En amont de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de tissus (22 juin), l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté s’est engagée officiellement comme ambassadrice du don d’organes. Un acte fort et inédit pour une agence d’État, qui réaffirme ainsi son rôle moteur dans une cause de santé publique encore trop méconnue ou mal comprise.
Un engagement inédit pour une cause de vie
Depuis janvier 2025, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté est la première agence d’État à s’engager formellement comme ambassadrice du don d’organes, dans le cadre du Plan national pour le prélèvement et la greffe d’organes et de tissus 2022-2026. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique nationale menée avec le collectif Greffes+, réunissant plus de 800 villes, hôpitaux, universités et entreprises mobilisés autour du ruban vert, symbole du don et de la greffe.
Ce jeudi 20 juin, au siège de l’ARS à Dijon, Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la Biomédecine, et Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, ont officiellement lancé cette mobilisation en dévoilant un arbre de vie, installation symbolique de leur engagement à faire progresser la culture du don dans la région.
Une urgence sanitaire : le don, un geste qui sauve
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, 22 585 patients étaient inscrits sur la liste nationale d’attente pour une greffe en 2024. Parmi eux, 852 sont décédés faute d’avoir reçu un organe à temps. Une situation qui se dégrade d’année en année, en raison d’un écart grandissant entre les besoins en greffes et les organes disponibles.
Si la loi française repose sur le consentement présumé (chacun est donneur, sauf en cas de refus formel exprimé de son vivant), la réalité sur le terrain est tout autre : en l’absence de dialogue au sein des familles, le doute l’emporte souvent sur la décision de donner. Résultat : un taux d’opposition en constante augmentation, passant de 30 % en 2019 à plus de 36,1 % en 2024. En Bourgogne-Franche-Comté, ce taux s’établit à 33 %, légèrement inférieur à la moyenne nationale mais encore bien trop élevé.
« Pour agir, il suffit d’en parler. Il ne s’agit pas seulement d’une question médicale, mais d’un engagement citoyen et éthique », a rappelé Jean-Jacques Coiplet lors de la cérémonie.
Un contrat moral traduit en actions concrètes
L’ARS ne se contente pas d’un affichage symbolique. En devenant ambassadrice du don, elle s’engage dans un programme structuré de sensibilisation à destination de ses agents et du grand public :
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Mobilisation des équipes internes sur tous les sites de l’ARS : temps d’information, échanges avec les coordinations hospitalières départementales, sessions de formation.
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Communication visible : véhicules de service floqués aux couleurs du ruban vert, affiches dans les établissements de santé.
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Campagne d’affichage estivale : à partir de juillet, les réseaux de transports urbains de Dijon et Besançon arboreront les visuels de la campagne régionale de sensibilisation.
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Partenariats territoriaux : renforcement du lien avec les hôpitaux, collectivités et associations locales pour relayer la parole du don.
L’objectif est double : normaliser la discussion sur le don d’organes dans la société et réduire les situations d’incertitude familiale au moment crucial de la décision.
Une filière organisée en Bourgogne-Franche-Comté
La région dispose d’un maillage hospitalier solide pour le prélèvement et la greffe :
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2 centres de transplantation : les CHU de Besançon et Dijon ;
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7 centres de prélèvement d’organes et de tissus ;
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3 centres de prélèvement de tissus seuls.
En 2024, la Bourgogne-Franche-Comté a réalisé 80 prélèvements d’organes et 169 greffes, un chiffre qui reste insuffisant pour couvrir les besoins des patients en attente.
Un ruban pour la vie
Avec ce nouvel engagement, l’ARS rejoint une mobilisation nationale porteuse d’espoir et de changement. En arborant le ruban vert, elle envoie un message clair : le don d’organes est l’affaire de tous. Il est temps de lever les tabous, d’ouvrir le dialogue, et de rappeler qu’en quelques mots partagés de son vivant, on peut offrir plusieurs vies.