Ce matin, Thierry Coudert, tête de liste du Rassemblement dijonnais pour les municipales de 2026, a tenu une conférence de presse consacrée à la sécurité. À notre grande surprise, Dijon Actualités était le seul média présent — une situation que nous jugeons préoccupante s’agissant d’un candidat aux municipales présentant les grandes lignes de son programme, thème par thème.
Dans un échange formel, mais au ton volontairement libre — « un point tous les mois… sous forme de discussion, à bâtons rompus », a-t-il expliqué — le candidat a présenté plusieurs mesures chiffrées et propositions concrètes qu’il souhaite mettre en œuvre s’il accède à la mairie de Dijon. Cette conférence intervient dans un contexte local tendu, marqué par une recrudescence d’actes de violence qui ont replacé la question de la sécurité au cœur du débat politique dijonnais.
Priorité n°1 : une police municipale « 24 h/24 » et des effectifs doublés
Thierry Coudert a fait de la réorganisation et du renforcement de la police municipale la pierre angulaire de son dispositif. Il propose un doublement des effectifs municipaux « sur six ans » : passer d’environ 100 agents aujourd’hui à au minimum 200 policiers municipaux, afin d’assurer une présence continue — en particulier la nuit, période selon lui insuffisamment couverte. Il rappelle que la police municipale doit prendre en charge « tout ce qui n’est pas judiciaire » pour permettre à la police nationale de se concentrer sur les affaires les plus graves.
Le candidat met en avant l’idée que des effectifs plus nombreux rendraient possible une couverture 24/7 et expliquent, dit-il, le sentiment d’insécurité actuel : « la police municipale ne fonctionne pas entre 3 h et 7 h du matin », a-t-il déploré, soulignant que c’est justement un créneau où peuvent se produire des délits graves.
Vidéosurveillance : multiplier par cinq le parc de caméras et renforcer le centre de supervision
Coudert fait de la vidéosurveillance le second pilier de son plan. Objectif annoncé : « multiplier par cinq » le parc actuel pour passer d’environ 200 caméras à près de 1 000 dispositifs, de façon à assurer une couverture continue du territoire et « suivre depuis le CSU un individu qui passe d’une rue à l’autre ». Le candidat ne remet pas en cause l’existence du centre de supervision urbain, mais veut en accroître la capacité opérationnelle : présence d’équipes renforcées la nuit, opérateurs spécifiquement formés au suivi en temps réel (« filage » à distance) et articulation formalisée avec la police nationale pour déclencher des interventions ciblées. Il insiste aussi sur un plan de maintenance robuste : choix d’équipements plus résistants au vandalisme, supervision technique centralisée, indicateurs de performance (taux de disponibilité, délais de remise en service) et remplacement accéléré des caméras défaillantes, un point qu’il juge « insuffisant aujourd’hui ».
Coopération métropolitaine et création d’unités spécialisées
Parmi ses propositions phares figure la création d’une « police du tram », spécifiquement dédiée à la sécurité dans les transports en commun. « Aujourd’hui, c’est la police nationale qui assure cette mission par cabotage, alors que ce n’est pas son rôle », explique le candidat. Pour lui, il est impératif que la métropole se dote de moyens propres afin d’assurer une présence visible et dissuasive dans les rames et aux arrêts, notamment face aux incivilités et aux agressions signalées sur les lignes.
Il propose également la constitution d’unités spécialisées à l’échelle métropolitaine, telles que des brigades cynophiles (équipes maîtres-chiens), des brigades équestres ou encore des équipes mobiles d’intervention rapide, capables d’être déployées sur différents secteurs du territoire selon les besoins. Ces unités, financées par la métropole et non par les seules communes, viendraient en appui des forces locales afin de renforcer la réactivité face aux situations d’urgence et d’apporter des compétences techniques spécifiques lors d’opérations ciblées.
