, ouvrier dans les usines Pétolat à Dijon, marié et père de quatre enfants.
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19 rue Berbisey : Robert Blum, né à Dijon en 1908, célibataire, voyageur de commerce.
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1 rue Garibaldi : Jacob Cher, né à Saint-Quentin en 1887, marié.
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31 rue Jacques Cellerier : Victor Friedrich, né à Metz en 1920, manutentionnaire à Prisunic à Dijon.
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9 rue Fournerat : Alfred Hauser, né à Besançon en 1888, négociant en tissus.
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31 rue Guillaume Tell : Gustave Judenkirsz, né à Varsovie en 1893, tapissier, marié et père d’une fille.
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10 rue d’Arbaumont : René Lévy, né à Troyes en 1900, industriel, marié et père de deux enfants.
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96 rue de la Liberté : Jacques Lichtenstein, né à Nyon en 1904, photographe à Mulhouse, célibataire.
Cette inauguration s’inscrit dans le cadre de l’année mémorielle des 80 ans de la libération de Dijon, soulignant l’importance de la mémoire et de la transmission de l’histoire aux générations futures.