Figure iconique du petit écran, provocateur assumé et maître des talk-shows, Thierry Ardisson est mort ce lundi 14 juillet à Paris, des suites d’un cancer du foie. L’animateur et producteur laisse derrière lui un héritage audiovisuel majeur et une empreinte indélébile dans le paysage médiatique français.
Le monde de la télévision est en deuil. Thierry Ardisson, animateur à la verve acérée et producteur emblématique, est décédé à l’âge de 76 ans, ont annoncé son épouse et ses enfants. Celui que l’on surnommait « l’homme en noir » pour son look monochrome et son ton souvent caustique s’est éteint à Paris, entouré des siens.
Publicitaire devenu provocateur cathodique
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, Thierry Ardisson commence sa carrière dans la publicité. Il y forge son sens de la formule et de l’impact visuel, avec des slogans devenus cultes, avant de faire ses premiers pas à la télévision dans les années 1980.
Il bouscule alors les codes de l’audiovisuel français en injectant impertinence, culture, et provocation dans ses émissions. Son style, à la fois très écrit et très libre, séduit un large public tout en suscitant de vives réactions.
Des plateaux devenus cultes
Ardisson est l’homme de plusieurs émissions devenues mythiques. « Bains de minuit » depuis les Bains Douches, « Lunettes noires pour nuits blanches » au Palace, ou encore « Rive droite / Rive gauche », premier magazine culturel quotidien à la télévision, ont marqué toute une génération.
Sa phrase fétiche, « Magnéto, Serge ! », son entrée en scène ponctuée de « Bonsoirs » et ses entretiens déstabilisants avec des personnalités de tous horizons font de lui un ovni du PAF. Avec « Tout le monde en parle » sur France 2, puis « Salut les Terriens » sur Canal+ et C8, il installe une manière unique de faire parler ses invités, entre confession et confrontation.
Une carrière marquée par les excès et les prises de position
Thierry Ardisson n’a jamais caché ses convictions royalistes ni son goût du clash. En 2020, l’INA lui consacre une chaîne YouTube, Arditube, rassemblant 35 de ses émissions : un hommage à un animateur bosseur, perfectionniste, et peu connu pour sa modestie.
Mais Ardisson n’a pas fait que des adeptes. Bernard Pivot le qualifiait de « mégalo », et l’écrivaine Christine Angot se disait profondément blessée par ses passages dans ses émissions. Sa dernière apparition télévisée, le 10 mai 2025 dans Quelle Époque !, avait suscité une vive polémique après une comparaison controversée entre Gaza et Auschwitz, pour laquelle il avait publiquement présenté ses excuses.
Au-delà de la télévision
Ardisson fut également éditeur de presse, dirigeant L’Ebdo des Savanes et le sulfureux mensuel Entrevue, qui lui valut plusieurs condamnations judiciaires. Il a également produit pour le cinéma, la radio et même la série télévisée.
En début d’année 2024, Emmanuel Macron lui avait remis la Légion d’honneur, saluant sa contribution au patrimoine audiovisuel français.
Une vie privée discrètement médiatique
Marié trois fois, père de trois enfants avec la musicienne Béatrice Loustalan, Thierry Ardisson partageait depuis 2014 la vie de la journaliste Audrey Crespo-Mara, qu’il avait épousée la même année.
Avec la disparition de Thierry Ardisson, c’est un chapitre entier de la télévision française qui se referme. Provocateur, audacieux, parfois dérangeant, il fut avant tout un passionné de médias, un orfèvre de l’image et des mots. Sa voix singulière manquera au paysage audiovisuel.