À Chenôve, les relations entre majorité municipale et opposition s’enveniment à nouveau. Une lettre officielle du maire, Thierry Falconnet, adressée au Club d’entreprises GrandSud, a suscité une vive réaction de l’élu d’opposition Philippe Neyraud. Ce dernier accuse l’équipe municipale de vouloir museler toute voix dissidente à l’approche des élections municipales.
Un courrier officiel pour « clarifier la représentation » de la Ville
Le 13 octobre 2025, le maire de Chenôve a adressé une lettre officielle à Madame Céline Poillot et Monsieur Thierry Durand, co-présidents du Club GrandSud, un réseau économique réunissant des entrepreneurs et acteurs du développement local.
Dans ce courrier, Thierry Falconnet attire l’attention des responsables du club sur la représentation officielle de la Ville de Chenôve en leur sein. Le maire indique avoir été informé que Philippe Neyraud, conseiller municipal d’opposition, participait régulièrement aux réunions du Club en se présentant comme représentant de la municipalité. Or, souligne-t-il, « M. Neyraud n’a reçu aucun mandat pour représenter la Ville de Chenôve dans cette instance. »
Le maire s’appuie sur l’article L.2122-21 du Code général des collectivités territoriales, qui dispose que le maire « représente la commune dans tous les actes de la vie civile et en justice » et qu’il peut, le cas échéant, déléguer cette représentation à un adjoint ou à un conseiller municipal « par arrêté ». Dans le cas présent, cette délégation a été confiée à Mongi Bahri, conseiller municipal délégué à l’attractivité du territoire et aux relations économiques.
Le courrier, signé du maire et diffusé sous en-tête officiel de la Ville de Chenôve, demande donc explicitement que « les échanges avec la Ville de Chenôve se fassent exclusivement par l’intermédiaire de ses représentants dûment habilités ».
La réaction de Philippe Neyraud
Quelques jours plus tard, Philippe Neyraud a choisi de répliquer publiquement sur Facebook dans un message au ton offensif, titré « Pensée unique et sectarisme ». Il y dénonce ce qu’il considère comme une tentative de mise à l’écart politique : « Depuis trois ans maintenant, je me rends régulièrement à ces rencontres en tant que conseiller municipal d’opposition. Il faut croire qu’à l’approche des élections, ma présence dérange. »
Selon lui, cette « missive » du maire adressée au Club GrandSud vise clairement à l’évincer des échanges économiques locaux. Il compare la situation à un autre épisode récent : un voyage officiel en Allemagne, dans le cadre du jumelage de la ville, où, selon ses propos, l’opposition aurait été « soigneusement écartée », contrairement à la délégation allemande, où « toutes les sensibilités politiques étaient représentées ».
Dans sa publication, l’élu d’opposition déplore un « déni de démocratie » et appelle les habitants à « se réveiller » : « Une telle censure, écrit-il, rejette les Droits de l’homme, les libertés individuelles et prône la pensée unique et le culte du chef. On peut ne pas être d’accord sans pour autant bannir et mépriser son opposition. »
Un climat politique sous tension à quelques mois des municipales
Cette controverse s’inscrit dans un climat déjà tendu à Chenôve, à moins de six mois des élections municipales de 2026. Thierry Falconnet, maire socialiste réélu en 2020, prépare manifestement une nouvelle candidature, tandis que l’opposition cherche à exister sur la scène publique et à se démarquer sur le terrain économique et associatif.
Le Club GrandSud, lieu d’échanges entre entrepreneurs, institutions et élus, apparaît ainsi comme un symbole de reconnaissance et de visibilité politique. Pour la majorité municipale, il s’agit simplement d’un cadre institutionnel où seules les personnes mandatées peuvent s’exprimer au nom de la Ville.
Pour Philippe Neyraud, au contraire, cette précision administrative s’apparente à une manœuvre d’exclusion, révélatrice, selon lui, d’une conception fermée du débat public.