Lors de la cérémonie de vœux à la presse organisée le mardi 7 janvier 2025, Nathalie Koenders, maire de Dijon, a exprimé ses inquiétudes face à la désinformation en ligne. Elle a notamment évoqué son intention de se retirer du réseau social X (anciennement Twitter), qu’elle considère comme un vecteur majeur de propagation de fake news.
Dans le cadre de cette première cérémonie de vœux dédiée à la presse, tenue à l’hôtel de ville devant une trentaine de journalistes, Nathalie Koenders a insisté sur l’importance du journalisme dans la préservation des valeurs démocratiques. À l’occasion du dixième anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo, elle a rappelé « son attachement à la liberté d’expression » et souligné le rôle central des journalistes dans « la transparence et la responsabilité des autres pouvoirs ».
Elle a également alerté sur les dangers croissants liés à la désinformation : « Les fake news se multiplient, et il est indispensable de disposer d’informations justes pour préserver notre équilibre civique. »
Un départ envisagé de X : une décision symbolique
Dans son discours, Nathalie Koenders a annoncé qu’elle envisageait sérieusement de quitter le réseau social X, propriété du milliardaire Elon Musk, expliquant que la plateforme est devenue un lieu de désinformation massive : « Je n’ai pas été attaquée personnellement, mais je pense que je vais quitter le réseau X. Il est plein de fake news, d’images horribles et terribles. »
Elle a notamment partagé une anecdote personnelle pour illustrer ses propos. Lors d’un récent séjour familial à Milan, elle a constaté la diffusion d’une fausse information sur X : « Alors que j’étais près de la cathédrale, certains annonçaient sur X une invasion d’islamistes sur la place. J’ai bien vu que c’était une fake news puisque j’étais présente. Cela m’a encore plus motivée à l’idée de sortir de ce réseau. »
Un signal fort contre la désinformation
Envisager de quitter un réseau social aussi influent que X est un acte fort, particulièrement dans un contexte où les débats sur la régulation des plateformes numériques s’intensifient. La décision de Nathalie Koenders pourrait relancer les discussions sur le rôle des élus dans la lutte contre la désinformation, tout en soulignant l’urgence de garantir un espace médiatique basé sur la fiabilité et la transparence.
Son choix rejoint ainsi un nouveau mouvement baptisé « Hello quitte X« , qui appelle à un départ collectif et coordonné de la plateforme avec une date symbolique fixée au 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche.
« Hello quitte X » est une initiative lancée par des universitaires, associations et personnalités du Net, qui milite pour quitter le réseau social d’Elon Musk en trois étapes et transférer sa communauté vers des plateformes alternatives telles que Mastodon ou Bluesky.
David Chavalarias, chercheur au CNRS et membre du mouvement, dénonce la transformation de X en une « machine à promouvoir une idéologie » et un outil d’ingérence politique. Depuis son rachat par Elon Musk, le réseau social serait devenu un danger pour la démocratie : « Depuis que Twitter est devenu X, c’est devenu un réseau qui est instrumentalisé à des fins politiques allant à l’encontre de la démocratie. »
Le collectif a développé un outil permettant de transférer ses abonnements et abonnés vers d’autres plateformes afin d’assurer une migration sans perte de communauté. Ce dispositif sera pleinement opérationnel le 20 janvier, permettant un départ coordonné.
Une critique croissante de X et de son propriétaire
Depuis son acquisition par Elon Musk, X a été au cœur de multiples controverses. Selon David Chavalarias, la plateforme favorise la polarisation politique et l’ingérence électorale : « Elon Musk utilise X pour soutenir des partis d’extrême droite et influencer des élections, comme aux États-Unis avec Donald Trump, ou en Europe avec des figures comme Giorgia Meloni. »
Le soutien d’Elon Musk à Donald Trump lors de l’élection présidentielle américaine de 2024 aurait été récompensé par la nomination du milliardaire à la tête du Department of Government Efficiency (DOGE). Une intervention perçue par de nombreux observateurs comme une menace accrue pour les valeurs démocratiques.
Les alternatives : Mastodon et Bluesky
Face à la dérive de X, le mouvement « Hello quitte X » propose de migrer vers des réseaux sociaux décentralisés, notamment Mastodon et Bluesky. Si Mastodon offre une véritable indépendance grâce à son modèle décentralisé, Bluesky reste sous l’influence de son serveur principal, bien qu’il soit techniquement décentralisé. Le choix d’une nouvelle plateforme reste donc un enjeu crucial pour les utilisateurs en quête de liberté et de sécurité numérique.
Une lutte pour l’avenir des réseaux sociaux
Le mouvement « Hello quitte X » met en lumière une prise de conscience grandissante : le choix d’un réseau social influe directement sur le paysage politique et médiatique. En donnant aux utilisateurs les moyens de choisir des alternatives respectueuses de leurs droits, cette initiative vise à rétablir un équilibre démocratique et à contrer l’instrumentalisation des plateformes numériques par des intérêts privés.