L’incendie criminel qui a ravagé une partie de l’hôtel de ville de Chenôve en 2022 ne laisse pas seulement un vide symbolique et fonctionnel : il laisse aussi une lourde facture. À l’heure où la municipalité engage un ambitieux projet de réhabilitation, les contribuables devront, eux, assumer le coût d’une reconstruction rendue nécessaire par un acte délibéré de destruction.
Une facture salée pour les habitants
La réhabilitation du bâtiment vise d’abord à permettre le retour du Centre communal d’action sociale (CCAS) dans ses locaux d’origine. Depuis l’incendie, ce service essentiel à la population a dû être déplacé dans des locaux temporaires, engendrant des frais supplémentaires de location et de logistique. Aujourd’hui, la Ville prévoit d’investir massivement pour restaurer, sécuriser et moderniser le site.
Le montant prévisionnel de l’opération, toutes dépenses confondues — travaux, études, honoraires, assurances, imprévus, TVA — est évalué à 4 972 401 € TTC (valeur avril 2025), dont 2 907 454 € HT de travaux. Une somme considérable, qui pèsera directement ou indirectement sur le budget communal et donc sur les épaules des contribuables.
À cela s’ajoute un coût souvent ignoré mais bien réel : la mairie de Chenôve a dû payer 300 000 € de franchise suite à l’incendie volontaire du CCAS. Et désormais, en cas de nouvel accident du même type (incendie volontaire), cette franchise a été relevée à 750 000 €, un montant qui rend tout nouveau sinistre encore plus lourd financièrement pour la collectivité.
Sécurité renforcée et organisation repensée
Le projet prévoit notamment une réorganisation complète des accès au bâtiment pour éviter toute intrusion ou circulation non contrôlée du public. La municipalité prend en compte les failles révélées par cet incendie et anticipe d’autres risques en révisant entièrement la sécurité intérieure. Ces aménagements indispensables viennent, là encore, alourdir l’addition.
En parallèle, la réhabilitation sera l’occasion de créer un guichet unique, de rendre les locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR) et de réaménager la salle des mariages dans une aile jusque-là inutilisée. Ces améliorations, bien que pertinentes, n’étaient pas prévues avant l’incendie et s’inscrivent donc dans un cadre de réparation plutôt que d’investissement stratégique.
Un projet nécessaire… mais contraint
Ce programme de réhabilitation, bien qu’utile et porteur de modernité pour les services municipaux, n’en reste pas moins une conséquence directe d’un acte criminel qui aurait pu être évité. Si la Ville assure vouloir maîtriser les coûts et opter pour des solutions durables et simples à entretenir, le fait est que cet investissement n’est pas issu d’un choix politique volontaire mais d’une urgence imposée par la destruction.
Pour les habitants de Chenôve, il s’agit donc non seulement d’une perte collective mais aussi d’un poids fiscal indirect, d’autant plus regrettable que ces sommes n’étaient pas prévues dans les investissements courants de la collectivité. Et même si les assurances interviendront en partie, le reste à charge et les frais de relogement provisoire resteront à la charge de la Ville, donc des contribuables.
L’incendie de 2022 laisse des traces bien au-delà des murs calcinés : il imprime sa marque dans les finances locales, dans les priorités d’aménagement, et dans la mémoire d’une commune qui, une fois de plus, devra reconstruire… en payant le prix fort.