C’est une histoire peu banale — et dramatique — qui est arrivée à Monsieur Luppino Giuseppe, une figure bien connue à Dijon et dans sa métropole. Cet homme n’est pas un inconnu : il a été le premier à lancer, en France, une entreprise de livraison de pizzas, à Dijon, sous les enseignes Chouette Pizza et Pizza Le Chat Gris. Il a également été gérant de plusieurs établissements dijonnais, parmi lesquels le bar L’Acropole et le TipTop, qui était situé au 15 B rue du Général Fauconnet.
Son ex-belle-sœur a pris l’initiative d’acheter une maison dans la commune de Posanges, située à environ 50 km de Dijon en voiture. Elle a acheté cette maison à Monsieur Paul Auguste Goudeau, un ancien militaire à la retraite, et à Monsieur Claude Julien André Goudeau, militaire de carrière. Ce dernier a d’ailleurs été nommé général de corps d’armée dans la 1ʳᵉ section des officiers généraux de l’armée de terre en 2021.
Il nous raconte : « Le 10 mars 2025, nous sommes allés chez Madame P….. afin de visiter sa maison et de commencer des travaux. C’était la première fois que nous visitions la maison. Madame P….. nous a fait faire le tour de la maison et de ses dépendances.
À un moment donné, je me suis retrouvé devant le garage, à l’arrière de la maison. Je commençais à vider les premiers objets qui se trouvaient à portée. Il y avait même des affaires déposées par Madame P….. qui appartenaient à ses nièces, âgées de 2 ou 3 ans.
On faisait la chaîne : je vidais les affaires, ma femme les triait, puis on les emmenait à la déchetterie de Vitteaux. J’ai ensuite trouvé un sac en plastique blanc opaque. Je suis sorti du garage en le tenant dans la main droite. Je me suis placé dehors, face aux trois autres personnes. J’ai plongé ma main gauche dans le sac, j’ai senti un ou plusieurs objets — je ne savais pas ce que c’était, ça avait la forme d’une pomme.
J’ai soulevé un premier objet. Il semblait avoir un poids, comme s’il était lesté. En le soulevant, un second objet est tombé au fond du sac. Le premier est resté dans ma main. J’ai vu ce qui ressemblait à une grenade, sans calotte. J’ai entendu comme un sifflement d’une seconde. Une tige dorée est montée du bas vers le haut de la grenade, et tout de suite après, une grosse explosion a eu lieu.
J’ai ramené ma main contre mon ventre, pensant encore la tenir. J’ai ressenti un gros sifflement dans l’oreille, qui s’est transformé en acouphènes. Dans la seconde qui a suivi, j’ai regardé ma main gauche, qui était contre mon ventre, et j’ai vu son état. Elle était en lambeaux. J’ai fait une pression sur ma main gauche avec la main droite. Ma femme m’a ensuite assis dans le véhicule, avec une serviette autour de la main. »

Il nous explique : « Je suis resté 2h30 sur place avec les pompiers, sans soins, parce que les pompiers n’ont ni morphine, ils n’ont pas nettoyé la plaie, alors qu’ils sont habilités à le faire ! Donc, la régule de Venarey-les-Laumes est venue à 17h35 ou 17h40. Et de là, ils m’ont amené à Dijon avec 3 doses de morphine.
Et, arrivés à Dijon, il y avait un bouchon à partir de Plombières-lès-Dijon. Les gens se sont écartés de chaque côté, ça a été assez vite ! Mais je suis resté, grosso modo, presque 3 heures sans soins, sans calmant, rien du tout ! »
Les démineurs de Colmar interviennent sur place
Monsieur Luppino Giuseppe nous explique qu’une équipe de démineurs de Colmar est venue sur place : « Ils sont restés plus de 3 heures sur place, pour soi-disant enlever tout ce qu’il y avait en armes, enfin la grenade qui restait. Donc ils venaient pour deux grenades. Ils sont venus, ils ont dû regarder succinctement le garage où nous étions, ils ont retrouvé des grenades, etc. »

