Entre 3 400 et 5 000 personnes ont manifesté ce mercredi 10 septembre à Dijon à l’appel d’une intersyndicale. Si le cortège s’est déroulé dans le calme sur l’essentiel du parcours, des tensions importantes ont éclaté en fin d’après-midi, place Wilson.
Ce mercredi 10 septembre 2025, les rues de Dijon ont été le théâtre d’une importante mobilisation sociale. À l’appel de Solidaires 21, la CGT, la FSU, FO et la Confédération paysanne, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le cadre de la journée nationale d’action.
Selon les services de police, la manifestation a rassemblé 3 400 participants. Les organisations syndicales, elles, avancent le chiffre de 5 000 personnes. Dans le cortège, on notait la présence de nombreux jeunes, aux côtés des militants syndicaux et de simples citoyens venus exprimer leur colère.
Un parcours très suivi
Le départ a été donné place de la République, cœur traditionnel des rassemblements dijonnais. Le cortège s’est ensuite dirigé vers l’Auditorium, avant de rejoindre la place du 30 Octobre, puis d’emprunter le boulevard Voltaire et la rue d’Auxonne. La dispersion officielle était prévue place du Président Wilson.
Tout au long de ce parcours, les slogans contre la réforme sociale et les appels à « bloquer le pays » ont rythmé la marche. L’ambiance a été jugée « familiale et déterminée » par de nombreux observateurs, malgré quelques incidents isolés : plusieurs tags ont été recensés sur des façades et la vitrine du Carrefour Express du boulevard Colonel Charles Flamand a été dégradée.

Place Wilson : quand la sortie des manifestants se transforme en piège
Jusqu’à l’arrivée place Wilson, la manifestation s’était globalement déroulée sans incident majeur. Mais c’est précisément au moment de la dispersion que la situation a dégénéré.
Officiellement, le rassemblement devait s’achever place Wilson, vaste carrefour où plusieurs rues permettent normalement de se disperser facilement. Mais à la surprise générale, les forces de l’ordre avaient déjà pris position sur toutes les artères principales menant hors de la place.
- Rue Chabot Charny : bloquée par un cordon serré de gendarmes mobiles.
- Rue Sisley : fermée également, empêchant tout passage vers le quartier Drapeau.
- Rue de la Synagogue : tenue par un dispositif similaire, empêchant les manifestants de rejoindre le centre-ville.
Beaucoup de participants, qui pensaient simplement pouvoir rentrer chez eux, se sont retrouvés dans une situation de nasse. L’incompréhension a rapidement laissé place à l’agacement. « On souhaite quitter la manifestation, mais ils ne nous laissent pas passer, c’est ubuesque », confie une jeune manifestante, en colère.
Le mouvement vers la rue Févret
Confrontés à cette impasse, plusieurs dizaines de manifestants se sont alors dirigés vers la rue Févret, petite rue latérale semblant offrir une issue. Mais à peine arrivés, ils découvrent qu’un barrage policier s’est mis en place en quelques minutes.
Les services de police ont procédé à des sommations pour disperser le groupe. Face au refus de bouger, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène à bout portant, provoquant un mouvement de panique. Certains manifestants, suffoquant, ont dû être pris en charge par des camarades ou par les équipes de street medics présentes sur place.
Le gaz sur la place entière
Très vite, les gaz lacrymogènes ne se limitent plus à la rue Févret. La place Wilson elle-même est saturée de nuages irritants. Les familles, les retraités, mais aussi de simples passants qui n’étaient pas impliqués dans la manifestation, se retrouvent pris dans la tourmente. Obligés de battre en retraite, les manifestants se replient dans la direction du boulevard Carnot, puis vers la place du 30 Octobre.
Une fuite sous pression
Ce repli n’a pas suffi à apaiser la situation. Les policiers ont continué à avancer derrière le cortège épars, lançant de nouveaux tirs de gaz lacrymogène. Les manifestants, désormais hors du parcours officiel, se sont retrouvés au milieu de la circulation. Certains, pour tenter de ralentir la progression des forces de l’ordre, ont renversé des poubelles sur le boulevard de Strasbourg. Là encore, la riposte a été immédiate : une nouvelle salve de gaz, dispersant définitivement les derniers groupes. À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun bilan précis des interpellations n’a encore été communiqué par les autorités.
Le communiqué presse offensif de Solidaires 21
En réaction aux événements, l’union syndicale Solidaires 21 a publié un communiqué intitulé : « Mobilisation du 10 septembre en Côte-d’Or : succès populaire et répression massive ».
L’organisation salue « un immense succès populaire », évoquant des actions menées dès le matin (barrages filtrants, occupation de péages, blocages de tramways, pique-nique citoyen) et surtout « une manifestation réussie avec plus de 5 000 personnes dans une ambiance familiale, collective et déterminée ». Mais le texte dénonce surtout la gestion policière : « La Préfecture n’a JAMAIS publié d’arrêté préfectoral interdisant tout le centre-ville de Dijon et autorisant la surveillance par drones. Évidemment, tout cela est illégal et démontre une nouvelle fois la dérive autoritaire que nous vivons depuis plusieurs années. »
Solidaires 21 accuse également les autorités d’avoir volontairement cherché l’affrontement : « Alors que la manifestation avait été autorisée jusqu’à 19h, elle a été réprimée dès 16h30 de manière violente. (…) La police a généré une manifestation sauvage, empêché notre camion syndical de rejoindre notre local et multiplié les gazages, y compris sur des passants. »
Le communiqué se termine par un appel à prolonger le mouvement : « La colère sociale exprimée ce 10 septembre démontre la nécessité de se mobiliser, pour gagner ! Organisons-nous (…) pour créer les conditions d’un automne social bouillant ! »
Une rentrée sociale sous tension
Avec une mobilisation importante mais marquée par de vives tensions en fin de cortège, la journée du 10 septembre s’impose comme un moment fort de la rentrée sociale en Côte-d’Or. Si les syndicats saluent un succès, les affrontements place Wilson et dans les rues adjacentes laissent craindre une accentuation de la confrontation entre manifestants et forces de l’ordre lors des prochaines mobilisations.