Ah, Dijon ! Ville d’art, de moutarde… et désormais de brumisation automnale. On le savait, la municipalité mène de front la lutte contre les pics de chaleur — quitte à confondre octobre avec l’été. Car oui, chers lecteurs, pendant que vos essuie-glaces s’affolent sur la Rocade’ et que vos doigts gèlent sur le guidon du vélo, les brumisateurs de la ville tournent à plein régime. En plein mois d’octobre.
Ces élégantes colonnes d’acier, censées nous rafraîchir en été, diffusent désormais leur douce rosée dans le vide automnal. Des microgouttelettes d’eau potable (oui, potable ! celle qu’on boit !), projetées héroïquement sur les marronniers trempés du Square Gaston Roupnel. L’image est poétique : le progrès qui transpire sous la pluie.
On nous explique pourtant que ces engins sont « écologiques », qu’ils « n’arrosent pas pour rien », qu’ils « hydratent les sols ». Soit. Mais quand lesdits sols sont déjà imbibés façon éponge usagée, on frôle le concours Lépine de la bêtise hydraulique.
Et c’est un Dijonnais, courageux promeneur du 21 octobre 2025, qui a tiré la sonnette d’alarme. Ou plutôt, la gâchette du bon sens : « Non mais, ils sont sérieux là ? Ils nous prendraient pas pour des cons, quand même ? » Une phrase simple, limpide, presque rafraîchissante – à l’image du dispositif.

La scène : un square détrempé, les arbres ruisselants, les brumisateurs crachant leur brume d’été comme si l’on vivait une canicule tropicale. On imagine les pigeons en maillot de bain, les feuilles mortes faisant du paddle dans les flaques, et la mairie qui se félicite : « Regardez comme notre ville respire mieux ! »
Respire mieux, peut-être. Mais attrape une pneumonie, sûrement. Et le plus ironique dans l’histoire ? Cet été, au plus fort de la chaleur, ceux du Jardin Darcy étaient souvent aux abonnés absents ! Pas une goutte, pas un souffle de brume à l’horizon. Le lieu ressemblait plus à une plancha qu’à une oasis. Et voilà que maintenant, en octobre, les brumisateurs se réveillent, pleins d’entrain, sous les doudounes et le crachin.
Alors oui, Dijon brumise, Dijon s’auto-félicite, Dijon “agit pour le climat”. Mais à force de faire de la poudre aux yeux, on finit par faire de la brume aux cerveaux. Le vrai défi n’est plus de rafraîchir la ville – c’est de rafraîchir les idées. Et tant qu’on persistera à arroser la pluie, on pourra toujours parler d’écologie… Mais il faudra surtout arrêter de nous prendre pour des imbéciles.