La Ligue des droits de l’Homme (LDH) s’élève fermement contre la circulaire Retailleau, récemment publiée, qu’elle qualifie de « moins d’humanité, encore plus de misère, de précarité et de souffrances ». Dans un communiqué, la LDH détaille les impacts désastreux de cette circulaire sur les personnes étrangères en France et dénonce une politique migratoire qu’elle juge inefficace, discriminatoire et inhumaine.
Une politique basée sur la désinformation et l’arbitraire
La LDH accuse les autorités de mener une campagne de désinformation, entretenant un amalgame dangereux entre immigration et délinquance. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, moins de 2 % des obligations de quitter le territoire français (OQTF) émanent d’une condamnation pénale, contrairement aux discours qui associent systématiquement immigration et insécurité.
La Ligue souligne également que la France, bien qu’expulsant proportionnellement plus que des pays comme l’Espagne ou l’Allemagne, persiste dans une politique d’OQTF massives, souvent sans fondement. Les conséquences humaines de ces pratiques sont tragiques : familles séparées, jeunes intégrés dans la société française menacés d’expulsion, femmes victimes de violences renvoyées vers leurs agresseurs, et travailleurs « sans-papiers » exploités dans la clandestinité.
Des consignes qui renforcent la précarité
La circulaire Retailleau, selon la LDH, accentue les difficultés pour les étrangers en situation irrégulière de régulariser leur statut. Parmi les mesures dénoncées :
- Réduction drastique des régularisations humanitaires et familiales : Il faudra attendre sept ans de clandestinité pour espérer une régularisation, et toute tentative antérieure infructueuse rendra cette démarche impossible.
- Exigences absurdes sur le niveau de langue française : Une régularisation sera conditionnée à l’obtention de diplômes ou de certifications, un critère que beaucoup ne peuvent remplir faute de moyens.
- Durcissement des critères de régularisation par le travail : Les travailleurs devront prouver qu’ils ont exercé sans autorisation pendant de longues années, un processus absurde et périlleux qui décourage toute demande de régularisation.
- Expulsions arbitraires pour « menace à l’ordre public » : La LDH dénonce un critère vague et discrétionnaire, utilisé pour justifier des expulsions sur des bases infondées, parfois même sans condamnation.
Un coût humain et économique inacceptable
La Ligue met en lumière les contradictions économiques de cette politique, en rappelant que de nombreux secteurs, comme l’hôtellerie-restauration, la construction ou l’aide aux personnes âgées, dépendent de travailleurs sans-papiers. Elle qualifie ces mesures d’« absurdité économique et sociale », contraires aux revendications des syndicats et des employeurs eux-mêmes.
Un combat pour l’égalité des droits
Face à ce qu’elle perçoit comme une « double peine » infligée aux étrangers, la LDH réaffirme son engagement pour l’égalité des droits et son opposition totale à une politique qu’elle juge inefficace et cruelle. En collaboration avec ses partenaires associatifs et syndicaux, elle promet de continuer à se mobiliser contre cette circulaire et pour une société plus juste et solidaire.
Pour la LDH, il est urgent de mettre un terme à ces pratiques qui ne font qu’aggraver la précarité et diviser la société. « Nous réaffirmons plus encore l’impérieuse nécessité de l’égalité des droits pour toutes et tous », conclut la Ligue dans son communiqué.