La décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) de rejeter la demande d’asile politique du capitaine Paul Watson, figure emblématique de la défense des océans et fondateur de l’ONG Sea Shepherd, provoque une levée de boucliers dans les rangs socialistes. Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, une soixantaine de députés, sénateurs et eurodéputés demandent à Emmanuel Macron d’intervenir personnellement pour accorder l’asile à l’activiste canadien.
Une « aberration » dénoncée
Révélé par Le Parisien le 23 septembre, le refus de l’asile a immédiatement suscité l’indignation. Les parlementaires signataires parlent d’une « aberration » de la part d’un pays qui se revendique comme « patrie des droits de l’homme ». Ils rappellent que le chef de l’État avait publiquement assuré à Paul Watson, en juin dernier, qu’il « s’arrangerait » pour que son dossier trouve une issue favorable.
« Aujourd’hui, l’Ofpra a rejeté sa demande, au mépris de votre engagement public et des valeurs que notre pays porte », écrivent les élus, parmi lesquels figurent Boris Vallaud, Olivier Faure, François Hollande ou encore plusieurs parlementaires ultramarins.
Un militant toujours menacé
Paul Watson, 73 ans, a passé 149 jours en détention au Groenland pour ses actions contre la pêche baleinière illégale. Toujours sous la menace d’une extradition vers le Japon, où il est poursuivi pour avoir dénoncé des pratiques de chasse à la baleine et de destruction de la biodiversité, il ne peut compter ni sur le soutien du Canada – hostile en raison de ses actions contre la chasse aux phoques – ni sur celui des États-Unis.
L’Ofpra a justifié son refus par le retrait de la notice rouge d’Interpol, estimant que les menaces ne seraient plus « avérées ». Une argumentation jugée « cynique et éloignée de la réalité » par les parlementaires, qui estiment que le danger demeure bel et bien concret.
Un combat universel
Pour les signataires, le fondateur de Sea Shepherd incarne bien plus qu’un militant écologiste : « Il porte un combat universel, celui de la préservation des océans, poumons bleus de la planète. Son engagement a inspiré des millions de citoyens et contraint des États à affronter leurs responsabilités environnementales. »
L’avocat de Paul Watson, Me Emmanuel Ludot, rappelle que la Constitution française garantit que « nul ne peut être poursuivi pour ses idées ». Accorder l’asile au capitaine ne serait pas « un acte de charité, mais un devoir républicain ».
Un appel direct au Président
Les parlementaires demandent à Emmanuel Macron d’user de son pouvoir constitutionnel pour passer outre la décision de l’Ofpra. « Ne laissez pas la France devenir complice, par son inaction, des persécutions contre un homme qui a consacré sa vie à la défense du bien commun », implorent-ils.
La lettre se conclut par une injonction claire : « Monsieur le Président, tenez votre engagement. Accordez l’asile au Capitaine Paul Watson. Montrez que la France reste fidèle à ses idéaux : fraternité, justice et protection des plus vulnérables. »