La journée de mobilisation du mercredi 10 septembre 2025 à Dijon, inscrite dans le mouvement national « Bloquons tout », a rassemblé plusieurs milliers de manifestants. Entre slogans sociaux, références à la cause palestinienne et incidents en marge du cortège, l’événement a illustré l’ampleur de la contestation contre Emmanuel Macron et son gouvernement en transition.
Une mobilisation plus importante que prévu
Dès la matinée, la mobilisation s’est ouverte par une action coup de poing de « Bloquons tout » près de la gare. Deux militants ont interrompu la circulation du tramway en s’attachant aux barrières à l’aide de cadenas passés autour du cou. Les sapeurs-pompiers ont dû intervenir pour les libérer, avant qu’ils ne soient interpellés.
Dans le même temps, Solidaires 21, accompagnée de membres de la FSU et de la CGT, mais aussi de citoyens non syndiqués, a organisé une distribution de tracts sur deux ronds-points de la zone industrielle de Longvic. L’action a provoqué quelques perturbations de circulation.
Parallèlement, l’intersyndicale CGT-Solidaires-FSU-FO-Confédération paysanne avait déclaré un parcours de manifestation contournant le centre-ville.
Malgré ce cadre, la mobilisation a largement dépassé les prévisions : 3.400 personnes selon la police, 5.000 selon les syndicats, contre 2.000 à 3.000 anticipées. Au niveau national, la CGT a revendiqué 250.000 participants, quand l’Intérieur en comptabilisait 175.000.

Des forces de l’ordre massivement déployées
Sous haute surveillance, la préfecture de Côte-d’Or avait mobilisé un important dispositif : une centaine de policiers épaulés par 120 gendarmes mobiles, postés aux abords du centre-ville et de la préfecture. Une présence jugée « démesurée » par plusieurs représentants syndicaux, qui dénonçaient un climat « artificiellement tendu ».
Des arrêtés préfectoraux avaient interdit toute incursion vers le centre-ville, le commissariat ou la gare, donnant aux forces de sécurité la possibilité de recourir à des drones. Une stratégie qui a laissé à plusieurs participants le sentiment d’être « parqués ».
Discours syndicaux et colère sociale
Sous les drapeaux rouges et noirs, les revendications syndicales ont été martelées : justice fiscale, abrogation de la réforme des retraites, hausse des salaires, défense des services publics. « Il n’y aura pas de stabilité sans justice sociale », a lancé Frédéric Pissot (CGT Côte-d’Or), sous les applaudissements.
La FSU a fustigé les « cadeaux aux très riches » et la Confédération paysanne a dénoncé « un pouvoir sourd face aux urgences sociales et environnementales ». L’intersyndicale a d’ores et déjà fixé le prochain rendez-vous au 18 septembre, cette fois avec la CFDT.
La rue donne le ton
Si les prises de parole syndicales se sont parfois perdues dans le brouhaha, la foule a imposé sa dynamique. En tête de cortège, de nombreux jeunes militants – dont des Jeunes Insoumis et des étudiants – ont entraîné la marche sous les chants antifascistes, les drapeaux palestiniens et les banderoles appelant à la grève générale.
Des slogans hostiles au président et au gouvernement ont rythmé la déambulation : « Macron démission », « Free Palestine », ou encore des critiques contre le budget de la défense. L’ambiance été conviviale, jusque la place wilson.
Des tensions en fin de parcours
Arrivée place Wilson en milieu d’après-midi, la manifestation s’est d’abord dispersée dans le calme. Mais peu avant 17 heures, des heurts ont éclaté lorsqu’un petit groupe a tenté de forcer le passage vers le centre-ville (voir notre article pour comprendre le déroulement des événements). Les forces de l’ordre ont alors répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, provoquant des scènes de confusion.
La préfecture a fait état de cinq interpellations, plusieurs dégradations et des feux de poubelles. Au plan national, près de 500 personnes ont été arrêtées. Solidaires 21, qui revendiquait 5.000 participants à Dijon, a dénoncé une « répression massive » ayant empêché la tenue d’une assemblée générale prévue en fin de journée.
À lire aussi
-
« Bloquons tout » : suivez en direct la matinée de mobilisation du 10 septembre
Hier, nous étions sur le terrain pour vous faire vivre en direct la mobilisation organisée par les membres de « Bloquons tout » et plusieurs syndicats. Retrouvez notre compte rendu complet ici. -
« Bloquons tout » : une mobilisation massive à Dijon, des incidents en fin de cortège
Dans cet article, nous revenons sur les tensions apparues en fin de manifestation et relayons la réaction de l’Union syndicale Solidaires 21, qui dénonce ce qu’elle considère comme une « répression massive » des forces de l’ordre. -
En images : la mobilisation à Dijon rassemble plusieurs milliers de personnes
Revivez la journée en photos à travers les moments forts du cortège, des prises de parole syndicales aux affrontements en fin de parcours.