Ils et elles étaient une quarantaine à battre le pavé cet après-midi dans les rues de Dijon. Ces manifestants, ce sont les directeurs des services de greffe, un corps professionnel méconnu du grand public, mais pourtant essentiel au bon fonctionnement des juridictions françaises. Invisibilisés et lassés d’être les « grands oubliés de la justice », ils ont répondu à l’appel d’une mobilisation nationale ce 27 janvier 2025 pour réclamer une reconnaissance statutaire et financière à la hauteur de leurs responsabilités.
Une mobilisation qui réunit professionnels et élèves en formation
Parmi les manifestants dijonnais, les directeurs en poste étaient rejoints par des élèves en formation à l’École nationale des greffes, située à Dijon. Ce mouvement collectif témoigne d’une exaspération croissante face au manque de considération pour un métier dont la polyvalence et l’importance restent largement méconnues.
Cette manifestation s’inscrit dans un contexte de frustration palpable, notamment en raison des reports successifs d’une rencontre cruciale avec le Garde des Sceaux, initialement prévue après la signature d’un protocole d’accord en octobre 2023. La nouvelle date du 11 février 2025 est désormais perçue comme un test décisif, mais aussi comme une dernière chance de voir émerger des mesures concrètes.
Un métier clé dans l’ombre
Les directeurs des services de greffe sont souvent surnommés la colonne vertébrale de l’organisation judiciaire. Leur rôle dépasse largement les perceptions du public. Ils sont responsables de :
- La gestion financière des juridictions,
- Le management des équipes,
- L’organisation des ressources humaines,
- La sécurité des magistrats et des juridictions,
- Le suivi statistique et administratif.
« Nous sommes les garants de l’efficacité et de l’équilibre des juridictions. Pourtant, nous restons dans l’ombre, sans reconnaissance adéquate pour la complexité de nos missions », dénoncent les manifestants.
Mais derrière cette polyvalence se cache une réalité pesante :
- Une charge de travail écrasante, aggravée par des sous-effectifs chroniques,
- Un management en mode “crise” permanent, empêchant toute innovation,
- Une absence de revalorisation financière et statutaire, en décalage total avec leurs responsabilités,
- Un sentiment d’abandon, minant leur motivation et leur engagement.
Des revendications claires pour une justice forte
Les directeurs des services de greffe, souvent peu visibles dans les discussions sur la réforme de la justice, portent pourtant des revendications cruciales :
- Une revalorisation statutaire et financière proportionnée à leurs responsabilités, pour attirer et fidéliser des talents dans ce métier.
- La reconnaissance officielle de leur rôle stratégique, indispensable au bon fonctionnement et à la modernisation des juridictions.
- Un dialogue respectueux et permanent avec les autorités compétentes, pour co-construire l’avenir de la profession.
Un signal d’alerte pour le système judiciaire
Cette mobilisation dépasse la simple revendication professionnelle. Elle met en lumière une crise plus profonde qui touche l’ensemble du système judiciaire français.
« Nous sommes au cœur du fonctionnement des juridictions, mais nous sommes invisibilisés. Sans notre travail, c’est toute la justice qui vacille », alertent-ils. Ce cri du cœur reflète un enjeu plus large : la nécessité de renforcer les piliers de la justice pour garantir son efficacité et son accessibilité à tous.
Une journée déterminante pour l’avenir
Cette manifestation du 27 janvier 2025 à Dijon, mais aussi dans d’autres villes françaises, marque une étape cruciale. Les directeurs des services de greffe ne demandent pas des privilèges, mais des mesures concrètes pour valoriser leur engagement et assurer la pérennité de leur métier.
La rencontre avec le Garde des Sceaux le 11 février sera scrutée de près. Elle devra répondre à une question essentielle : la justice est-elle prête à reconnaître et à soutenir ses rouages essentiels pour garantir son bon fonctionnement ?
En attendant, les directeurs des services de greffe unissent leurs voix pour rappeler qu’une justice forte repose sur des professionnels reconnus et respectés. Leur combat dépasse leur propre cause : il s’agit aussi de défendre l’équilibre et l’avenir du service public de la justice.


















