C’est un moment de vérité pour François Bayrou. Le Premier ministre tient ce mardi à 16 heures une conférence de presse très attendue à Matignon, lors de laquelle il doit dévoiler sa feuille de route budgétaire pour 2026. Un plan de rigueur assumé, dont l’objectif est clair : trouver 40 milliards d’euros d’économies pour « sortir du piège mortel du déficit et de la dette ».
Ce rendez-vous marque l’aboutissement de longues semaines de préparation dans la plus grande discrétion. Le chef du gouvernement, qui s’est imposé une communication millimétrée, veut rompre avec les pratiques budgétaires habituelles. Pourtant, malgré cette volonté de transparence – incarnée par une première alerte lancée dès avril lors d’une conférence de presse – le climat politique reste explosif.
Un Parlement fracturé, une censure en embuscade
Après avoir arraché de justesse le vote du budget 2025 en février dernier, qualifié à l’époque de véritable « Himalaya », François Bayrou s’attaque aujourd’hui à un nouveau sommet périlleux. La majorité relative dont il dispose à l’Assemblée nationale complique sérieusement les équations. L’hémicycle est divisé en trois blocs irréconciliables, chacun campant sur ses lignes rouges budgétaires. Et le spectre d’une motion de censure, comme celle qui a emporté son prédécesseur, plane toujours.
Une stratégie de communication offensive
Conscient des risques, le Premier ministre a multiplié les signaux d’alerte ces derniers mois. En avril, il évoquait la « situation intolérable » des finances publiques et mettait en garde contre le « piège dangereux de la dette ». Cette communication directe, saluée par ses soutiens comme un exercice inédit de transparence, est perçue par l’opposition comme une mise en scène politique. Bayrou avait même envisagé de consulter les Français par référendum sur la question budgétaire, preuve de sa volonté de s’appuyer sur l’opinion publique.
« La dette est dans le top des préoccupations des Français », affirme un conseiller de Bercy, qui voit là une preuve que le message du Premier ministre a fait mouche.
Que va-t-il nous pondre ?
La question reste entière à quelques heures de l’intervention. Quelle forme prendra ce plan d’économies ? Quels secteurs seront ciblés ? Quelle marge de manœuvre reste-t-il pour négocier avec les oppositions ? Autant d’inconnues qui tiennent en haleine la classe politique, les marchés… et les citoyens.
Une chose est sûre : François Bayrou joue gros. Son avenir politique, tout comme la stabilité budgétaire du pays, dépendront en grande partie des cartes qu’il abattra cet après-midi.