Le 6 février 2025, la section académique de Dijon du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN-UNSA) a publié un communiqué dénonçant les contradictions entre les discours institutionnels et la réalité du terrain dans les établissements scolaires de la région. Proviseurs, principaux et adjoints prennent la parole pour alerter les communautés scolaires et l’opinion publique sur les difficultés persistantes rencontrées dans l’éducation nationale.
Une pénurie d’enseignants qui perdure
Malgré les déclarations rassurantes des autorités académiques et ministérielles, les chefs d’établissement de l’académie de Dijon dressent un constat alarmant :
- 10 % des établissements comptaient encore au moins un poste d’enseignant non pourvu en janvier 2025.
- 22 % des établissements souffraient du manque de personnels administratifs et éducatifs essentiels (psychologues de l’éducation nationale, assistants sociaux, secrétaires, gestionnaires).
Loin d’être un problème isolé, cette carence impacte directement les conditions d’apprentissage des élèves et met en difficulté les équipes pédagogiques qui doivent compenser ces absences.
Des absences non remplacées et des contrats précaires
Si le taux d’absentéisme des personnels reste faible, le remplacement des absences de longue durée par le rectorat demeure un enjeu majeur. Selon les données du SNPDEN-UNSA :
- 74 % des établissements ont dû improviser des solutions internes pour pallier les absences longues non remplacées.
- 51 % d’entre eux ont dû gérer seuls des absences prolongées d’enseignants.
- Pire encore, des contrats d’enseignants contractuels ont été brutalement arrêtés depuis novembre, malgré la nécessité de remplacements, laissant ainsi des classes sans professeur.
Des retards de paiement qui fragilisent les contractuels
Le rectorat est également pointé du doigt pour les dysfonctionnements récurrents dans le versement des salaires des agents contractuels. Retards de paiement et primes non perçues engendrent découragement et démissions, aggravant encore davantage la précarité des personnels concernés.
Une gestion des moyens humains déconnectée du terrain
La baisse du nombre d’élèves dans l’académie (-700 élèves sur 220 établissements du second degré) est utilisée pour justifier la suppression de 90 postes d’enseignants. Or, selon les chefs d’établissement, cette approche purement administrative est inadaptée : « La gestion des moyens humains d’éducation ne peut être une simple mécanique technocratique, dictée par des tableurs Excel incapables de saisir la complexité du travail pédagogique et éducatif au plus près des élèves. »
Une réduction brutale du budget Pass Culture
Les restrictions budgétaires frappent également le Pass Culture collectif, dont le budget a été amputé de 30 %. Cette décision a engendré une mise en concurrence entre établissements, avec une allocation des fonds selon le principe du « premier connecté, premier servi ». Une politique dénoncée comme injuste et génératrice de panique, alors qu’une répartition équitable des fonds aurait dû être mise en place.
Des politiques inefficaces face aux défis éducatifs
Le communiqué dénonce également le manque d’efficacité des politiques académiques sur des enjeux majeurs comme l’égalité femme-homme, la lutte contre le harcèlement ou la laïcité. Les personnels de direction se plaignent d’un empilement de référents et de missions déconnectées du terrain, submergeant les établissements de reporting et de procédures bureaucratiques au lieu de proposer de véritables solutions concrètes.
Une revendication pour un « choc d’attractivité »
Face à ces constats, les chefs d’établissement de l’académie de Dijon réclament un véritable redéploiement des ressources. Ils demandent notamment que les moyens actuellement mobilisés pour des tâches administratives inutiles soient réaffectés au bénéfice des salaires et des conditions de travail des personnels en établissement.
Le syndicat conclut en rappelant que l’attractivité des métiers de l’éducation doit être une priorité absolue. Depuis vingt ans, la baisse continue des effectifs et du pouvoir d’achat des personnels de l’éducation met en péril l’avenir du système scolaire. Une alerte qui, espèrent-ils, sera entendue par les décideurs politiques.