Il ajoute : « Ils sont restés 3 heures sur place. Le maire de Posanges a mis un gros phare pour éclairer correctement le garage, parce qu’il n’y a pas de lumière dedans. Et vers 23h, ils sont partis en disant qu’apparemment, il n’y avait plus rien. »
Puis il nous dit qu’il est retourné à Posanges (à la maison) le samedi 29 mars 2025. Il nous explique : « Entre-temps, ma femme demande à la gendarmerie, du fait que les démineurs soient venus, si on pouvait librement aller dans le garage pour vider le reste. Ils ont dit : « Les démineurs sont venus, vous pouvez y aller sans crainte. » Ma femme a dit : « Êtes-vous sûrs qu’il n’y a rien ? Est-ce que le terrain a été sondé ? » Ils ont répondu : « A priori non, mais je ne vois pas pourquoi il y aurait autre chose. » Et ma femme a répondu : « Ben, si on en a trouvé comme ça, en vrac dans le garage, peut-être que le monsieur était parano, et peut-être qu’il en a mis ailleurs, on ne sait pas ! » Nous y sommes retournés donc pour débarrasser, en étant conscients que la gendarmerie avait donné son feu vert ! Mais, ayant vécu ce que j’ai vécu, nous étions six à ce moment-là. J’ai un ami qui est chasseur, qui est venu avec nous. Dès qu’il est entré dans le garage, il a regardé l’appentis, qui n’avait pas été fouillé par les démineurs. Il a vu une grenade quadrillée juste à l’entrée de l’appentis. Et de là, on a tout stoppé. Ma femme a rappelé la gendarmerie pour prévenir qu’il y avait encore une grenade dans l’appentis. Ils lui ont dit : « Ne touchez à rien, on envoie une équipe. » »
D’après Luppino Giuseppe, deux autres gendarmes sont arrivés sur place. Ils ont constaté la présence de la grenade et auraient pris des photos de celles qui se trouvaient dans l’appentis. Les gendarmes prendront l’initiative de rappeler les démineurs. Les démineurs de Colmar interviendront le 1er avril 2025. Ils récupéreront, une fois de plus, plusieurs grenades et d’autres objets militaires.

Luppino Giuseppe nous expliquera que les démineurs seraient restés entre 15 à 20 minutes sur place, ayant un autre endroit à aller vérifier, selon les propos de son ex-belle-sœur. Luppino Giuseppe nous explique que les démineurs n’auraient pas tout vérifié : « Ils n’ont pas tout vérifié, il reste encore 2 voire 4 mètres cubes de fatras à vérifier dans le fond du garage. Le maire de Posanges nous a dit de tout fermer à clé, que personne ne devait entrer, et que lui, il allait contacter la gendarmerie pour que quelqu’un vienne faire le déblaiement de ce fatras. Moi, personnellement, je pense qu’il y en a encore ! Je suis presque sûr qu’il y en a encore, sachant qu’ils n’ont pas tout regardé ! »
Au moment où nous publions cet article, la nouvelle propriétaire de la maison attend toujours que le garage soit contrôlé par les démineurs. Ça peut paraître incroyable, mais il s’agit d’une bien triste réalité. Il n’y a aucun cordon de sécurité autour du garage.
Luppino Giuseppe nous explique aussi que son ex-belle-sœur se trouve être sous tutelle, celle-ci ayant un handicap. C’est donc légitimement qu’il s’inquiète de la situation. C’est aussi pour cette raison que Monsieur Luppino Giuseppe souhaitait l’aider à vider ce garage.
Plusieurs questions se posent dans cette affaire : Qui a déposé cet arsenal militaire dans le garage ? Comment un tel arsenal a-t-il pu être récupéré ? D’où vient cet arsenal militaire ? Autres questions : pourquoi les démineurs n’ont-ils pas fouillé la totalité du garage lors de leur premier déplacement, c’est-à-dire le jour de l’accident ? Quand reviendront-ils pour sécuriser une bonne fois pour toutes ce garage ?
L’enquête en cours devra permettre de répondre à toutes ces questions.
En attendant, Luppino Giuseppe nous dit être extrêmement en colère : « On a des petites cousines, des jumelles qui ont trois ans, et leur grande sœur qui a 5 ans ! Les trois filles se promenaient dans ce garage, et y posaient leurs petits vélos ! Un enfant qui voit un sac, il aurait pu mettre les mains dedans. Il ne sait rien, ok ? Ça, c’est mon côté révolté ! Tant mieux que les filles n’aient rien eu ! Mais il y a plein de monde qui allait dans le garage, poser un vélo, une moto ! Les deux enfants de mon ex-belle-sœur y allaient aussi ! Elles ont 14 ans et 16 ans ! Ça aurait pu leur arriver à elles aussi ! Aucun des trois vendeurs — le père, le fils et la fille — n’a téléphoné pour savoir s’il y avait eu un mort ou un blessé ! Une fille, un garçon, un vieux, une vieille ! Aucune nouvelle. On peut mourir, on est de la chair à canon ! »
Giuseppe Luppino se remet progressivement de cet accident qui — disons-le clairement — aurait pu lui coûter la vie. Il a eu le réflexe de coller la grenade contre lui pour éviter que sa famille ne soit touchée. Un geste qu’il ne s’explique pas lui-même, mais qui témoigne d’un courage exceptionnel, et surtout, d’un profond amour pour ses proches.
L’enquête en cours devra faire toute la lumière sur cette affaire, qui, jusqu’à aujourd’hui, n’avait pas fait grand bruit. Là aussi, on se demande pourquoi ! En attendant, la propriétaire attend toujours des nouvelles des démineurs, tout comme Giuseppe Luppino. Affaire à suivre…
F. Bauduin
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