Le 15 novembre dernier, une dernière réunion de négociation sur l’assurance chômage s’est tenue au siège de l’UNEDIC, pour fixer les nouvelles règles qui entreront en vigueur le 1er janvier prochain. Sous la pression du gouvernement, les partenaires sociaux ont été contraints de trouver des « économies », ciblant tout particulièrement les chômeurs seniors. Résultat : 2,5 milliards d’euros d’économies sur les quatre prochaines années seront réalisés sur le dos des plus précaires.
Ce nouvel accord est le fruit de la signature de trois organisations syndicales (CFTC, CFDT, et peut-être FO) qui ont cédé à la crainte que le gouvernement applique un projet encore plus dur en l’absence d’accord selon Solidaires de Côte-d’Or. Cette signature est justifiée au nom de la défense de l’emploi, alors même que plusieurs dizaines de plans sociaux en cours prévoient des milliers de licenciements. Il y a là une incohérence criante, où les sacrifices sont encore et toujours supportés par les plus fragiles.
Le nouveau coup de massue pour les précaires
Au menu des nouvelles mesures de réduction des droits selon le syndicat :
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Relèvement de l’âge pour bénéficier des indemnités seniors : l’âge minimum passe de 53 à 55 ans, et le palier suivant de 55 à 57 ans, conséquence directe de la réforme des retraites de 2023. Les seniors devront donc attendre plus longtemps avant de pouvoir toucher des indemnités spécifiques.
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Réduction des indemnités pour les chômeurs transfrontaliers : les chômeurs qui travaillaient à l’étranger, comme en Suisse, où les salaires sont plus élevés, verront leurs indemnités réduites. En outre, ils feront l’objet de contrôles accrus par France Travail pour s’assurer qu’ils acceptent des postes au niveau des salaires français, visant à radier le plus de personnes possible.
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Mensualisation à 30 jours des indemnités : chaque mois comptera désormais 30 jours pour le calcul des indemnités, entrainant une perte moyenne de cinq jours d’allocation par an pour les allocataires, soit 1,2 milliard d’euros d’économies sur quatre ans.
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Réduction de la cotisation patronale : la cotisation à l’assurance chômage prélevée sur les entreprises est réduite de 0,05 point. Le patronat a négocié un report de cinq mois de cette baisse en échange de son soutien à l’accord. Cela représente 1,5 milliard d’euros de recettes en moins pour l’assurance chômage sur quatre ans.
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Conditions de cotisation alourdies : à partir du 1er janvier 2025, il faudra justifier de cinq mois d’activité sur les deux dernières années pour pouvoir bénéficier de l’assurance chômage, contre six mois aujourd’hui. Ce durcissement contraste avec la situation de 2021, où quatre mois d’activité suffisaient.
Un accord déséquilibré au profit des entreprises
Ce sont donc des milliards d’euros qui ne viendront pas indemniser les chômeurs et chômeuses, notamment les salariés précarisés et victimes de licenciements massifs. Pendant ce temps, le patronat, même celui qui licencie, bénéficie d’une baisse de cotisations. Et ce n’est pas tout : les intermittents du spectacle ont été visés par une proposition de réduction de leurs droits, retirée seulement face à la menace d’une mobilisation massive dans les théâtres. Cela prouve une fois de plus que seule la lutte collective permet de faire reculer le gouvernement et le patronat.
Solidaires dans la Lutte !
L’Union syndicale Solidaires 21 appelle à la construction d’un rapport de force collectif dans les semaines à venir. Non seulement pour la défense de l’assurance chômage, mais aussi contre les licenciements. Face à ces attaques massives contre les conditions de vie, l’urgence est à l’action collective pour le syndicat : « unissons nos forces et nos luttes pour faire entendre nos revendications et obtenir satisfaction« .