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Alors que le projet de loi de finances 2026 (PLF) poursuit son examen au Sénat, Plan International France tire la sonnette d’alarme : l’aide publique au développement (APD) pourrait subir une nouvelle coupe drastique, atteignant 900 millions d’euros. Pour l’ONG, cette décision mettrait en péril des années d’avancées pour les droits des filles et des jeunes femmes dans les pays les plus vulnérables.
Une réduction cumulée de plus de 50 % en deux ans
Le gouvernement prévoit dans son projet initial une baisse de 700 millions d’euros des crédits alloués à l’APD. Mais au Sénat, le rapporteur général du budget, Jean-François Husson, propose d’aller encore plus loin en supprimant 200 millions supplémentaires.
Si ces arbitrages budgétaires étaient confirmés, l’APD verrait ses financements réduits de plus de 50 % en seulement deux ans. Déjà, la mission APD est la deuxième mission la plus amputée du PLF 2026 et ne représenterait plus que 0,6 % du budget de l’État.
Cette tendance s’inscrit dans un mouvement plus large de désengagement : en 2025, le budget avait déjà acté une diminution historique de 2,5 milliards d’euros. Au total, la solidarité internationale aurait perdu la moitié de ses ressources en un laps de temps extrêmement court.
Des impacts « immédiats et dévastateurs » sur le terrain
Pour Plan International France, les conséquences ne sont pas théoriques. Cinq projets ont déjà été affectés, faute de financements suffisants. Parmi eux, un programme d’éducation et de formation professionnelle dans le nord du Bénin, bénéficiant à plus de 2 500 enfants et jeunes ainsi qu’à 500 adultes, va devoir cesser.
Un autre projet majeur, consacré à la lutte contre le travail des enfants en Jordanie, pourrait quant à lui être interrompu dès 2026.
Au niveau national, le secteur de la solidarité internationale fait face à une hémorragie : 4 900 postes supprimés, 641 projets réduits ou stoppés, et 7,6 millions de personnes affectées dans le monde.
« Ce désengagement historique de la France fragilise directement les droits des filles et des jeunes femmes dans le monde, qui sont toujours les premières victimes des crises », déplore Anne Bideau, directrice générale de Plan International France.
Une contradiction avec les ambitions de la diplomatie féministe française
Ces coupes interviennent alors que la France a récemment dévoilé sa stratégie de diplomatie féministe. Une incohérence majeure, estime l’ONG, qui rappelle que la promotion des droits des filles et des jeunes femmes nécessite des moyens financiers solides et pérennes.
Plan International France exhorte ainsi les parlementaires à revenir immédiatement sur ces baisses, considérant que la solidarité internationale constitue un pilier indispensable de la défense de l’égalité de genre et de la protection des populations les plus vulnérables.
