Chaque hiver, le risque d’intoxication au monoxyde de carbone augmente avec l’utilisation des appareils de chauffage, rappelle l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté. Invisible, inodore et non irritant, le monoxyde de carbone est un gaz indétectable par l’homme mais extrêmement toxique. En Bourgogne-Franche-Comté, entre juillet 2023 et juin 2024, 185 personnes ont été intoxiquées, dont 153 ont été admises aux urgences et deux ont perdu la vie. Pour prévenir ces drames, l’ARS recommande d’adopter des gestes simples et efficaces, basés sur la connaissance et la prévention.
Qu’est-ce que le monoxyde de carbone ?
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz produit par la combustion incomplète de combustibles comme le bois, le gaz naturel, le charbon ou le fioul. Ce gaz est particulièrement dangereux car il ne présente aucune caractéristique perceptible : il est invisible, inodore et non irritant, rendant sa détection impossible sans appareil adapté. Le CO peut être libéré par des appareils mal entretenus, défectueux, ou utilisés dans des lieux insuffisamment ventilés.
Le monoxyde de carbone agit sur l’organisme en se liant à l’hémoglobine du sang à la place de l’oxygène, empêchant ainsi l’oxygénation des organes vitaux. Les symptômes d’une intoxication peuvent varier en fonction de la concentration de CO dans l’air et de la durée d’exposition : cela peut aller de maux de tête, nausées, et vomissements à des troubles neurologiques graves, voire au coma et au décès. Ces symptômes peuvent être difficiles à identifier car ils ressemblent souvent à ceux d’autres pathologies bénignes, ce qui peut retarder la réaction appropriée.
Pourquoi le risque est-il accru en hiver ?
Les intoxications domestiques au CO surviennent plus fréquemment en période hivernale, quand les appareils de chauffage sont en marche pour assurer le confort des habitants. C’est une période critique car les logements sont souvent moins ventilés pour éviter les pertes de chaleur. Les chaudières, chauffe-eau, poêles, cheminées et autres sources de chaleur doivent fonctionner dans de bonnes conditions pour éviter la formation de CO. Un appareil mal entretenu, encrassé, ou une mauvaise aération peuvent facilement provoquer l’accumulation de ce gaz mortel.
Les périodes de grand froid incitent également à utiliser des dispositifs d’appoint de façon continue, ce qui n’est pas leur usage prévu, augmentant le risque d’intoxication. De plus, certaines pratiques comme l’utilisation de braseros, de barbecues à l’intérieur, ou encore des groupes électrogènes dans des espaces fermés, sont extrêmement dangereuses et à proscrire absolument.
Les bons gestes pour prévenir les intoxications
Heureusement, selon l’ARS, certaines mesures de prévention permettent de réduire significativement les risques. Voici les principales recommandations pour se protéger :
-
Entretenir les installations
Avant l’hiver, faites appel à un professionnel qualifié pour contrôler vos installations de chauffage et de production d’eau chaude. L’entretien annuel des chaudières est obligatoire, car il garantit leur bon fonctionnement et réduit le risque de production de CO. Faites également vérifier et ramoner les conduits de fumée au moins une fois par an pour garantir une évacuation correcte des gaz de combustion. Le ramonage mécanique permet de retirer les suies et résidus qui peuvent obstruer les conduits, assurant ainsi une évacuation sûre. -
Assurer la ventilation du logement
Une bonne ventilation est primordiale. Aérez votre logement au moins dix minutes par jour, même quand il fait froid. Cela permet de renouveler l’air intérieur et de garantir une bonne qualité de l’air. Les grilles d’aération, souvent situées dans les cuisines, les salles de bain, ou les chaufferies, doivent rester dégagées pour permettre une circulation constante de l’air. Ne bouchez jamais ces entrées d’air, même en cas de courant d’air, car elles sont vitales pour la prévention des intoxications. -
Utiliser les appareils à combustion de manière appropriée
Les chauffages d’appoint ne doivent jamais être utilisés en continu. Ils ne sont conçus que pour une utilisation intermittente et sur une courte durée. Une utilisation prolongée peut entraîner une accumulation dangereuse de monoxyde de carbone. Respectez strictement les consignes d’utilisation des appareils à combustion. Chaque appareil possède des spécifications qui doivent être respectées, notamment en termes de ventilation nécessaire et de durée maximale d’utilisation. N’utilisez jamais pour vous chauffer des appareils non conçus pour cet usage, comme des cuisinières, des braseros ou des barbecues. Ces appareils, lorsqu’ils sont utilisés en intérieur, produisent du CO en quantités dangereuses. -
Attention aux nouveaux appareils
Les groupes électrogènes doivent toujours être placés à l’extérieur, jamais dans un lieu clos comme une maison, une cave ou un garage. Leur utilisation en intérieur est extrêmement dangereuse car ils produisent du CO en grande quantité. En cas d’installation de nouveaux appareils à gaz, il est impératif de faire appel à un professionnel qualifié pour garantir la bonne installation. Demandez systématiquement un certificat de conformité lors de la mise en service, afin de vous assurer que l’installation respecte toutes les normes de sécurité en vigueur.
Que faire en cas d’intoxication ?
En présence de symptômes comme des maux de tête, des nausées ou des vomissements, en particulier si ces symptômes sont ressentis par plusieurs personnes dans un même espace, il est impératif d’agir rapidement. Ces symptômes doivent alerter, surtout s’ils disparaissent à l’extérieur de la pièce suspecte. Voici la conduite à tenir en cas de suspicion d’intoxication au monoxyde de carbone :
- Aérer immédiatement les locaux en ouvrant portes et fenêtres pour permettre une dilution rapide du gaz.
- Arrêter si possible les appareils à combustion en fonctionnement.
- Appeler les secours : contactez le SAMU (15), les pompiers (18) ou le numéro unique d’urgence européen (112). Pour les personnes malentendantes, il est possible d’envoyer un SMS au 114.
- Évacuer les locaux et les bâtiments : quittez immédiatement les lieux pour ne plus être exposé au monoxyde de carbone.
- Ne pas réintégrer les lieux avant d’avoir reçu l’avis d’un professionnel du chauffage ou des sapeurs-pompiers, qui vérifieront la sécurité des installations.
Une intervention rapide est essentielle pour limiter les effets de l’intoxication sur la santé. Le monoxyde de carbone se lie à l’hémoglobine environ 200 fois plus fortement que l’oxygène, ce qui rend les premiers soins et l’évacuation cruciaux.
Pour plus d’informations
L’ARS Bourgogne-Franche-Comté propose sur son site des ressources pour prévenir les intoxications au monoxyde de carbone, notamment la plaquette « Se chauffer sans risque », disponible à l’adresse suivante : https://www.bourgogne-franche-comte.ars.sante.fr/monoxyde-de-carbone-comment-se-chauffer-en-toute-securite.
La prévention des intoxications au monoxyde de carbone passe par la mise en œuvre de ces bonnes pratiques et par une sensibilisation de tous. Il est également recommandé, en complément, de s’équiper d’un détecteur de monoxyde de carbone conforme aux normes NF EN 50291 (ou NF 292), garantissant une mesure fiable. N’oubliez pas, la prévention est la meilleure des protections. Adoptez les bons gestes pour éviter les intoxications et passer un hiver en toute sécurité.