Environ 150 cheminots, selon la police, se sont rassemblés jeudi matin devant le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté à Dijon. À l’appel de la CGT, de l’UNSA, de SUD Rail et de la CFDT, ils dénonçaient la réorganisation du service ferroviaire régional et l’ouverture à la concurrence.
Une décision qui suscite la colère
Le 16 mai dernier, le Conseil régional a attribué le lot « Bourgogne Ouest Nivernais » à une nouvelle filiale de la SNCF, SVBO. Ce contrat concerne notamment les liaisons TER entre Paray et Dijon, Paray et Chalon-sur-Saône, ou encore Nevers et Chalon. Si le dispositif prévoit une augmentation de 30 % de l’offre en kilomètres-trains, il entraîne aussi une réorganisation : la gare de Montchanin deviendra simple gare de passage, les correspondances étant transférées à Chagny.
Fermetures et inquiétudes sociales
Autre sujet de crispation : la fermeture de la quasi-totalité des guichets d’ici 2026, à l’exception de Nevers. Montceau, Montchanin, Le Creusot, Paray-le-Monial et Cosne-sur-Loire figurent parmi les gares concernées. Les syndicats dénoncent également l’état vieillissant du matériel ferroviaire et des incertitudes sur son entretien.
« Une casse organisée des services publics »
Lors du rassemblement, Mickael Vandernoot, du syndicat cheminot CGT, a prononcé un discours très offensif. « Chers camarades, chers collègues, chers usagers, chers citoyens, merci d’avoir répondu présent à l’appel de la CGT et des trois organisations syndicales », a-t-il commencé, avant de rappeler le contexte : « C’est dans un climat d’austérité et de casse organisée des services publics ainsi que des droits sociaux des salariés que nous nous retrouvons. »
Il a fustigé l’attribution du premier appel d’offres, y voyant « un tournant libéral dangereux pour le service public ferroviaire ». Selon lui, le choix du Conseil régional « met en péril les dessertes fines du territoire » et illustre « le paradoxe d’une région à majorité de gauche qui porte la défense des services publics tout en adoptant des politiques libérales ».
Des exemples concrets
Le syndicaliste a insisté sur les conséquences locales : la gare de Montchanin « risque d’être rayée de la carte fin 2026 », les correspondances reportées à Chagny « sans agent sédentaire », et les usagers privés de guichets, « livrés aux automates avec le risque d’être verbalisés en cas d’erreur de billet ». Il a dénoncé une logique qui « crée du moins-disant social et environnemental », rappelant que « les marchés ne créent pas plus de trains, ils favorisent la route ».
Une mise en garde sur la sécurité
Sur le plan technique, il a alerté sur « la désimbrication de la production ferroviaire liée à l’allotissement », qui ferait perdre « toute possibilité de mutualisation des ressources » et introduirait « de nouveaux risques, y compris en matière de sécurité ferroviaire ».
« Si l’entreprise publique est remise en cause dans son unicité, tous ses moyens et compétences seront à terme perdus. C’est la mutualisation de ces activités qui a permis la péréquation économique du système ferroviaire français », a-t-il poursuivi, accusant les opérateurs privés de n’être intéressés que par les profits et non par « l’aménagement des territoires ».
Du régional au national
Mickael Vandernoot a élargi son propos au projet de budget présenté par le gouvernement. « Le 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou a présenté un budget d’une brutalité sans précédent », a-t-il dénoncé. Selon lui, le gel des prestations sociales prévu en 2026 « fera payer les plus fragiles » tandis que « les cadeaux fiscaux aux plus riches demeurent intouchables ».
Il a pointé des « coupes claires dans les services publics » et alerté sur « les menaces multiples pesant sur les salariés et les retraités : attaques sur le temps de travail, gel des salaires, absence de financements ».
Un appel à la mobilisation
Enfin, il a conclu sur un ton combatif : « La CGT défend toujours un groupe public ferroviaire intégré et acteur du progrès social. Ensemble, nous pouvons exiger que l’État et la région assument leurs responsabilités. Alors oui, poursuivons la lutte pour un service public refondé. Usagers et cheminots dans le même train pour gagner un réel développement du service public ferroviaire. On ne lâche rien, ensemble soyons plus forts ! » Deux journées de grève et de manifestations sont déjà annoncées les 10 et 18 septembre.