Pour Thierry Coudert, cette mutualisation permettrait de mieux couvrir les zones sensibles et de rationaliser les moyens : « La délinquance ne s’arrête pas aux limites communales. Les trafics, les agressions ou les actes d’incivilité se déplacent, il faut donc une réponse cohérente et coordonnée à l’échelle du bassin de vie. »
L’élu voit dans cette coopération un levier essentiel pour moderniser l’action publique locale, tout en renforçant la cohésion entre les communes de la métropole. Il promet d’engager rapidement, s’il est élu maire de Dijon et président de la métropole, une concertation avec ses homologues afin de définir les contours de cette future organisation métropolitaine de la sécurité.

Moyens financiers et dialogue avec les bailleurs sociaux
Au-delà des effectifs et des équipements, Thierry Coudert entend agir sur les leviers économiques et partenariaux à la disposition du maire. Il estime en effet que la sécurité ne relève pas uniquement de la puissance publique, mais doit aussi mobiliser les acteurs de l’habitat social, qui disposent selon lui d’une part de responsabilité dans la tranquillité des quartiers.
Le candidat propose ainsi d’imposer aux organismes HLM d’investir davantage dans la sécurité de leurs résidences. Il rappelle que ces bailleurs bénéficient d’une exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties, en contrepartie de laquelle ils doivent contribuer à la qualité de vie et à la sécurité des habitants. « Ce n’est pas à la ville de tout financer », martèle-t-il, en soulignant que cette contrepartie doit être mieux encadrée et réorientée.
Concrètement, Thierry Coudert souhaite que les budgets dégagés par ces exonérations servent à financer des dispositifs concrets :
- l’installation ou la modernisation de caméras de surveillance dans les espaces communs des résidences ;
- la présence de maîtres-chiens pour sécuriser les parkings, halls et espaces extérieurs ;
- et plus globalement, le renforcement de la prévention technique et humaine de la délinquance dans les zones les plus sensibles.
Il envisage de négocier directement avec les bailleurs sociaux, dans un dialogue qu’il veut ferme mais constructif : « Si vous souhaitez conserver vos avantages fiscaux, vous devez investir dans la sécurité », prévient-il. L’objectif serait d’instaurer un véritable partenariat local où chaque acteur — mairie, métropole, bailleurs, police municipale — assumerait sa part de responsabilité dans la protection des habitants.
Sur le volet de la médiation sociale, souvent mise en avant par la municipalité sortante, Thierry Coudert se montre mesuré : il en reconnaît la légitimité mais en critique les résultats. Selon lui, les dispositifs actuels, coûteux et peu évalués, ne suffisent plus à répondre à la montée des incivilités et de la délinquance. Il annonce vouloir procéder à une évaluation complète du dispositif, avant d’envisager une réorientation ou un « recalibrage » des moyens. « Je n’ai pas de dogme sur la médiation », explique-t-il, « mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : la délinquance continue de progresser, il faut donc revoir le modèle. »
En filigrane, Thierry Coudert défend une vision pragmatique et gestionnaire de la sécurité : mieux cibler les dépenses, responsabiliser les partenaires, et conditionner les avantages publics à des engagements concrets en matière de tranquillité et de prévention.
Coordination judiciaire et volonté politique
Thierry Coudert place également la coopération institutionnelle au cœur de sa stratégie sécuritaire. Conscient que la mairie n’a pas tous les pouvoirs en matière de sécurité publique, il veut instaurer un pilotage politique régulier et direct entre les différentes autorités compétentes : la Ville, la Préfecture et le Parquet.
Le candidat propose d’organiser des réunions mensuelles tripartites réunissant le maire, le préfet et le procureur de la République afin de suivre les dossiers sensibles, d’évaluer les situations locales et de décider des priorités d’action. L’objectif : sortir d’une logique purement administrative pour mettre en place un dialogue politique de terrain, réactif et coordonné.
