Cette fois, c’est dit. La « générosité » est finie, selon le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou. En supprimant la prime de Noël pour les bénéficiaires du RSA et les chômeurs en fin de droits sans enfants, le gouvernement choisit le mépris comme politique sociale et l’austérité comme cadeau de fin d’année. À ceux qui n’ont plus rien, on enlève encore. À ceux qui ont tout, on déroule le tapis rouge.
$La phrase du ministre – « La générosité qu’on a connue est peut-être arrivée à son terme » – restera comme un aveu brutal : la solidarité, pilier républicain, est désormais considérée comme une faiblesse. Ce n’est pas l’argent qui manque, c’est la volonté. Car pendant qu’on retire 150 euros aux plus pauvres, les dividendes explosent, les aides publiques aux grandes entreprises se chiffrent en dizaines de milliards, et les ministres paradent en parlant de « courage budgétaire ».
Le courage ? Ce n’est pas de s’attaquer à ceux qui n’ont rien. C’est de demander des comptes à ceux qui s’engraissent sur le dos de la collectivité.
Farandou et ses collègues parlent de « responsabilité », d’« équilibre des comptes », de « fin de la générosité ». Mais où était cette rigueur quand il s’agissait d’exonérer les grandes fortunes ? Où est-elle quand l’État dépense des milliards pour soutenir les profits du CAC 40 ? La vérité, c’est qu’ils n’ont pas supprimé la générosité : ils l’ont privatisée. Elle ne s’adresse plus aux pauvres, mais aux puissants.
Pendant ce temps, les foyers modestes comptent chaque centime, se demandent comment chauffer leur logement, et voient s’éloigner un peu plus chaque jour la promesse de dignité.
Supprimer la prime de Noël, ce n’est pas une mesure technique, c’est un symbole : celui d’un État qui retire la main tendue au moment même où les plus fragiles en ont le plus besoin. C’est dire à des millions de Français : « Vous ne méritez plus la solidarité. » C’est infliger l’humiliation économique, au nom de tableaux Excel et de ratios budgétaires.
Ce gouvernement, qui prétend défendre le « travail » et « la responsabilité », démontre surtout son cynisme social. Il parle de « courage », mais c’est un courage à sens unique : celui qui s’exerce toujours vers le bas. On tape sur les pauvres, les chômeurs, les précaires, pendant qu’on caresse les puissants.
Les mots ont un sens. Quand un ministre dit que la « générosité est terminée », c’est la République sociale elle-même qu’il enterre.
La prime de Noël, ce n’était pas grand-chose. Mais c’était un signe. Un signe que, malgré tout, la société n’avait pas totalement renoncé à l’idée de fraternité. En la supprimant, ce gouvernement choisit l’indifférence. Et cette indifférence, elle, coûtera bien plus cher que 150 euros.
