Les résultats des élections professionnelles 2024 dans les très petites entreprises (TPE) ont été proclamés le 20 décembre. Ces élections, qui concernent près de 5,3 millions de salariés, ont mis en lumière des résultats contrastés : la CGT conforte sa position de leader, mais la participation reste très faible, illustrant des problèmes récurrents dans l’organisation de ce scrutin.
La CGT en tête avec une avance significative
Pour la quatrième fois, la CGT s’impose comme la première organisation syndicale des salariés des TPE, recueillant 27,64 % des voix, soit une avance de près de 13 points sur la deuxième organisation syndicale. La CGT salue ce résultat comme une reconnaissance du « syndicalisme de lutte et de proximité » qu’elle porte.
« Ce vote renforce notre détermination à agir aux côtés des salariés des TPE pour des revendications concrètes : augmentations salariales face à l’inflation, sixième semaine de congés payés, et droits accrus à des activités culturelles et sportives », a déclaré le syndicat. La CGT a également souligné que ce résultat envoie un « message fort à destination des pouvoirs publics et des entreprises », réaffirmant le choix des salariés pour un syndicalisme actif et proche des réalités du terrain. Le syndicat a appelé les salariés à rejoindre ses rangs pour renforcer cette dynamique et continuer à conquérir de nouveaux droits.
De son côté, Solidaires a enregistré une progression en voix, passant de 4,27 % en 2021 à 5,34 % en 2024. « Bien que le taux de participation soit historiquement bas, cette progression montre que notre message trouve un écho grandissant chez les salariés des TPE et associations », a déclaré le syndicat. Solidaires insiste sur l’urgence de renforcer les droits des salariés de ces petites structures et propose notamment la création d’un poste de délégué syndical de proximité pour assurer une meilleure défense des travailleurs au quotidien.
« Nous constatons que les pouvoirs publics n’ont pas permis une campagne électorale digne de ce nom. Sans moyens adaptés, il est impossible de sensibiliser efficacement les salariés aux enjeux de ces élections », a ajouté Solidaires, dénonçant les carences organisationnelles qui ont entaché le scrutin.
Une participation en chute libre
Malgré les efforts des organisations syndicales, la participation n’a atteint que 4,09 %, en recul par rapport aux 5,44 % enregistrés en 2021. Ce taux très bas est pointé du doigt par la CGT et Solidaires comme une des conséquences des dysfonctionnements organisationnels. Selon un sondage de la CGT réalisé en octobre 2024, plus de 50 % des salariés des TPE n’étaient même pas informés de ces élections.
Plusieurs problèmes sont à l’origine de cette faible mobilisation :
- Peu d’information diffusée par les pouvoirs publics;
- Difficultés d’accessibilité au vote en ligne;
- Non-inscription de certains électeurs;
- Matériel de vote non reçu par des milliers de salariés.
Pour Solidaires, ces échecs organisationnels illustrent un désintérêt des pouvoirs publics pour ces élections. « Une véritable campagne d’information et des moyens adaptés auraient permis une participation bien plus significative », regrette le syndicat.
Des revendications pour une représentation plus efficace
Face à cette situation, les deux syndicats ont formulé des propositions concrètes :
- Revoir les modalités d’organisation des élections avec un vote sur liste commune à tous les salariés du public et du privé;
- Renforcer les Commissions Paritaires Régionales Interprofessionnelles (CPRI) en leur donnant des prérogatives accrues et une organisation à maille départementale;
- Rétablir les élections aux conseils de prud’hommes.
La CGT et Solidaires s’accordent également sur l’urgence de donner aux salariés des TPE de nouveaux droits, comme l’instauration de délégués syndicaux de proximité pour mieux défendre leurs intérêts au quotidien.
Une alerte pour la démocratie sociale
Ces élections mettent en lumière un paradoxe : alors que la CGT progresse et renforce sa légitimité, la faible mobilisation des électeurs interroge la démocratie sociale. « Ce vote est un signal d’alerte adressé aux pouvoirs publics et au patronat », souligne la CGT, qui appelle à une réforme ambitieuse du cadre électoral pour garantir une représentation à la hauteur des enjeux.
Solidaires abonde dans le même sens : « Sans un changement profond dans l’organisation des élections, la démocratie sociale continuera de s’effriter, laissant de nombreux salariés sans voix ni représentation efficace ».
Alors que le syndicalisme continue de lutter contre des obstacles structurels dans les TPE, ces élections rappellent la nécessité d’une mobilisation collective pour assurer une représentation efficace des salariés dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.