Ce vendredi, lors de l’assemblée générale de la Caisse d’Épargne Bourgogne Franche-Comté – membre du groupe BPCE – l’association Les Amis de la Terre Côte-d’Or a tenu à tirer la sonnette d’alarme. En cause : le rôle central que joue le groupe bancaire BPCE dans le financement de l’industrie des énergies fossiles, qu’elle considère incompatible avec les objectifs climatiques internationaux.
BPCE : une banque à contre-courant de l’urgence climatique
Selon l’organisation environnementale, la Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE), quatrième groupe bancaire français, se distingue par un retard criant en matière de transition écologique. Alors que d’autres grands établissements français comme BNP Paribas, le Crédit Agricole ou la Société Générale se sont engagés à exclure certains financements fossiles, BPCE continue d’appuyer activement les entreprises impliquées dans le développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers.
Entre 2021 et 2024, 37,5 milliards de dollars ont été alloués par la BPCE au secteur fossile, dont 13,7 milliards destinés à des projets d’expansion, affirme l’association. Une politique qui va à l’encontre des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie, laquelle appelle à cesser toute expansion de la production de pétrole et de gaz pour contenir le réchauffement climatique sous les 1,5°C.
Une banque toujours fidèle aux géants pétroliers
En 2024, BPCE est devenue la première banque française de Total Energies, contribuant à hauteur de plus des deux tiers aux 9,9 milliards de dollars levés par l’entreprise sur les marchés. Elle a également soutenu des géants comme Saudi Aramco et Eni, classés parmi les plus gros développeurs d’hydrocarbures au monde.
Par ailleurs, BPCE reste la seule grande banque française à ne pas s’être dotée d’objectifs chiffrés de réduction de ses engagements dans le secteur pétro-gazier. Contrairement à ses concurrentes, elle ne prévoit pas de réduction explicite de son exposition financière, mais uniquement une diminution de 70 % des émissions financées dans ce secteur à horizon 2030, un engagement jugé insuffisant et flou par les Amis de la Terre.
Le GNL, un point noir supplémentaire
Le gaz naturel liquéfié (GNL), pourtant critiqué pour son impact environnemental élevé, reste un autre axe d’implication controversé de la BPCE. En 2024, le groupe a participé à trois levées de capitaux d’Energy Transfer, entreprise américaine en pointe dans le développement du GNL, pour un total de 7,7 milliards de dollars. Energy Transfer est par ailleurs connue pour ses procédures judiciaires contre Greenpeace, accusée ici d’être l’objet d’une tentative d’intimidation.
Une posture jugée dangereuse et isolée
Face à la gravité de la crise climatique, Les Amis de la Terre dénoncent un isolement croissant de BPCE dans le paysage bancaire français : « Alors que les autres grandes banques françaises se sont désengagées des nouveaux champs fossiles, BPCE s’enfonce dans un soutien actif à une industrie climaticide », déclare l’association.
Elle appelle à une révision immédiate des engagements climatiques de la banque, notamment à :
- Interdire tout financement direct ou indirect aux nouveaux projets pétroliers, gaziers ou de terminaux GNL ;
- Cesser toute participation aux émissions obligataires d’entreprises telles que Total Energies, engagées dans de nouveaux développements fossiles.
Une action qui s’inscrit dans une lutte plus large
Les Amis de la Terre Côte-d’Or rappellent que leur engagement s’inscrit dans une démarche globale de transition vers des sociétés durables, intégrant les dimensions sociales, économiques et écologiques. Leur action lors de cette AG s’ajoute à une série d’initiatives menées au niveau national et international contre le financement des énergies fossiles par le secteur bancaire.