Le syndicat enseignant SNES-FSU de l’académie de Dijon monte au créneau contre un nouveau dispositif lancé par le rectorat et baptisé « Au cœur de la classe ». Présenté par l’institution comme une initiative innovante destinée à améliorer les apprentissages des élèves, ce projet est jugé par le syndicat « fumeux, dangereux et fondé sur du travail gratuit ».
Dans un communiqué publié ce mardi, le SNES-FSU s’insurge contre ce qu’il considère comme une « nouvelle opération de communication » de la rectrice. Après le job dating organisé il y a quelques mois pour recruter des enseignants contractuels « en 20 minutes », le syndicat estime que ce dispositif n’est qu’un nouvel exemple d’improvisation administrative : « Une fois de plus, l’académie prétend innover, mais ne fait que sortir la caisse à outils pour une opération bricolage », écrit-il.
Un dispositif jugé chronophage et sans moyens
Selon les informations du syndicat, « Au cœur de la classe » prévoit la tenue de nombreuses réunions dans certains collèges pilotes, réunissant enseignants et corps d’inspection pour « trouver des solutions inédites » afin d’aider les élèves en difficulté. Problème, selon le SNES-FSU : ces réunions s’ajouteraient à la charge de travail des professeurs, sans rémunération supplémentaire ni baisse des effectifs dans les classes. « Le cœur de la classe, nous le connaissons bien, car c’est nous qui le faisons battre », rétorquent les enseignants, rappelant que la réussite des élèves dépend avant tout de conditions d’enseignement dignes.
Les revendications du syndicat
Le SNES-FSU Dijon rappelle qu’il existe déjà des leviers concrets pour améliorer la réussite scolaire :
- Faire confiance aux enseignants, qu’il considère comme des cadres concepteurs de leur métier et non de simples exécutants.
- Réduire les effectifs dans les classes, un problème récurrent en France selon les comparaisons internationales.
- Renforcer les personnels d’accompagnement : infirmières, assistantes sociales, psychologues de l’Éducation nationale, assistants d’éducation et AESH, afin d’assurer un meilleur suivi des élèves, en particulier les plus fragiles.
Un passage en force dénoncé
Le syndicat accuse également le rectorat d’avoir présenté le dispositif hors instance, sans consultation formelle ni vote. « Les critiques légitimes et unanimes exprimées lors de la rencontre informelle avec les organisations syndicales ont été ignorées », déplore le communiqué. Pour le SNES-FSU, cette méthode illustre un manque de dialogue social et une défiance envers le corps enseignant : « Les collègues attendent des moyens, pas des injonctions descendantes ».
Appel à la mobilisation
Le syndicat appelle les enseignants des établissements concernés à ne pas participer bénévolement à ces réunions et à se rapprocher de leurs sections départementales pour toute question ou difficulté. Selon le SNES-FSU Dijon, « Au cœur de la classe » risque de rejoindre la longue liste des dispositifs expérimentaux « aussi vite oubliés qu’annoncés ».
Le syndicat réaffirme sa position : « Ce dont l’école a besoin, ce n’est pas de gadgets ou d’expériences managériales, mais de confiance, de moyens et de temps pour enseigner. »