Thierry Coudert explique que ces réunions permettraient d’aborder notamment la question des expulsions locatives de certains individus connus pour troubler l’ordre public dans les quartiers. Il estime que certaines situations d’insécurité chronique — souvent le fait d’une poignée d’individus — nécessitent une approche ferme et concertée. « Je ne décide pas à la place du préfet ou du procureur, mais je veux que la mairie soit autour de la table pour pointer les cas problématiques et demander que la loi s’applique », affirme-t-il.
Il reconnaît que ces sujets dépassent les prérogatives municipales, mais insiste sur la nécessité d’une volonté politique forte pour enclencher les mécanismes déjà existants : « Trop souvent, tout cela reste entre les mains des collaborateurs ou des techniciens. Moi, je veux que le maire soit personnellement impliqué. »
Ce dispositif viserait à fluidifier la circulation d’informations entre les institutions et à accélérer les prises de décision, notamment lorsqu’il s’agit de délinquants multirécidivistes, de trafics locaux ou de situations de violence répétée dans certains ensembles d’habitation. Coudert plaide pour un suivi au plus haut niveau des situations de tension afin de « rétablir progressivement la tranquillité publique dans les quartiers les plus exposés ».
Le candidat insiste toutefois sur le respect des rôles et des compétences de chacun : « Le préfet reste responsable de l’ordre public, le procureur agit en toute indépendance, mais le maire doit être le lien permanent entre les habitants et l’État. » En somme, il veut replacer la mairie au cœur du dispositif sécuritaire, non pas comme un acteur secondaire, mais comme un partenaire institutionnel à part entière, capable de relayer les attentes de la population et de peser sur les priorités locales.
Pour lui, cette démarche est avant tout une question de méthode et de volonté politique : « Les outils existent déjà, mais ils ne sont efficaces que si on les active réellement. » Cette formule résume la philosophie de son programme : plus que de nouvelles structures, il appelle à un réarmement politique et moral de la puissance publique locale, fondé sur la fermeté, la coordination et la présence de l’autorité municipale sur tous les fronts.
Questions pratiques et posture personnelle
Interrogé sur les questions de protection personnelle et de statut — chauffeur, garde du corps — Thierry Coudert a répondu avec fermeté. Contrairement à François Rebsamen, qui l’a fait et le fait encore, et à Nathalie Koenders, actuelle maire de Dijon, qui bénéficie elle aussi de ce dispositif, le candidat du Rassemblement dijonnais écarte catégoriquement l’idée d’un garde du corps privé payé par la collectivité. Il juge cette pratique « inappropriée », sauf en cas de menace sérieuse et avérée, reconnue par les services de l’État (SPHP).
En revanche, il n’exclut pas le recours à un chauffeur municipal pour les déplacements officiels liés aux obligations de représentation du maire — cérémonies, inaugurations ou commémorations — tout en rejetant tout usage personnel ou ostentatoire de ce dispositif.
Un positionnement politique affirmé et une alternative à la majorité sortante
Au-delà des mesures techniques, le ton de la conférence était politique : Coudert s’est présenté comme une alternative à l’équipe sortante et aux autres listes, en revendiquant la capacité numérique de son socle électoral pour être « la première force d’opposition au second tour » et, potentiellement, la liste d’alternance face à la coalition qui soutient l’actuelle majorité municipale. Son calendrier est celui des municipales de mars 2026 ; il affirme être prêt à porter ce projet localement tout en restant disponible pour d’autres combats politiques si nécessaire.
Les propositions de Thierry Coudert répondent à une attente forte d’une partie de la population dijonnaise : davantage de sécurité, une présence policière plus visible et des dispositifs techniques plus performants. Reste à préciser les modalités de financement, le calendrier réaliste de recrutement et de formation des agents, ainsi que la coordination avec les services de l’État. Les prochains mois — et les points mensuels promis par le candidat — permettront d’affiner le chiffrage et la mise en œuvre de ces mesures.
Une chose est certaine : Thierry Coudert fait de la sécurité le pilier central de sa campagne électorale. Dans les mois à venir, il dévoilera ses autres propositions thématiques. Le ton est donné : la campagne municipale dijonnaise est bel et bien lancée.