Hier soir, la salle était comble avec plus d’une cinquantaine de personnes réunies pour le lancement officiel de l’association « Les Projets de la Lib‘ ». Créée par Henri-Bénigne de Vregille, conseiller municipal de Dijon et délégué municipal du parti Horizons, cette nouvelle initiative vise à structurer et réunir les forces de droite et du centre à Dijon en vue des élections municipales de 2026. Le lancement a rassemblé des élus de différentes tendances politiques de droite et du centre, symbolisant peut-être le début d’un mouvement de convergence pour proposer une alternative claire face à l’actuelle majorité municipale. Henri-Bénigne de Vregille a accepté de répondre à nos questions, posant ainsi le cadre d’un avenir prometteur.
Pourriez-vous présenter » Les projets de la Lib’ » ? Quelle est la vision derrière cette association ?
Il s’agit d’une association politique, dont j’ai annoncé la création hier soir, pour structurer une offre politique nouvelle et opérer un début de rassemblement de la droite et du centre en vue des élections municipales de 2026. Tous ceux qui soutiennent mon initiative peuvent naturellement adhérer à cette association. Cette association doit devenir un lieu de réflexion et de débat pour imaginer et dessiner le Dijon de 2040. Pourquoi ce nom ? La résonance avec la Place de la Libération, haut-lieu de la vie publique et citoyenne dijonnaise, ne vous a pas échappé. Le clin d’œil à « la liberté », valeur essentielle pour moi est également assumé. Face à la « machine municipale » aux mains de la gauche et de l’extrême-gauche, qui bénéficie des énormes moyens de communication de la ville de Dijon, il est important pour la droite et le centre de s’organiser si on veut exister dans la campagne qui commence. Cette association est donc la première brique d’une stratégie de conquête de Dijon en 2026. Il y en aura naturellement d’autres.
Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer cette initiative en vue des élections municipales à Dijon ?
Après 25 ans d’un pouvoir sans partage, il est temps pour la gauche et l’extrême gauche de passer la main. L’usure du pouvoir est patente. Mais si la droite et le centre veulent bouter le clan Rebsamen hors de l’hôtel de ville, il ne faut pas louper le coche de 2026. En 2026, les Dijonnais doivent avoir conscience que si la liste de Nathalie Koenders gagne le scrutin, ils pourraient en reprendre pour 25 ans avec les communistes, les socialistes et les écologistes. Pour gagner en 2026, la droite et le centre doivent impérativement s’organiser et se rassembler. Il faut que nous parvenions, tous ensemble, à structurer des forces qui sont, aujourd’hui, importantes mais complètement désorganisées et disparates. Je vais être honnête avec vous. Je suis conseiller municipal d’opposition de Dijon depuis 2020 et l’image de la droite et du centre au conseil municipal n’est pas forcément très encourageante. Entre trahisons, scissions et voix divergentes, il faut bien avouer qu’il y a du boulot pour donner envie aux électeurs de nous faire confiance. Mais une fois qu’on a dit ça, soit on reste dans son coin et on se morfond dans son impuissance en attendant la fin, soit on se remue et on se mobilise pour que ça change. J’ai une très forte volonté de réussir cette unité et c’est la raison pour laquelle j’ai créé cette association et que j’ai également indiqué être candidat à la candidature de la droite et du centre afin de conduire ce rassemblement. À Dijon comme au niveau national, c’est d’ailleurs une des différences entre la droite et la gauche. La gauche et l’extrême-gauche sont d’accord sur peu de choses mais ils arrivent quand même à présenter une façade bien proprette aux électeurs pour conserver leurs mandats et les indemnités qui vont avec. À droite et au centre, on est d’accord sur presque tout mais ça se complique quand il faut parler d’une même voix. Les égos prennent souvent le dessus. Chacun peut penser qu’il est le meilleur et le candidat idoine derrière qui se ranger. C’est bien sûr faux mais ce n’est pas rédhibitoire ! J’ai confiance dans notre capacité à rabibocher tout ce petit monde et à partir unis au combat de 2026.
Quelles sont selon vous les principales problématiques auxquelles Dijon fait face aujourd’hui et comment votre association pourrait apporter des solutions ?
