Plus de 1 100 policiers se sont suicidés au cours des vingt-cinq dernières années, soit en moyenne 44 suicides par an. Un chiffre alarmant, avec un taux de suicide supérieur de 50 % à celui de la population générale en France. Ce constat tragique révèle le profond mal-être qui sévit dans les rangs de la police nationale, un mal-être que Christophe Girard, ancien policier de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de Dijon, a choisi de témoigner sans filtre.
Invité hier soir sur le plateau du journal de CNews, Christophe Girard n’a pas caché la descente aux enfers qu’il a traversée. Après vingt-sept années de service, alors qu’il avait tout donné à ce métier qu’il aimait tant, la passion s’est muée en désespoir. À 41 ans, seul dans sa voiture, il a sorti son arme. C’était le geste ultime, pensé pour en finir avec un mal-être qui semblait insurmontable. C’était l’instant où l’adrénaline ne suffisait plus à combler le vide.
Aujourd’hui, Christophe Girard témoigne, non pas pour lui, mais pour tous ses collègues qui, comme lui, affrontent quotidiennement le stress, la violence, et la dépression. Il partage également son vécu dans un livre poignant intitulé « Descente aux Enfers d’un Flic de Terrain« , un ouvrage qui plonge le lecteur au cœur de la réalité des forces de l’ordre, entre dévouement et souffrance. Son témoignage est un appel à briser le silence autour des souffrances psychologiques des policiers, un phénomène que trop souvent la société préfère ignorer. Combien de policiers sont-ils, chaque jour, à penser au suicide ? Combien d’entre eux souffrent de stress post-traumatique, sans soutien, sans écoute, piégés dans un univers de plus en plus violent ?
La vie de policier, c’est affronter la dure réalité de la violence quotidienne, c’est faire face à des situations qui laissent des traces indélébiles. Pour Christophe Girard, l’équilibre a fini par se rompre. Mais, contre toute attente, après avoir touché le fond, il a décidé de mener une bataille personnelle pour s’en sortir. Cette bataille est devenue une croisade : aujourd’hui, Christophe Girard se bat pour aider ses pairs, pour que plus aucun de ses collègues n’ait à vivre ce qu’il a traversé. Son credo est simple mais puissant : apaiser les souffrances psychiques en libérant la parole.
En évoquant sans tabou son histoire, Christophe Girard a non seulement trouvé une manière de guérir, mais aussi d’aider d’autres à guérir. Son livre est devenu un outil de sensibilisation et de prévention, offrant un témoignage direct et sincère qui permet de mieux comprendre les défis psychologiques auxquels les policiers sont confrontés. Sa prise de parole a évité des dizaines de gestes de désespoir, elle a permis à d’autres policiers de se sentir compris, écoutés. C’est ainsi que Christophe a transformé son expérience traumatisante en un outil de prévention, un cri du cœur pour sensibiliser le grand public et les institutions sur l’urgence d’apporter un soutien réel aux forces de l’ordre. À travers son livre, il espère toucher non seulement ses collègues, mais aussi les citoyens et les décideurs, afin de faire évoluer les mentalités et les politiques publiques.
Aujourd’hui, le témoignage de Christophe Girard est bien plus qu’un simple récit. C’est une main tendue à tous ceux qui se sentent seuls, c’est un appel à réagir avant qu’il ne soit trop tard. Le suicide des policiers n’est pas une fatalité, c’est un échec de la société, un appel à mieux écouter ceux qui sont en première ligne pour protéger les autres. Libérer la parole, humaniser la fonction, apporter un soutien psychologique structurel : telles sont les voies préconisées par Christophe Girard pour prévenir l’irréparable.
Christophe Girard