La situation financière de la France est préoccupante, voire critique. Le redressement budgétaire imposé aux comptes publics du pays aura des répercussions directes en Bourgogne-Franche-Comté. Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional, l’a souligné lors de la présentation des dossiers de la session plénière du 15 octobre à Dijon. Comme les autres collectivités territoriales, la région devra participer à cet effort de redressement, ce qui suscite des inquiétudes quant aux répercussions économiques et sociales.
L’arrivée au pouvoir de Michel Barnier a été marquée par une révision dramatique des comptes publics : le déficit s’élève à plus de 6 % du PIB, au lieu des 5,5 % prévus. En neuf mois seulement, le déficit a augmenté de 100 milliards d’euros, et la dette atteint aujourd’hui 112 % du PIB. Afin de respecter les engagements européens d’ici 2029, des économies de 100 milliards d’euros devront être trouvées.
La Cour des comptes a appelé l’ensemble des collectivités territoriales à participer à cet effort, avec une réduction de 8,8 milliards d’euros par an, notamment via une baisse des recettes et des suppressions de postes de fonctionnaires territoriaux. Le gouvernement de Michel Barnier envisage une contribution directe des collectivités de 5 milliards d’euros en 2025.
Face à cette situation, Marie-Guite Dufay n’a pas caché sa consternation. « Je n’ai jamais connu une situation pareille, » a-t-elle déclaré. La présidente de la Région n’hésite pas à critiquer les précédentes gouvernances, pointant du doigt les anciens Premiers ministres Élisabeth Borne et Gabriel Attal ainsi que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie pendant près de sept ans, pour leur mauvaise gestion des prévisions économiques. « Le gouffre financier est devant nous… La France est au bord de la faillite, » a-t-elle déploré.
Bien que Marie-Guite Dufay se montre solidaire du gouvernement de Michel Barnier, elle souligne que « les responsables sont encore en partie au gouvernement« . Selon elle, la situation actuelle est la conséquence de prévisions de croissance trop optimistes, de décisions budgétaires erronées et d’une mauvaise gestion des finances publiques.
Malgré la situation préoccupante, Marie-Guite Dufay a affirmé que la Région Bourgogne-Franche-Comté prendrait sa part dans l’effort national de redressement. Cependant, cette contribution aura des conséquences lourdes : « Cela veut dire moins de trains, moins de dotations aux lycées et une réduction de nos investissements. » Selon elle, les répercussions seront directes sur les services rendus aux habitants, entraînant une « dynamique négative » pour l’économie et des conséquences sociales potentielles.
La baisse prévue des dotations de l’État atteindrait 68 millions d’euros en 2025, impactant notamment la TVA, les recettes de fonctionnement et le remboursement du FCTVA. Ces coupes budgétaires pourraient mener à des non-remplacements de postes d’agents territoriaux et une réduction des investissements, ce qui serait une première en Bourgogne-Franche-Comté.
Face à ces contraintes, la présidente de la Région a déclaré vouloir protéger certains domaines considérés comme stratégiques, tels que la transition écologique, la formation des demandeurs d’emploi, ainsi que la culture et le sport. « Nous sommes en train de voir disparaître des pans entiers du vivant autour de nous, » a-t-elle averti, insistant sur l’importance de préserver la biodiversité et d’éviter une crise sociale parallèle à la crise financière.
En dépit des difficultés, Marie-Guite Dufay appelle à une mobilisation pour sauver le pays de la crise financière imminente : « Il faut se serrer la ceinture pour sauver notre pays« .
La présidente de la collectivité a également mis l’accent sur la situation de l’emploi. En raison des économies demandées, l’exécutif régional pourrait ne pas remplacer certains postes d’agents territoriaux. Quant aux investissements, ils pourraient être considérablement réduits. Les secteurs de la biothérapie, du nucléaire et de l’hydrogène ont toutefois été cités comme des voies possibles pour compenser la perte d’emplois, notamment dans le secteur automobile.
Pour affronter cette austérité budgétaire, l’association d’élus Régions de France prévoit de plaider pour de nouvelles sources de recettes, comme la suppression de l’exonération de carte grise pour les véhicules électriques ou encore une participation plus importante des entreprises via le versement mobilité. « Je compte sur le débat parlementaire pour revoir ces conditions draconiennes pour nos collectivités, » a ajouté Marie-Guite Dufay.
L’effort de redressement des finances publiques nécessitera des « arbitrages douloureux » et demandera du temps, a reconnu la présidente. Le calendrier des votes budgétaires a déjà été ajusté, les discussions prévues en février 2025 détermineront l’ampleur des mesures à prendre. Mais une chose est certaine, la Région est prête à faire face, bien que l’inquiétude demeure sur l’avenir des services publics locaux et de l’économie de la Bourgogne-Franche-Comté.