Dijon est une belle ville qui, contrairement à ce que la majorité de gauche et d’extrême-gauche essaie de faire croire, n’est pas sortie de l’âge de pierre en 2001. La ville avait déjà de vrais atouts, certains ont été renforcés, d’autres se sont affaiblis. Aujourd’hui, les défis qui se présentent à nous sont de plusieurs ordres et notre association a vocation à y réfléchir pour préparer l’action de demain. Tout d’abord un défi particulièrement central est celui du trafic de drogue et de la sécurité des habitants notamment dans les quartiers populaires où les règlements de compte se sont multipliés mais pas que car on connait une violence récurrente ailleurs, comme place de la République. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, le Maire a une responsabilité sur le sujet des trafics notamment sur la sensibilisation aux risques de la consommation, la responsabilité des bailleurs sociaux, la protection des agents publics contre les pressions extérieures et la lutte contre le blanchiment territorial d’argent… C’était le cas pour François Rebsamen, c’est le cas pour Nathalie Koenders et le bilan est mauvais. Le second défi est celui de l’enclavement de la Région Bourgogne-FrancheComté et par voie de conséquence de sa capitale. Nous sommes fiers en tant que Dijonnais d’être la capitale régionale. Cependant, pour assurer ce rayonnement, il faut nous relier au monde afin d’attirer les investisseurs, les congressistes, les touristes. Le sujet de la desserte ferroviaire est majeur (fréquence pour Paris, retour de la ligne Roissy-Lille, investissements importants pour la ligne DijonLyon). Le troisième défi est celui de la gestion du changement climatique. Nous devons faire face à des étés de plus en plus chauds dans des quartiers de plus en plus denses avec des logements loin d’être adaptés. De même, les épisodes de pluies intenses succèdent à des périodes de sécheresse. Il faut que nous renforcions notre capacité à conserver l’eau et à gérer des inondations ou des saturations.
Quels projets spécifiques souhaitez-vous voir se concrétiser pour améliorer la qualité de vie des Dijonnais ?
Je n’en suis qu’au début de ma candidature. Je n’ai pas la prétention d’arriver avec un programme tout cuit et de demander aux Dijonnais de signer en bas de la feuille sans poser de questions. Le programme, qui ne sera pas un document de com’ ni un inventaire à la Prévert de mesures cosmétiques, mais plutôt les grandes lignes d’une vision optimiste, dynamique et partagée avec le plus grand nombre, sera présenté en temps et en heure. Je peux simplement vous dire que j’ai bien sûr déjà un certain nombre d’idées à travailler et à concrétiser. Mon ambition est de faire de Dijon une ville apaisée, dynamique, sûre et solidaire. Et comme je n’ai pas la prétention d’avoir la science infuse et de tout connaître, je me suis entouré d’une équipe de citoyens et de professionnels motivés. Ma candidature, et je le répète, n’est pas une démarche solitaire et isolée. Je suis très bien entouré et la réunion d’hier soir d’officialisation des « projets de la Lib’ » en est la preuve. Par ailleurs, l’idéal serait de porter un programme dans le cadre d’un rassemblement. Travaillons. Rassemblons-nous et proposons !
Avez-vous des idées concernant l’environnement, l’aménagement urbain ou la mobilité à Dijon ?
Votre façon de lier environnement, aménagement urbain et mobilité est intéressante car finalement elle décrit les différentes facettes de l’urbanisme, c’est-à-dire d’une politique pour penser la ville dans sa globalité à moyen terme. Aujourd’hui je regrette une absence de vision d’ensemble. Des quartiers sortent de terre parfois sans cohérence en eux-mêmes et parfois même sans cohérence entre eux. Je ne comprends pas le projet urbain actuel de l’avenue Jean Jaurès par exemple. Cette avenue récemment aménagée sans piste cyclable est entourée de bâtiment qui n’ont aucune cohérence entre eux. Par ailleurs les lieux de vie partagés n’y sont pas assez anticipés. Aujourd’hui on pare au plus pressé avec une vision idéologique du logement et sans stratégie de long terme si ce n’est construire. Bien sûr, il faut construire des logements mais on peut le faire différemment, j’en suis convaincu. Sur la circulation, il y aurait également beaucoup à dire. Le refus idéologique des automobiles crée des saturations artificielles. Je pense évidemment à la place du 30 octobre que Nathalie Koenders porte et qui est le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire, au secteur de la gare ou bien encore à la place du 1er mai. Il faut changer d’objectif et prioriser la fluidité de toutes les mobilités. En disant cela, je ne rejette ni la piétonisation de certaines rues du centre-ville ni les aménagements cyclables. Il faut simplement arrêter d’opposer les mobilités entre elles. Des cyclistes sécurisés, ce sont également des automobilistes sécurisés et inversement.
