La maire de Dijon, Nathalie Koenders, lors du conseil municipal du 24 mars 2025, a présenté un ambitieux projet de restructuration du parc des expositions, estimé à 62 millions d’euros hors taxes. L’objectif central de cette rénovation est de renforcer considérablement la capacité d’accueil du site, notamment par la création d’une salle plénière pouvant accueillir jusqu’à 2 500 personnes au sein du Hall 1, dont la charpente métallique emblématique sera préservée.
Malgré l’ampleur du projet, plusieurs points ont suscité débats et interrogations lors du conseil municipal. Axel Sibert, conseiller municipal d’opposition non-inscrit (LR), tout en saluant l’initiative municipale, a exprimé des réserves majeures sur le stationnement, sujet qu’il considère insuffisamment traité par la majorité. «La question du stationnement reste un point sensible. Une réflexion plus poussée sur l’extension des capacités aurait dû être intégrée», a-t-il souligné, évoquant au passage son projet de tram-train présenté en vue des prochaines municipales. L’opposant regrette également que la restructuration n’inclue pas la rénovation du palais des sports, jugé vieillissant et peu adapté au sport de haut niveau.
Emmanuel Bichot, président du groupe Agir pour Dijon (LR, AD), a émis de vives critiques, déclarant : «La rénovation du parc des expositions est une nécessité depuis plus de dix ans, il est incompréhensible au regard de la vétusté des installations que l’actuelle municipalité ait tergiversé aussi longtemps, sans parler des multiples cafouillages. Nous soutenons bien évidemment aujourd’hui le principe de cette rénovation et nous félicitons de vous avoir convaincu de conserver la charpente métallique remarquable du Hall 1, qui fait partie de notre patrimoine dijonnais. Nous avons néanmoins des réserves et des interrogations sur le projet présenté aujourd’hui. Tout d’abord, le choix d’un marché global de performance ne nous paraît pas favorable à l’accès des entreprises locales à la commande publique. Nous préférerions un pilotage direct avec des lots. Encore une fois, vos choix favorisent d’emblée les grands groupes nationaux, Eiffage ou d’autres, au détriment de l’activité et de l’emploi local. Nous relevons d’ailleurs que le nouveau directeur général de Dijon Bourgogne Events était le directeur régional d’Eiffage constructions, qui a piloté la réalisation de la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon. Il est aujourd’hui secondé par une ancienne directrice des sociétés LCDP et SEM, dirigées par M. Thierry Coursin. Ce casting n’est pas vraiment rassurant. Concernant le contenu du projet, nous avons deux suggestions : La première est d’organiser l’arrivée depuis le tram directement par l’entrée historique du grand hall, avec ses quatre colonnes, au lieu de démolir les bureaux actuels, ce qui économiserait des dépenses. La seconde est de garder un caractère modulable au Hall 1, sans construire une salle fixe de 2 500 places à l’intérieur. Au titre des précautions préalables, nous souhaitons savoir quelles études ont été réalisées à ce jour sur l’éventuelle pollution du terrain par des terres bleues, en lien avec son histoire ferroviaire, afin de réduire les aléas du projet. Enfin, nous souhaiterions élargir la réflexion à l’augmentation des capacités de parking à proximité du parc des expositions et du Palais des Sports et aux accès. Vous évoquez une affluence croissante sur le site sans prendre en compte les problèmes déjà existants, le pire étant sans doute un soir de nocturne à la foire gastronomique, avec la fête foraine qui bat son plein et un match de la JDA au Palais des Sports.»

Laurent Bourguignat (LR, NE), président du groupe Dijon autrement, interroge, quant à lui, la stratégie globale du projet. Il estime que celle-ci privilégie excessivement le palais des congrès au détriment du parc des expositions, limitant ainsi la capacité de Dijon à accueillir de grands salons nationaux ou internationaux. Il appelle à une réflexion plus globale intégrant le palais des sports et le bâtiment du skate parc, et plaide également pour la construction d’un parking silo à proximité de la voie ferrée.
Face à ces critiques, Nathalie Koenders défend fermement le projet, rappelant que l’objectif principal est de favoriser l’accès au site par les transports en commun, notamment en renforçant la desserte du tramway et en mobilisant les parkings-relais dans toute la ville. Elle a également répondu aux inquiétudes sur une potentielle pollution des sols en assurant qu’il n’y avait pas de pollution avérée à ce jour.
Stéphanie Modde, présidente du groupe des Écologistes et citoyens, a pour sa part souligné l’absence d’une étude détaillée préliminaire, s’étonnant que le coût des travaux soit déjà fixé sans analyse approfondie préalable. Elle appelle à l’élaboration d’un plan de déplacements afin d’éviter d’attirer davantage de véhicules vers le site.
Hamid El Hassouni, coprésident du groupe majoritaire Socialiste, radical, citoyen et apparenté, a défendu avec conviction le projet, considérant qu’il relève de la responsabilité municipale de garantir à Dijon une infrastructure moderne et compétitive.
Enfin, François Deseille (Modem) a rappelé que le parc des expositions représente un «formidable outil d’attractivité» pour Dijon. Nathalie Koenders a conclu en annonçant des engagements de cofinancements potentiels de la Région Bourgogne-Franche-Comté, de la Métropole de Dijon et du Département de la Côte-d’Or, sans toutefois préciser les montants envisagés.
La rénovation du Parc des expositions a suscité des débats et continuera d’en susciter au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Une chose est certaine : il était nécessaire d’agir. Rappelons-le, le Parc des expositions constitue un élément clé du patrimoine régional et économique. Cependant, ce site emblématique souffre aujourd’hui d’une obsolescence notable, tant sur le plan structurel qu’énergétique. La vétusté des bâtiments, marquée par d’importantes dégradations, notamment sur les structures et les installations électriques, entraîne actuellement des coûts de maintenance élevés et limite considérablement son attractivité.
Concernant le calendrier, la procédure débutera dès avril 2025 avec le lancement d’une consultation publique visant à attribuer le marché de conception-réalisation. La sélection du projet définitif est prévue pour fin 2026, avec un début effectif des travaux annoncé pour 2027. La livraison finale de l’ensemble rénové est attendue en 2030.
À travers ce projet ambitieux, la Ville de Dijon souhaite non seulement préserver et valoriser son précieux héritage architectural, mais aussi renforcer durablement son attractivité économique, culturelle et touristique, en attirant des événements à rayonnement national et international. Cette restructuration stratégique repositionnera durablement le Parc des expositions comme un lieu incontournable de rencontre, d’échange et de partage, parfaitement intégré au tissu urbain et au dynamisme régional.