Ce lundi 23 juin 2025 à 16h, le Conseil municipal de Dijon sera le théâtre d’un débat attendu autour d’une délibération sensible : la gratuité des expositions permanentes du Pôle Culturel de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin. Si la majorité municipale présente cette mesure comme un levier stratégique pour renforcer la fréquentation et l’attractivité du site, l’opposition municipale, elle, crie à l’aveu d’échec et promet de monter au créneau.
L’exécutif municipal, porté par la maire Nathalie Koenders, souhaite en effet acter la gratuité de deux espaces d’exposition — En cuisine et Le Petit Théâtre du Bien Boire et du Bien Manger — à compter du 5 juillet prochain. Cette évolution s’inscrit dans une refonte plus large de la grille tarifaire des prestations du Pôle Culturel, qui prévoit en parallèle une montée en gamme des animations payantes : ateliers culinaires, conférences-dégustations ou encore apéritifs-concerts, dont les tarifs seraient revus pour mieux refléter leur valeur réelle.
Mais cette volonté de faire de la gratuité un « produit d’appel » pour attirer de nouveaux visiteurs peine à convaincre l’opposition municipale. Dans un communiqué diffusé le 20 juin, Axel Sibert, conseiller municipal et président du Laboratoire d’Idées Dijonnais, a vivement critiqué cette initiative, la qualifiant de « tentative désespérée » et d’« énième aveu d’échec » pour un projet dont il estime qu’il n’a jamais trouvé sa place à Dijon.
« Depuis son inauguration en 2022, la Cité coûte cher aux Dijonnais. Plus de 20 millions d’euros engagés pour un modèle économique déficitaire », dénonce Axel Sibert, chiffrant le coût annuel de fonctionnement du Pôle Culturel à 2 millions d’euros pour seulement 600 000 euros de recettes de billetterie les meilleures années. Il compare durement la situation dijonnaise à celle de la Cité du Vin de Bordeaux, qu’il présente comme un exemple de rentabilité basée sur des ressources majoritairement privées.
Dans les rangs de l’opposition, certains élus pourraient saisir l’occasion du Conseil pour poser des questions de fond : la stratégie actuelle est-elle soutenable sur le long terme ? Pourquoi les prestations à forte valeur ajoutée ne sont-elles pas déjà tarifées à leur juste niveau ? Et surtout, comment éviter que la gratuité d’aujourd’hui ne devienne le gouffre budgétaire de demain ?
Alors que la majorité municipale entend rationaliser les coûts en réduisant les amplitudes d’ouverture en basse saison, en mutualisant les ressources avec ses partenaires, et en intensifiant les actions avec des chefs et artisans partenaires, le choix de la gratuité est présenté comme un repositionnement assumé vers une accessibilité élargie à la culture. Mais ce virage stratégique interroge, dans un contexte où les finances publiques sont scrutées de près.
La séance du Conseil municipal s’annonce donc animée. Derrière le débat sur les tarifs, c’est en réalité la viabilité et la légitimité même du projet de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin qui seront au cœur des échanges. Et à l’approche des élections municipales, chaque positionnement sera scruté comme un indicateur des lignes de fracture à venir.