Alors que le conseil municipal doit procéder ce soir au remplacement du maire par sa première adjointe, le président du mouvement Agir pour Dijon, Emmanuel Bichot, fustige cette manœuvre politique, qui selon lui, est bien éloignée des préoccupations des Dijonnais. Pour rappel, Emmanuel Bichot, président du Groupe Agir pour Dijon, est aujourd’hui le seul candidat déclaré pour les prochaines élections municipales de 2026.
François Rebsamen a annoncé lundi dernier vouloir transmettre son fauteuil à Nathalie Koenders, avez-vous été surpris ?
Emmanuel Bichot : Pas totalement surpris, car le maire a évoqué cette hypothèse à plusieurs reprises ces derniers mois, et récemment en disant qu’il garnissait la cave municipale pour sa « successeuse ». Je dirais plutôt choqué, comme de nombreux Dijonnais, car il avait promis lors des élections de 2020 de faire un mandat complet s’il était élu. C’est une habitude chez lui de revenir sur ses promesses de campagne : celle de ne faire que deux mandats en 2008, celle de ne se consacrer qu’à Dijon en 2014… En fait tout le monde a compris qu’il fait surtout comme cela l’arrange, et cela continuera lors des municipales de mars 2026 !
Trouvez-vous normal de transmettre ainsi ses fonctions en court de mandat ?
Emmanuel Bichot : Les Dijonnais sont perplexes, ils ne comprennent pas le motif de ce changement de maire à un an et trois mois de la fin de mandat. Il ne s’agit pas d’un empêchement puisque le maire se félicite de son excellent état de santé et fait référence de manière très désinvolte à ses parties de tennis. Pourquoi partir quand la mission n’est pas terminée et, pour tout dire, quand les problèmes s’accumulent ? Initialement, nous devions débattre ce soir des orientations budgétaires, dans un contexte compliqué pour les finances publiques qu’il venait d’ailleurs de souligner. L’ordre du jour est bouleversé pour mettre en vedette la première adjointe. Nous risquons de ne pas avoir de budgets à la ville de Dijon et à la métropole au 1er janvier 2025, ce qui serait dommageable. De nombreux sujets sont en souffrance. Les attentes des Dijonnais sont nombreuses, pressantes, mais la priorité de la majorité est de redistribuer les postes, pour bien peu de temps d’ailleurs.
Comment ne pas penser à une manœuvre électorale pour sauver la majorité actuelle en mars 2026, qui passerait avant les intérêts des Dijonnais ? Ce serait méconnaître que les Dijonnais ne sont certainement pas prêts à se laisser imposer leur choix dans les urnes.
Que pensez-vous du scrutin prévu ce soir ?
Emmanuel Bichot : Le changement de poste prévu ce soir n’est qu’une formalité. L’élection de la première adjointe au sein du conseil municipal ne fait aucun doute. C’est en réalité une désignation au sein de la majorité actuelle, qui est prépondérante en nombre du fait du mode de scrutin et de sa « prime majoritaire ».
Vous présenterez-vous ce soir au poste de maire ?
Emmanuel Bichot : Nous avons décidé avec le mouvement Agir pour Dijon de ne pas présenter de candidature dans un scrutin qui relève du simulacre de démocratie. Le rendez-vous important pour nous, c’est celui avec les Dijonnais en mars 2026.
Quelle sera la légitimité du maire désigné ce soir ?
Emmanuel Bichot : Sa légitimité sera faible car elle ne repose pas sur le vote populaire et parce que son prédécesseur garde les commandes. Il reste président de la métropole et conseiller municipal au sein d’une majorité qui est la sienne. Sa remplaçante sera sous tutelle, avec le risque d’être traitée comme une marionnette. Les Dijonnais peuvent se demander s’il lui tiendra la main lorsqu’elle signera un acte municipal. Le maire a d’ailleurs présenté sa décision en des termes quasiment moyenâgeux, féodaux, en parlant de transmettre son fauteuil et de présenter lui-même la candidature de sa remplaçante. C’est dévalorisant pour l’intéressée. Cette situation est également une source potentielle de confusion et de complications pouvant nuire au bon fonctionnement de nos institutions communales (mairie et métropole) dans les mois à venir.
Que pensez-vous du choix de François Rebsamen ?
Emmanuel Bichot : Le choix ne surprend personne, car le maire et sa première adjointe forment un tandem politique depuis dix ans. Pourtant, le bilan de la première adjointe est bien maigre selon nous, sur des sujets aussi importants que la sécurité, le personnel municipal ou les mobilités. Ce qui devient gênant, et les Dijonnais en prennent conscience, c’est cette campagne à grande échelle pour promouvoir cette élue et valoriser son image, qui mobilise des moyens publics considérables et nous éloigne des préoccupations des Dijonnais. Il est déjà prévu qu’elle plante symboliquement un arbre mercredi à 15 h, rue Monge, avec toute la presse invitée. Mais un arbre ne cachera jamais la forêt !
Ce changement de maire, qui aura lieu ce soir, est-il un tournant selon vous ?
Emmanuel Bichot : En réalité c’est un non-événement. La majorité municipale reste la même. Si c’est pour donner une impression de renouveau, c’est d’ores et déjà un flop ! Les Dijonnais sont lassés de ces arrangements à des fins personnelles. Le maire et sa première adjointe depuis dix ans sont des personnages du passé, qui doivent assumer solidairement un bilan de plus en plus négatif et inquiétant pour l’avenir. La municipalité actuelle est rattrapée par son bilan, la propagande ne suffit plus. C’est le revers de la médaille d’une politique axée sur la communication plutôt que sur les préoccupations des Dijonnais.