Il faut le savoir, le premier magasin d’ALDI France a ouvert ses portes en 1988 à Croix, dans la région Hauts-de-France. Depuis cette date, l’enseigne s’est développée de manière continue, d’abord dans le Nord et l’Est de la France, avant de couvrir une majeure partie du territoire trente ans plus tard.
ALDI, on peut le dire, s’est développé aussi vite que les rongeurs qui se sont installés dans certains entrepôts et magasins. À titre d’exemple, nous avons diffusé un article le 3 janvier 2025 intitulé : « ALDI Beaune : une centrale logistique sous la menace d’une fermeture administrative pour infestation massive de rongeurs ».
Les rongeurs sont partout, selon le syndicat CGT, qui a donné l’alerte pour protéger les salariés mais aussi les consommateurs. Au regard des photos fournies par le syndicat, on ne peut aujourd’hui que les remercier d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les témoignages recueillis par la CGT ALDI Beaune sont édifiants : « Les souris sont tellement habituées aux humains qu’elles viennent quand vous les appelez », révèle le syndicat, preuve vidéo à l’appui.
Les travailleurs décrivent une situation catastrophique :
- Des nids de souris disséminés dans l’entrepôt, au milieu des palettes de nourriture.
- Des cadavres de rongeurs retrouvés sur les produits destinés à la vente.
- Des excréments et de l’urine contaminant les denrées alimentaires.
- Des souris qui montent sur les employés pendant leur travail.
Selon plusieurs témoignages que nous avons pu recueillir, plusieurs magasins seraient eux aussi envahis de rongeurs en Côte-d’Or, mais pas seulement ! Un responsable syndical de la centrale de Dammartin-en-Goële, non loin de Paris, nous explique : « C’est une infection qui est logique en réalité. Quand il y a des rats et des nuisibles dans l’entrepôt, les palettes vont ensuite dans les magasins. Avec les palettes, on transfère les nuisibles dans les magasins. C’est pour cela que les magasins sont infestés après ! C’est partout pareil. Moi, je fais partie d’une centrale, et c’est exactement la même chose qu’à Beaune, à la centrale ! On n’a pas arrêté d’alerter la direction sur ce problème. Moi-même, j’ai exercé mon droit de retrait sur mon magasin car j’avais beaucoup de rats ! Donc, j’ai fermé le magasin pendant trois jours afin d’éradiquer ceux qui venaient justement de la centrale ! »
Le délégué ajoute : « On a eu des remontées de clients. Il n’y a pas très longtemps, il y a moins d’une semaine, j’ai dû faire venir une société de dératisation pour éradiquer les nuisibles ! Sur un de nos magasins, juste à côté du mien, la direction a fait intervenir quelqu’un qui a mis du poison dans la surface de vente. On a dû fermer le magasin. Une autre société, avec laquelle on travaille habituellement (ECOLAB), est venue et a dit : « Moi, je n’interviens pas là-dessus, il y a du poison dans votre surface de vente ! Si des gens meurent, ce sera de ma faute. » Ils nous ont même envoyé un mail pour nous dire qu’ils se déchargeaient complètement de cette situation. On a fermé le magasin, mais notre N+2 (numéro 2 de la direction) est passé après notre départ et a rouvert le magasin ! »
Ce syndicaliste, qui est aussi manager de magasin, nous affirme avoir encore des rats dans son magasin. Il nous dit aussi : « Moi, je suis syndicaliste, la direction n’a pas d’autre choix que de réagir immédiatement, mais dans mes délégations, au niveau des magasins, quand je passe sur la centrale, c’est une catastrophe ! ». Le syndicaliste nous affirme avoir posé plusieurs fois le sujet sur la table lors des réunions CSE avec la direction, mais que celle-ci a toujours assuré que le nécessaire serait fait. Cependant, selon lui, « le nécessaire n’a jamais été fait ! »
D’autres magasins auraient été fermés au centre de Paris pour cause de dératisation. « Ce n’est pas nous, délégués syndicaux, qui avons fermé ces magasins, on est d’accord, c’est la DDPP et l’inspection du travail ! », ajoute-t-il.
