Un an après les manifestations du 18 octobre 2024 devant le Conseil régional, les Jeunes Agriculteurs Bourgogne–Franche-Comté (JA BFC) tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme : « pas de cadeau, pas de bougies… et toujours pas de paiements ». Dans un communiqué publié ce mardi, le syndicat dénonce des « promesses » qui tardent à se traduire en actes et un système administratif « en attente » depuis des mois.
Un blocage qui s’éternise
Selon JA BFC, la situation « reste accablante » : l’autorité régionale, devenue autorité de gestion du FEADER depuis 2023, ne parviendrait pas à traiter les dossiers dans les délais, malgré un « plan de sortie de crise » évoqué ces derniers mois. « À l’arrêt », résume le syndicat, qui fustige des « réunions […] riches en palabres chronophages » sans résultats tangibles pour les exploitations.
Dans ce contexte, la colère « demeure actuelle » chez des agriculteurs « qui attendent encore et toujours une fin à leur calvaire ». Les JA pointent une « incompétence flagrante » au regard d’autres régions qui auraient « fait le nécessaire ».
Les chiffres qui irritent
Le communiqué liste plusieurs dispositifs FEADER où les compteurs restent bloqués :
- Transition agro-écologique : 254 dossiers déposés, 0 convention signée.
- Diversification : 172 dossiers déposés depuis 2023, 0 convention.
- Investissements : 465 dossiers programmés pour 2023-2024, 0 paiement ; pour 2025, 351 dossiers déposés, 0 convention à ce stade.
- DJA (Dotation Jeunes Agriculteurs) : des paiements « arrivent peu à peu », mais l’outil « génère encore des anomalies » qui allongent les délais.
Ces chiffres, « mis à [leur] disposition par ce même Conseil régional », traduisent « zéro avancement », regrettent les JA, qui disent manquer de mots « pour traduire [leur] résignation face à cette administration sclérosée et passive ».
Natura 2000 dans le viseur
Autre sujet sensible : la réaffectation de l’enveloppe Natura 2000. JA BFC affirme alerter « depuis bien longtemps » sur une répartition « principalement » tournée vers l’animation, au détriment d’aides allant « directement aux agriculteurs ». La Région convoquerait, selon eux, des « pseudo-consultations » dont l’objectif se limiterait à la présence de la profession, les « recommandations » du syndicat n’étant « jamais écoutées, discutées et encore moins appliquées ».
Entre lassitude et détermination
« On nous fait attendre. Encore et toujours », insiste l’organisation, qui dit refuser de voir la Bourgogne–Franche-Comté « figée par ses dysfonctionnements » tandis que « trop de vies d’agriculteurs » seraient déjà « bouleversées ». Pour l’heure, « l’objectif n’est pas de revenir siéger boulevard de la Trémouille » (siège du Conseil régional à Dijon), les exploitations ayant « plus besoin » de la présence des agriculteurs. Mais faute d’avancées majeures dans les plus brefs délais, une remobilisation est envisagée.
JA BFC en appelle à un « sursaut » politique : « Il est grand temps que la Région se rende compte de la gravité de la situation et qu’elle prenne ses responsabilités », écrivent-ils, disant espérer que le changement de présidence et un renforcement de l’expertise sur l’agriculture permettront « un déblocage au plus vite ». « Une fois encore, il est urgent d’agir ! »
Communiqué de presse du 14 octobre 2025 :
Fonds FEADER : l’agriculture toujours en peine, un an après les mobilisations
Une date anniversaire, mais rien à célébrer. Pas de cadeau, pas de bougies… et toujours pas de paiements. Un an après les manifestations devant le Conseil régional du 18 octobre 2024, la situation reste accablante pour les agriculteurs de Bourgogne – Franche-Comté. Absence de paiement, logiciel en attente… des promesses qui peinent à se transformer en actes concrets pour la profession.
La colère, la hantise et la détresse demeurent actuelles auprès des agriculteurs qui attendent encore et toujours une fin à leur calvaire. Des années de patience, face à une administration désorganisée, devenue autorité de gestion depuis 2023, qui n’apporte aucune issue à la situation. Les manifestations devant le Conseil régional ont été le fruit d’une colère trop longtemps couvée par des promesses qui ne se sont jamais transformées en actes.
Un an après ces mobilisations où en est la situation ?
À l’arrêt. Un plan de sortie de crise qui n’a pas encore abouti, des instructions de dossiers toujours en souffrance et des paiements restants en attente. Malgré les vaines tentatives pour sortir de la crise, le Conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté reste en difficulté pour le traitement de ces demandes, dans les délais fixés par l’UE. Une incompétence flagrante qui dénote, quand les autres régions ont, elles, fait le nécessaire.
Les réunions et autres rencontres administratives superflues, riches en palabres chronophages, ont seulement permis de faire gagner du temps à la Région, quand la profession, les femmes et les hommes engagés, eux, en ont perdu. Des résultats dérisoires face au désarroi.
Alors, on nous fait attendre. Encore et toujours. Malgré l’appel aux médias, on nous fait attendre. Nous manifestons pour faire bouger les lignes, mais rien. Toujours de l’attente. Que faut-il faire pour que le Conseil régional BFC nous entende ? Pour qu’il réagisse ? Pour qu’il agisse ? Il est inacceptable de voir la Bourgogne-Franche-Comté figée par ses dysfonctionnements, laissant ses agriculteurs se débattre seuls face à cette crise. Trop de vies d’agriculteurs ont été et sont bouleversées par cette situation qui n’a que trop duré.
Il faut rappeler, une énième fois, que sur les 254 dossiers déposés en “transition agroécologiques” 0 conventions ont abouti et encore 0 conventions sur les dossiers “diversification” pour 172 dossiers déposés depuis 2023. Qu’il y a eu 0 paiement pour les années 2023 et 2024 en “investissement” sur 465 dossiers programmés et 0 convention pour 2025 pour les 351 dossiers déposés. Enfin, que le paiement “Dotation Jeunes Agriculteurs” arrive peu à peu, mais que l’outil génère encore des anomalies qui allongent les délais pour certains dossiers.
Des chiffres mis à notre disposition par ce même Conseil régional. Zéro avancement donc… Mais les mots manquent pour traduire notre résignation face à cette administration sclérosée et passive.
S’agissant du re-maquettage sur la répartition de l’enveloppe “Natura 2000”, nous alertons déjà depuis bien longtemps sur le fait qu’elle porte principalement sur de l’animation, les crédits ne revenant que peu ou pas aux agriculteurs. Aujourd’hui, le Conseil régional convie la profession à des “pseudo-consultations” qui ont pour seul objectif notre présence. Nos revendications, nos commentaires ou autres recommandations n’étant jamais écoutés, discutés et encore moins appliqués.
Pour l’heure, l’objectif n’est pas de revenir siéger boulevard de la Trémouille, nos exploitations ont bien plus besoin de notre présence. En revanche, sans avancées majeures dans les plus brefs délais, nous nous réservons cette possibilité. Le syndicat Jeunes Agriculteurs Bourgogne – Franche-Comté reste mobilisé pour ne pas laisser une situation qui dure s’enliser davantage, face à une administration en tension.
Il est grand temps que la Région se rende compte de la gravité de la situation et qu’elle prenne ses responsabilités, nous n’accepterons pas d’être laissés à l’abandon. Nous souhaitons que le changement de présidence et l’expertise sur la thématique agriculture pourront enfin permettre un déblocage au plus vite : une fois encore, il est urgent d’agir !