Comment votre association se positionne par rapport aux acteurs politiques déjà en place à Dijon ?
Ma candidature est une candidature de rassemblement. Vous allez dire que tout le monde dit toujours qu’il veut rassembler. C’est vrai qu’en politique, tous les candidats veulent rassembler. Mais à condition qu’on s’aligne tous derrière chacun d’entre eux. Je vais peut-être vous décevoir mais il n’existe pas de candidat divin. Il n’existe pas de candidat indiscutable. Il n’existe pas de candidat indispensable. Si on prône l’intérêt général, il faut savoir discuter. Si on veut rassembler, il faut savoir se regrouper derrière celui qui paraît le plus à même d’assumer le leadership. Je prône le rassemblement de la droite et du centre mais je ne fais pas de la tête de liste une condition sine qua non de ma démarche. Je suis candidat à la candidature mais, si d’aventure, une autre candidature plus susceptible de faire gagner mon camp, venait à émerger, je n’aurais pas de difficulté à le reconnaître et à travailler avec elle. Attention, je ne veux pas faire de fausse modestie. Si je me présente, c’est que je crois fermement en ma capacité à faire émerger ma candidature et à rassembler tous mes amis de la droite et du centre. Mais je n’en fais pas une affaire personnelle.
Envisagez-vous de collaborer ou de proposer une alternative claire ?
Hier, lors du lancement de mon association, il n’y avait pas que des citoyens et des élus de centre-droit, il y avait également des élus et militants LR ou de Nouvelle énergie. Je les ai invités parce que je veux mettre en adéquation mes actes et mes paroles. Je veux une alliance de la droite et du centre. Nous avons les mêmes ambitions pour notre ville. Nous avons un corpus idéologique largement compatible. Je vais me répéter mais je pense sincèrement que ce qui nous rassemble est beaucoup plus fort que ce qui nous divise. Traçons chacun notre voie. Faisons campagne. Échangeons avec les Dijonnais. Partageons nos projets. Et à la fin, nous nous rassemblerons derrière celle ou celui qui sera le plus à même de faire gagner notre camp.
À Dijon, un élu estampillé Horizons a récemment rejoint la majorité municipale. Alors que vous-même appartenez au parti créé par Édouard Philippe et que vous vous inscrivez clairement dans l’opposition, n’avez-vous pas peur que les électeurs n’y comprennent plus rien ?
Votre question va me permettre d’éclaircir la situation. Je suis le seul délégué du parti Horizons à Dijon. Le parti créé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe est un mouvement de centre-droit, opposé au parti socialiste et encore plus à l’extrême-gauche. N’oublions pas qu’à Dijon, la nouvelle maire est une élue socialiste, marquée à gauche, qui a soutenu Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022, qui a soutenu la NUPES en 2022 et le Nouveau Front Populaire en 2024. Il faut être très clair : la NUPES et le NFP sont des alliances de gauche et d’extrême-gauche dominées par Jean-Luc Mélenchon et ses amis de LFI. Elles sont des dangers pour la France, pour l’unité du pays et pour la cohésion nationale. Elles ne prônent que le chaos, le désordre, la désobéissance. C’est ça le NFP et le vote récent de la censure l’a confirmé. C’est ce clan que l’élu dont vous parlez a rejoint. Je suis en contact avec les instances nationales d’Horizons pour mettre fin à cette situation ridicule. Pour ma part, je préfère perdre en défendant mes idées qu’obtenir un hochet en trahissant mes convictions. Et je vais vous le dire, cette défense de ses propres convictions dans la situation inconfortable de la minorité est même le gage de futures victoires.