Les locataires mécontents de leur bailleur social, Grand Dijon Habitat, ont un soutien de poids. Emmanuel Bichot estime que « le parc HLM est mal géré par certains bailleurs, je pense en particulier à Grand Dijon Habitat ». Il emploie des mots forts à l’encontre du bailleur social : » Nous continuerons à le dire, la situation est scandaleuse dans certaines résidences, et nous serons toujours aux côtés des locataires pour dénoncer cette mauvaise gestion « .
Pour en avoir le cœur net, nous avons contacté David Demey, président de l’Association CLCV de Côte-d’Or, afin de lui poser directement la question : Grand Dijon Habitat est-il mal géré, comme l’affirme Emmanuel Bichot ? David Demey nous a répondu sans détour : » Il y a, selon nous, une mauvaise gestion en ce qui concerne les interventions sur le terrain, comme pour l’ensemble des bailleurs sociaux, c’est indéniable. À titre d’exemple, des locataires qui attendent des mises aux normes dans leur logement pour éclairage qui dure depuis janvier 2024, des travaux de réfection de salle de bain qui empêchent l’utilisation de celle-ci pendant 15 jours et plus sans contrepartie, des demandes d’interventions, que ce soit pour une porte cassée ou d’autres problèmes similaires qui prennent beaucoup trop de temps. Pour nous, cela constitue effectivement une mauvaise gestion car le contrôle des prestataires n’est pas assez rigoureux à nos yeux, que ce soit pour les entreprises de nettoyage, l’entretien des espaces verts, etc. Si Emmanuel Bichot fait référence à ces sujets lorsqu’il parle de mauvaise gestion alors effectivement on ne peut pas lui donner tort.
(Intervention d’Emmanuel Bichot sur Grand Dijon Habitat : 5,50 min)
Cependant, David Demey précise : » Pour le reste, nous ne sommes pas en mesure d’affirmer si Grand Dijon Habitat est mal géré dans son ensemble, car, je le rappelle, nous avons choisi de ne pas présenter de liste lors des dernières élections HLM à Grand Dijon Habitat et nous ne siégeons donc pas au conseil d’administration ce qui limite notre champ d’action sur le fonctionnement interne mais force est de constater que dans certaines résidences la situation est scandaleuse et Emmanuel Bichot a raison de le dire. D’ailleurs, des situations scandaleuses existent aussi dans d’autres résidences et chez d’autres bailleurs sociaux, comme Habellis, CDC Habitat ou encore Orvitis et nous pensons réellement que le manque de personnel est le premier problème de cette gestion parfois problématique « .
Taxe foncière : l’abattement de 30 % pour les logements à loyer modéré au cœur des débats
L’abattement de 30 % sur la taxe foncière pour les logements à loyers modérés situés dans les quartiers prioritaires de la ville fait actuellement débat à Dijon. Il est important de rappeler que les bailleurs sociaux tels que CDC Habitat, Grand Dijon Habitat, Habellis, ICF Habitat Sud-Est Méditerranée et Orvitis bénéficient de cette mesure qui vise à compenser en partie les surcoûts de gestion liés aux besoins spécifiques de ces quartiers. . Sur la métropole dijonnaise, six quartiers sont concernés : Les Grésilles et Fontaine d’Ouche à Dijon, le Mail à Chenôve, le Bief du Moulin à Longvic, le Belvédère à Talant, et Quetigny centre
L’article 1388 bis du Code général des impôts prévoit effectivement que les logements locatifs sociaux des organismes HLM situés dans ces quartiers bénéficient d’un abattement de 30 % sur la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB). Pour en bénéficier, les bailleurs sociaux doivent être signataires du contrat de ville et d’une convention d’utilisation de cet abattement.
Lors du dernier conseil métropolitain qui s’est tenu le jeudi 26 septembre 2024, Nuray Akpinar-Istiquam a rappelé que « Dijon Métropole exige aux bailleurs sociaux une attention particulière sur trois axes : le renforcement de la présence de personnel de proximité, la tranquillité résidentielle ainsi que l’animation et le lien social. »
Cependant, pour Laurence Gerbet l’animation sociale ne suffit pas. « Le lien social, c’est très bien mais il faudrait mettre en place des mesures plus efficaces contre ces fléaux qui empoisonnent les locataires » a-t-elle déclaré en souhaitant que les bailleurs sociaux comme Grand Dijon Habitat se concentrent davantage sur les problèmes d’incivilités, de dégradations et de nuisibles. Selon elle, ces efforts devraient être la contrepartie de l’abattement de 30 % sur la taxe foncière.
La prise de position de Laurence Gerbet n’a pas laissé Hamid El Hassouni, président de Grand Dijon Habitat et élu PS, indifférent. Lors du conseil métropolitain, il a vivement réagi à cette intervention, dénonçant un discours basé sur des » clichés stigmatisants et abominables « . Il a ajouté : » Vous ne connaissez absolument pas la manière dont fonctionnent les bureaux HLM, et encore moins le mode de vie dans les quartiers populaires. Vous donnez l’impression de les apprécier, mais en réalité vous les détestez pour des raisons idéologiques. Madame Gerbet, je vous conseille de vous déconnecter des chaînes d’information en continu et d’aller voir ce qui se passe sur le terrain « .
De son côté, la CLCV de Côte-d’Or invite le président de Grand Dijon Habitat à se connecter un peu plus souvent à ce qui se passe sur le terrain, on a quelques exemples précis et il indique » Nous ne sommes ni de gauche, ni de droite, pour nous peu importe l’étiquette car c’est dans les actions concrètes qu’on peut juger un politique et à part de belles promesses (rires …) ! Cette prise de bec politique est loin d’être à la hauteur des attentes des locataires sur le terrain. Que le président Hamid El Hassouni invite madame Gerbet à se déconnecter des chaînes d’information en continu et à aller voir ce qui se passe sur le terrain ! Moi, je l’invite à nous contacter afin de lui exposer les quelques dossiers du terrain comme pour l’ensemble des bailleurs sociaux. L’attente est grande, il faut que les choses changent, c’est urgent ! « .