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La tension monte dans le Doubs autour de l’avenir du troupeau de l’EARL Lhomme, menacé d’un abattage total après la détection d’un cas de DNC (dermatose nodulaire contagieuse) sur une vache pourtant vaccinée. Face à cette décision jugée « inadmissible » et « dangereuse », la Confédération paysanne de Côte-d’Or a décidé de renforcer la mobilisation initiée par ses homologues du Doubs et du Jura.
Ce mardi matin, plusieurs paysannes, paysans et citoyen·nes solidaires ont quitté la Côte-d’Or pour rejoindre le blocage organisé devant la ferme de Lhomme. Sur place, le groupe de manifestants – déjà épaulé par l’un des porte-parole nationaux de la Confédération – continue de grossir malgré les pressions exercées, selon le syndicat, par les services de l’État.
Un recours en urgence pour tenter d’éviter l’abattage
La Confédération paysanne indique qu’un référé-liberté a été déposé afin de demander l’annulation en urgence de la décision d’abattage. Une mesure jugée disproportionnée alors que seule une vache est concernée et que le troupeau est totalement vacciné depuis plus d’un mois, maintenu à l’isolement en pleine période hivernale, peu favorable aux insectes vecteurs de la maladie.
Le syndicat estime que « l’État persiste dans une gestion inhumaine et contre-productive » de la DNC, une maladie bovine non létale et sans danger pour l’homme. Il réclame une approche alternative et adaptée à ce qu’il qualifie de situation « inédite ».
Dans le Doubs, un ras-le-bol face à une gestion jugée incohérente
Dans un communiqué publié le 1er décembre, la Confédération paysanne du Doubs dénonce également l’entêtement des autorités et des organisations majoritaires de la profession (FDSEA, JA), accusées de « feindre la surprise » face à l’apparition d’un cas dans une zone pourtant vaccinée.
Après 106 foyers détectés au niveau national, le syndicat estime que les leçons n’ont pas été tirées :
« Stop à la politique de l’autruche », écrit-il, reprochant à l’État de privilégier la logique d’exportation au détriment de la réalité vécue par les éleveurs.
Les militants rappellent qu’une vaccination élargie dans le département aurait, selon eux, permis d’éviter les derniers foyers. La vache testée positive présente par ailleurs une nette amélioration clinique, ce qui renforce pour eux l’incohérence d’un abattage massif.
Un blocage qui s’organise « le temps qu’il faudra »
Faute d’avoir été entendue lors des réunions de crise et en chambre d’agriculture, la Confédération paysanne dit avoir franchi une nouvelle étape : « Le temps des discussions est terminé ».
Un protocole de suivi alternatif a été proposé lundi en préfecture pour éviter la suppression du troupeau, mais n’a pas été retenu.
Face au soutien affiché par la FDSEA et les JA à la décision d’abattage, le syndicat minoritaire appelle désormais à la mobilisation physique.
Dès ce mardi, il annonce sa présence « aujourd’hui, demain, après-demain, et le temps qu’il faudra » pour empêcher l’exécution de la mesure.
Un combat symbolique
Pour la Confédération paysanne, l’affaire dépasse le seul cas de l’EARL Lhomme :
- NON, « abattre un troupeau vacciné n’a pas de sens scientifique ni moral »
- OUI, « donner une chance aux éleveurs et élargir la vaccination »
Le syndicat assure qu’il restera au côté des éleveuses et éleveurs souhaitant s’opposer à la stratégie actuelle, qu’il juge destructrice et déconnectée du terrain.
