Le trafic illicite de tabac reste une problématique majeure en France, et la région Bourgogne-Franche-Comté ne fait pas exception. Face à cette menace croissante, les services douaniers intensifient leurs efforts pour endiguer ces flux illégaux. Le préfet de la région a récemment mis en avant l’engagement des autorités locales dans la lutte contre ce fléau, notamment au travers du plan national de lutte contre les trafics illicites de tabac 2023-2025.
Une surveillance accrue des axes routiers et du commerce en ligne
Dans la région, la Direction Régionale des Douanes et Droits Indirects de Dijon (DRDDI) est en première ligne. Elle mobilise ses trois brigades de surveillance intérieure (BSI), basées à Auxerre, Dijon et Chalon-sur-Saône, pour surveiller les axes routiers principaux et secondaires. Ces unités effectuent des contrôles dynamiques, interceptant régulièrement des véhicules transportant du tabac de contrebande.
En parallèle, les services douaniers ont renforcé leur stratégie financière afin de mieux appréhender les flux monétaires liés au trafic de tabac. Cette approche permet de frapper directement les organisations criminelles en identifiant et en bloquant les circuits de blanchiment. De plus, une surveillance renforcée est mise en place dans les centres de fret express et postal afin d’intercepter les envois frauduleux.
Les GLATT, fer de lance de la lutte anti-trafic
Parmi les dispositifs mis en œuvre, les Groupes de Lutte Anti-Trafics de Tabac (GLATT) jouent un rôle central. La DRDDI de Dijon s’est dotée de son propre GLATT Bourgogne, visant à coordonner l’ensemble des services douaniers pour maximiser l’efficacité des interventions. Ces groupes permettent une mobilisation rapide et efficace dès qu’une information pertinente est recueillie, qu’il s’agisse de signalements de buralistes ou de renseignements transmis par la police et la gendarmerie.
Des saisies en forte augmentation
L’opération COLBERT II, menée en mars 2024, illustre l’efficacité du dispositif mis en place. Avec une saisie totale de 345 kg de tabac, soit près de cinq fois plus que lors de l’édition précédente, elle marque un tournant dans la lutte contre ce trafic.
Par ailleurs, plusieurs saisies spectaculaires ont eu lieu ces derniers mois :
- 25 février 2024 : saisie de 151 kg de tabac sur l’autoroute A6 dans un camion bulgare.
- 28 février 2024 : interception d’une tonne de cigarettes à Mâcon grâce à une collaboration avec la gendarmerie.
- 1er avril 2024 : découverte de 47 kg de tabac dissimulés sous des matelas dans un véhicule en provenance du Luxembourg.
- 7 avril 2024 : saisie de 83 kg de cigarettes dans un bus Flixbus sur l’aire de la Loupière.
- 8 mai 2024 : interception de 160 kg de tabac à Chalon-Sud dans un fourgon.
- 4 juin 2024 : contrôle d’un véhicule sur l’A31 révélant 87 kg de tabac destinés à Dijon.
- 14 décembre 2024 : saisie de 69 kg de tabac à narguilé et de cigarettes dans un bus.
Le début de l’année 2025 confirme cette tendance, avec deux opérations majeures :
- 15 janvier 2025 : interception de 1 150 kg de cigarettes sur l’A6 par la BSI de Dijon.
- 20 janvier 2025 : saisie de 996 paquets de cigarettes sur l’A77 par la BSI d’Auxerre.
Une lutte qui s’intensifie dans un climat de tensions
Face à l’ampleur du phénomène, les services douaniers, en collaboration avec les forces de l’ordre et la préfecture, poursuivent leurs efforts pour tarir les sources d’approvisionnement et sanctionner les contrevenants. La mise en place de mesures telles que les fermetures administratives de commerces revendant illégalement du tabac participe également à cette dynamique.
Cependant, cette lutte contre le trafic de tabac intervient dans un contexte tendu. Hier, à l’appel de la Confédération des buralistes, des buralistes se sont rassemblés à Dijon et partout en France pour manifester contre une nouvelle hausse des prix du tabac. Ils dénoncent une politique fiscale qui, selon eux, favorise le marché noir et met en péril leur activité. Un enjeu supplémentaire pour les autorités, qui doivent à la fois lutter contre les trafics tout en prenant en compte les difficultés économiques des commerçants légaux.
Le trafic de tabac, bien que souvent perçu comme un délit mineur, représente une manne financière considérable pour les réseaux criminels et un manque à gagner significatif pour l’État. La mobilisation sans relâche des services douaniers et des forces de sécurité en Bourgogne-Franche-Comté montre que la lutte contre ce commerce illicite est plus que jamais une priorité.