En ce 18 juin 2025, une date hautement symbolique, les 104 Départements de France, réunis au sein de l’Assemblée des Départements de France (ADF), lancent un cri d’alarme inédit. Pour la première fois, les collectivités territoriales assument seules, sans aucune compensation de l’État, le financement des grandes prestations sociales nationales : RSA, aide aux personnes âgées (APA) et handicap (PCH).
Désigné comme le « jour du dépassement », ce 18 juin marque selon l’ADF le basculement d’une responsabilité sociale nationale vers les seules épaules des Départements. Dans un contexte d’inflation sociale constante, les Départements se retrouvent contraints de couvrir plus de 23 milliards d’euros de dépenses sociales sans accompagnement de l’État.
Une dérive financière incontrôlée
En dix ans, la part des dépenses sociales dans les budgets départementaux est passée de 55 % à 70 %. Aujourd’hui, les chiffres sont sans appel :
- 12 milliards d’euros pour l’Aide Sociale à l’Enfance,
- 5 milliards pour le RSA,
- 4 milliards pour l’APA,
- 2,3 milliards pour la PCH.
Cette explosion des charges sociales entraîne un effondrement de l’épargne nette des Départements, qui chute de 8,5 milliards d’euros en 2022 à moins de 200 millions d’euros fin 2025. Un tiers des Départements seraient déjà au bord de la rupture budgétaire.
Des conséquences directes sur les territoires
Le Conseil départemental de la Côte-d’Or, à l’instar de ses homologues, s’alarme des conséquences concrètes de cette situation. Les choix budgétaires se transforment en arbitrages douloureux : chaque euro alloué pour compenser le retrait de l’État est un euro en moins pour la rénovation des collèges, l’entretien des routes, les équipements des pompiers ou encore le soutien aux communes rurales.
« Ce que nous défendons, ce ne sont pas simplement des équilibres budgétaires, ce sont les fondements d’une solidarité nationale robuste et soutenable », déclare François Sauvadet, président de Départements de France et président du Conseil départemental de la Côte-d’Or. « Il en va de l’avenir de nos territoires et de la capacité des Français à construire leur vie là où ils ont choisi de vivre. »
Un appel à la responsabilité de l’État
À travers une campagne nationale, l’ADF exige que l’État assume ses responsabilités : que les décisions qu’il impose en matière de solidarité soient assorties des moyens financiers nécessaires. Pour les Départements, cette revendication n’est pas qu’une question de budget, mais bien un combat pour la survie du pacte social républicain.
L’appel lancé ce 18 juin résonne comme une alerte solennelle : il y a urgence à agir. Sans réaction rapide du Gouvernement, ce sont les fondements mêmes de l’action publique locale qui risquent de s’effondrer.