Comment expliquer que des aliments infestés se retrouvent en magasin ? « C’est très simple, explique-t-il. Une palette de pain de mie, par exemple. Dans les magasins, les commandes sont générées par le système, ce n’est même pas nous qui commandons. Si le système commande 10 cartons de pain de mie et qu’il ne reste que ces 10 cartons sur une palette déjà entamée, on prend cette palette. Mais si des rats sont dedans, c’est comme ça que l’infestation arrive en magasin. »
Dijon Actualités a, afin d’enlever tout doute quant à la présence de rats ou de rongeurs dans certains ALDI, récupéré la preuve que ces nuisibles se trouvent bel et bien dans certains magasins. Les photos ci-dessous ne peuvent que dissiper les doutes.
Le syndicaliste soulève aussi un autre point : « Avec la loi anti-gaspi, nous donnions les invendus aux associations. Récemment, une note de la direction a indiqué que ce n’était plus possible. Désormais, nous devons stocker ces marchandises dans un bac jusqu’à ce qu’il soit plein. Cela attire forcément les rats ! »
Dijon Actualités s’est procuré cette note envoyée aux managers de magasins. Elle est sans appel : « ASSOCIATIONS » Ne plus donner les PC aux associations (frais / VVP : snacking / Flegs / sec / jus → BAC BIODECHETS). D’après nos informations, ce sont les chauffeurs des entrepôts qui déposent les bacs vides dans les magasins, puis les ramènent à l’entrepôt une fois remplis. Une fois au dépôt, les bacs sont remis à un prestataire qui, selon nos informations, en ferait du biogaz.
Contactée, Flavia Sola, la responsable communication externe d’ALDI, nous a répondu : « Ce que je peux vous répondre, c’est que nous faisons de l’hygiène une priorité absolue et nous sommes pleinement engagés à maintenir les standards les plus stricts en matière de propreté et de conformité. Nous collaborons avec des experts d’hygiène qui interviennent tout au long de l’année afin d’assurer un environnement parfaitement sécurisé. Nous avions déjà intensifié nos mesures et contrôles depuis plusieurs semaines. Suite à la détection de traces de nuisibles dans notre entrepôt, ce que nous déplorons fortement, nous avons immédiatement renforcé notre plan d’action de prévention existant. Nous avons mené un nettoyage très ciblé au sein de l’entrepôt, qui s’accompagne de mesures d’urgence complémentaires afin de garantir la sécurité sanitaire et la conformité de nos installations ».
Cette réponse a été la même pour tous les médias à notre connaissance. Pourtant, pas un mot pour les clients ! Cette réponse mérite d’autres questions :
- En quoi consiste exactement ce renforcement du plan d’action ?
- Les magasins concernés font-ils partie de ce plan ?
- Est-il normal de faire nettoyer l’entrepôt aux salariés sans protection ?
Flavia Sola précise : « Nous avons mené un nettoyage très ciblé au sein de l’entrepôt, qui s’accompagne de mesures d’urgence complémentaires afin de garantir la sécurité sanitaire et la conformité de nos installations. »
Pourtant, selon le syndicat CGT de Côte-d’Or : « La direction a ordonné aux salariés de faire le nettoyage des zones infestées, le 31 janvier, sans la moindre protection et en utilisant des balais, alors que l’Agence régionale de santé le proscrit. Un nuage de poussière et une odeur de déjections se sont propagés, et 45 salariés ont donc usé de leur droit de retrait ».
Des questions, nous en avons plein, comme l’ensemble des médias qui ont traité le sujet ! Mais, selon toute vraisemblance, nous allons devoir nous contenter d’une seule et même réponse, à notre plus grand regret.
Au moment où nous finalisions cet article, plusieurs salariés de l’entrepôt de Beaune nous ont signalé :
« Pour info, les responsables sont en train de trier les colis sur les palettes où il y avait des souris et remettent en vente ceux qui leur paraissent visuellement sains. »
Nous avons informé Flavia Sola, la responsable communication externe d’ALDI, de cette situation. Elle nous a répondu : « Je vous ai partagé notre retour avec tous nos process et mesures, que ce soit pour notre entrepôt ou nos magasins. Tout cela est en place tout au long de l’année avec l’accompagnement d’experts pour maintenir et garantir la sécurité sanitaire pour nos collaborateurs et clients ».
La réponse de Flavia Sola pourrait être considérée comme lunaire par certains de nos lecteurs et lectrices. De notre côté, nous estimons qu’elle est loin, très loin d’être à la hauteur des enjeux ! En ont-ils seulement conscience ? En attendant, Damien, un membre de Dijon Actualités, nous confie :
« Moi, ALDI Chenôve, c’est terminé ! »
Espérons que tous les clients ne réagissent pas comme Damien… Affaire à suivre…