Depuis plusieurs mois, notre rédaction reçoit régulièrement, par mail ou par voie postale, des documents sensibles : échanges de mails, factures, correspondances diverses… et parfois des enregistrements audio. Ce fut notamment le cas en octobre 2025, lorsqu’une clé USB nous avait été adressée, contenant des conversations privées manifestement captées à l’insu des personnes concernées.
Ce samedi 22 novembre 2025, comme d’autres médias de la métropole dijonnaise selon toute vraisemblance, nous avons une nouvelle fois été destinataires d’un enregistrement audio. Celui-ci semble laisser entendre une conversation entre Bilel Latreche et une femme résidant à Toulouse, d’après ce qui ressort du contenu.
Un enregistrement déjà diffusé sur Facebook
Cet enregistrement n’est pas resté confidentiel : il a été publié sur une page Facebook intitulée « Samir Latreche Boufetata », accompagné d’un long message particulièrement accusateur. Quant à savoir qui se trouve derrière ce profil, nous ne le savons pas.
Voici les propos exacts diffusés publiquement sur ce profil (nous les reproduisons pour les besoins d’information, comme un document déjà rendu public, et non comme des faits établis) :
« C’est profondément révoltant de voir comment certains comportements violents envers une ex-conjointe peuvent encore passer entre les mailles du système. Lorsqu’une femme affirme avoir subi insultes, humiliations et agressions, elle devrait être protégée immédiatement pourtant la justice française montre une fois de plus des failles inquiétantes.
Pour rappeler les faits tels qu’ils ont été rapportés : cette femme aurait subi des violences ayant entraîné 21 jours d’ITT, puis 40 jours d’ITT, constatés par un médecin légiste. L’homme a été condamné en première instance, puis a fait appel, prolongeant ainsi encore la procédure et son épuisement psychologique. Elle a demandé le divorce, pour faute, évoquant violences conjugales et adultère.
Des enregistrements montreraient même qu’il tenterait d’obtenir un faux témoignage auprès de l’une de ses maîtresses, ce qui rend la situation encore plus choquante. Pendant des années, il l’aurait dénigrée, humiliée, rabaissée et aujourd’hui, il tenterait encore de la faire passer pour « folle ». Une mécanique bien connue dans les dossiers de violences domestiques.
Et le plus écœurant, c’est que cet individu décrit comme malveillant et manipulateur continue d’être invité et même sponsorisé dans certains événements, comme si de rien n’était. C’est à vomir.
Courage, madame. La vérité finit toujours par émerger, et tôt ou tard, chacun verra le véritable visage de ceux qui se sont crus intouchables.
Le Bien Public Dijon Actualités Mina Essard »
Ces propos relèvent exclusivement de la publication Facebook d’un tiers. À ce stade, aucune décision judiciaire définitive n’est venue confirmer ou infirmer l’ensemble de ces accusations. Bien qu’il ait été condamné en première instance, il est important de rappeler que M. Bilel Latreche a fait appel de cette décision.
Pourquoi nous ne diffuserons pas cet enregistrement, ni les autres que nous avons reçus
Même si cet enregistrement circule déjà publiquement, un média ne peut pas, de son propre chef, s’affranchir du cadre légal.
Un cadre juridique strict
- L’article 226-1 du Code pénal interdit d’enregistrer ou de transmettre des paroles prononcées à titre privé sans le consentement des personnes.
➝ Peine encourue : 1 an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. - L’article 226-2 du Code pénal interdit la diffusion d’un enregistrement obtenu sans consentement – même si le média n’est pas l’auteur de l’enregistrement.
➝ Le simple fait de relayer ce contenu peut être pénalement sanctionné.
Des exceptions extrêmement rares
Dans quelques dossiers, des médias ont été exemptés de responsabilité lorsque :
- la conversation révélait un enjeu d’intérêt général majeur (« on ne peut pas dire ici même que Monsieur Latreche soit d’un “intérêt général majeur” »).
- et que sa diffusion était strictement nécessaire à l’information du public.
Ces situations demeurent exceptionnelles et s’apprécient uniquement au cas par cas, dans le cadre très précis défini par la jurisprudence de la CEDH.
Une décision conforme à notre éthique et à la loi
Pour toutes ces raisons, nous ne diffuserons pas cet enregistrement, ni les précédents que nous avons reçus. La protection de la vie privée, le respect de la loi et la prudence journalistique guident nos choix éditoriaux. Ces principes ne sont pas de simples formules : ils constituent la base même de notre travail et de notre responsabilité envers nos lecteurs.
Il est essentiel de rappeler qu’un média ne peut pas, sous prétexte qu’un enregistrement circule déjà sur les réseaux sociaux, se soustraire au cadre légal. La loi française encadre strictement la captation et la diffusion de conversations privées. Diffuser un enregistrement obtenu sans le consentement des personnes concernées expose non seulement son auteur, mais aussi tout média qui le relaierait, à des poursuites pénales.
Nous estimons indispensable de respecter cette règle, non seulement pour éviter une instrumentalisation de notre rédaction, mais aussi parce que ce cadre protège chaque citoyen, quelle que soit sa situation.
Au-delà de la loi, nous tenons à affirmer clairement notre refus de toute forme de manipulation, qu’elle soit directe ou indirecte. Ces derniers mois, notre rédaction a reçu différents documents, souvent transmis anonymement, parfois de manière ambiguë, et toujours dans un contexte chargé.
Qu’il s’agisse de l’affaire Bilel Latreche, d’autres dossiers locaux ou de sujets sensibles en général, nous restons vigilants face aux tentatives de pression, d’influence ou d’exploitation médiatique.
Cette vigilance est d’autant plus nécessaire qu’à quelques mois des élections municipales, les tensions politiques s’accentuent, les stratégies de communication s’aiguisent et les tentatives de discrédit peuvent se multiplier. Les médias peuvent alors devenir, volontairement ou non, des relais de manœuvres destinées à nuire à une personne ou à influencer l’opinion publique.
Nous refusons catégoriquement d’endosser ce rôle. Notre ligne éditoriale repose sur l’analyse, la vérification et la responsabilité, et non sur la surenchère ou la diffusion de contenus potentiellement illégaux.
Cela ne signifie pas pour autant que nous ignorons les affaires en cours. Nous continuerons à suivre celle-ci avec attention, comme nous le faisons pour tout dossier impliquant des accusations de violences ou d’autres faits graves.
Si des éléments officiels, vérifiés, judiciaires, ou tout simplement fiables et documentés devaient émerger, nous les traiterons avec le sérieux et la rigueur qui s’imposent.
Notre engagement demeure le même : informer, mais informer juste. Informer, mais informer vrai. Informer, sans céder à la facilité ou aux pressions extérieures.
En attendant, nous ne publierons ni cet enregistrement, ni tout autre document sonore obtenu dans des conditions similaires. C’est une question de droit, mais aussi d’éthique, de cohérence et de respect envers nos lecteurs et nos valeurs.
